l'étiquette du viol sur le front
Par Olympe le 06/12/2012, 17:18 - Lien permanent
Arrêt sur image explique comment la journaliste de France 3 Caroline Sinz qui a été violée place Tahrir au Caire en novembre 2011, alors qu'elle effectuait un reportage, n'a pas pu évoquer librement à l'antenne ce qui lui été arrivé.
J'en retiens tout particulièrement cet argument "On ne voulait pas que tu aies l'étiquette "violée" sur le front" avancé par ses collègues pour justifier leurs réserves.
Dans leur idée il s'agissait de la protéger.
Mais dans cette phrase est contenue une autre réalité : avoir été violée est un déshonneur qu'il est préférable de cacher.
Oser le féminisme avait frappé juste avec son slogan "la honte doit changer de camp".
Tant qu'on considérera qu'il est préférable pour la victime d'un viol de ne pas exposer ce qu'elle a subi on cantonnera les femmes au silence.
C'était bien la démarche des 313 femmes qui ont signé avec Clémentine Autain un manifeste dans lequel elles déclarent avoir été violées , paru dans le Nouvel Obs du 22 novembre.








Commentaires
Moi ce qui m'a interpellé comme phrase, c'est le "on ne sait plus si c'est la journaliste ou la victime qui s'exprime". Qu'est-ce qu'il faut en déduire ? Evoquer une agression, ok, mais surtout pas sexuelle, ça, ça transforme illico la personne en créature toute d'émotions ? Elle a subit une agression sexuelle, pas une lobotomie frontale.
"nous avons été pris pour cible par des tireurs" -> le journaliste décrit les difficiles conditions du métier de grand reporter
"un samoan camé surgit de la salle de bain et me menace de son magnum 44" -> Hunter Tompson décrit une fois encore comment il transforme un reportage sur n'importe quel événement en une gigantesque étude sans protocole sur ce qu'un employé d'hotel est prêt à accepter comme foutrarqueries de la part de ses clients tant qu'ils ont des cartes de crédit.
"j'ai subit une agression sexuelle" -> la journaliste part en vrille et nous parle de son vagin, hou, danger, décrédibilisation, etc. etc.
Qu'en conclure sinon qu'aujourd'hui encore l'on considère que les histoires de femmes (IVG, agressions sexuelles, viols, etc), ça ne devrait surtout pas être évoqué publiquement et rester dans la sphère privée, la sphère du non-dit ? En Egypte, pour faire comprendre aux femmes qu'elles ne sont pas à leur place hors de chez elles, ont les agresse. En Europe, pour faire comprendre aux femmes qu'elles ne sont pas à leur place hors de chez elles, ont leur reproche de parler des agressions subies.
Bravo pour la pertinence du post et aussi du commentaire ci-dessus. Les femmes sont la "classe dangereuse", plus que jamais.
et que dire de ce témoignage dans l'excellent magazine "Causette" ?
Une personne rapporte les propos d'un co-voitureur : "Le viol, ça n'existe pas, car la femme prend toujours du plaisir, même si elle est forcée" !!