Billet de week-end

Même pour le billet de week end je suis en retard.

- à lire cet article sur RUE89 . L'interview d'un sociologue spécialiste des grandes fortunes. Voici ce qu'il dit au sujet des femmes

"La femme a un statut beaucoup plus enviable dans ces milieux-là parce qu'il y a du personnel domestique, mais aussi parce qu'elle a la responsabilité de la richesse sociale : on ne peut pas rester longtemps riche tout seul, il faut vraiment faire partie de la caste et du groupe.

Elle joue aussi un rôle important dans la richesse symbolique, que véhiculent le patronyme familial, le château, ou encore le corps : il y a de véritables corps de classes. Les gens riches ont des corps qui sont toujours fins, redressés. Ce n'est pas du tout anecdotique : les privilèges les plus arbitraires deviennent corps et du coup apparaissent naturels. Les dominés disent : « S'ils sont au pouvoir, c'est normal, on le voit qu'ils nous sont supérieurs, ils sont élégants. » Quand on dit d'une femme qu'elle a de la classe, ça veut dire qu'elle appartient à la classe supérieure."

- une vidéo qui buzze en Chine

- un blog décalé

- le sujet de Français du Brevet qui a fait réagir CC et l'Hérétique . Certes le texte était celui d'une femme : Colette, mais l'histoire plutôt stéréotypée. Une mère et ses enfants à la plage, le père qui arrive (il était où ? il se baignait dit l'une de mes filles, il était au travail dit l'autre) et symbolise d'emblée l'autorité. D'après CC qui a corrigé des copies les élèves ont été très nombreux "à faire du père un guelard qui crie sur sa femme" ou à juger qu'elle est une mère indigne."

et voici d'ailleurs ce que l'on trouve comme modèle de corrigé .

La mère apparaît incapable de dominer ses réactions : d’abord « enivrée », « halluciné[e] » par sa lecture, elle est « excédé[e] » par son fils, puis éprouve une violente émotion qui la fait ressembler davantage à un oiseau affolé qu’une femme. Sa colère d’avoir été inutilement dérangée est tout aussi passionnée. Au contraire, l’enfant est calme et posé, réfléchi. Il est sincère, ne cherche pas à s’amuser. Ainsi, nous pouvons assister à un renversement : c’est la mère qui se comporte comme un enfant, et son fils qui paraît endosser le rôle de l’adulte.

On n'est pas aidées quand même !

Commentaires

1. Le 04/07/2010, 22:13 par Le Journal de Chrys

Lecture et écoute des 2 premiers liens. Intéressants!!! Merci!

2. Le 05/07/2010, 08:06 par polluxe

Merci pour ces liens.

3. Le 05/07/2010, 10:21 par Suzanne

Que reprochez-vous à ce texte, compte tenu de l'année de son écriture?
Faudrait-il ne choisir dans les textes passés que ceux, passés à la moulinette de la Halde, qui ne comportent rien de ce qui est actuellement dénoncé comme raciste, sexiste, ou multiphobe?

"c’est la mère qui se comporte comme un enfant, et son fils qui paraît endosser le rôle de l’adulte."
Ce texte est très moderne en cela. Il suffit pour s'en convaincre de regarder une séance de publicité à la télévision. Succession sucrée jusuq'à l'écoeurement de clips pédolâtres, avec ces abominables gosses qui font la leçon à leurs parents "moi ma maman elle me donne des bonnes vitamines en m'achetant du Grastella, attention parents les antibiotiques c'est pas automatique, moi mon papa il m'achète la voiture la plus mieux pour moi avec deux lecteurs de DVD et une glacière à canettes sous le siège arrière".

4. Le 05/07/2010, 11:23 par Hypathie

La publicité Rexona : toute une époque ! "A vue de nez, il est 17 Heures !" Inoubliable.

5. Le 05/07/2010, 11:43 par Olympe

Suzanne j'ai 2 filles qui passaient le brevet. Endoctrinées par des parents féministes évidemment. et j en ai parle avec elles. Elles ne sont pas tombées dans les propos que décrit Cc mais elles ont quand même bien repris les cliches la mère garde les enfants le père fait autre chose et on recours a son autorité pour un différend mère fils. Normalement l éducation nationale est censée lutter contre les cliches sexistes il y a une convention de 2006 la dessus faudrait que je la ressorte.parmi tous les textes de Colette il devait y avoir moyen Den trouver un autre.

Parm

6. Le 05/07/2010, 11:44 par CC

Bonjour,
Oui, parmi les textes de Colette, il y en a des meilleurs.
Sans compter que ce texte poussait les élèves à dire, aussi, que la lecture, c'est le MAL ! Cautionné par l'Éducation Nationale, vous voyez le tableau !?

Par contre, pour cette phrase : "c’est la mère qui se comporte comme un enfant, et son fils qui paraît endosser le rôle de l’adulte." Je suis d'accord avec Suzanne. Terriblement moderne. Malheureusement.

7. Le 05/07/2010, 12:32 par Suzanne

"l éducation nationale est censée lutter contre les cliches sexistes"
Oui, mais pas en offrant à la lecture les seuls textes féministement corrects. On peut discuter des clichés, s'exercer à les reconnaître, analyser, commenter, mais pas en faire une option de filtre.

8. Le 05/07/2010, 12:36 par Suzanne

Olympe, pas d'accord sur le "on aurait pu en choisir d'autres". Dans ce cas, on choisit une description de paysage, et personne n'aura rien à objecter.

Allez à la plage, et regardez les familles. La différence de comportement entre le père et la mère ne vous saute pas aux yeux ? Le père emmène l'enfant dans l'eau, ou sur les rochers. Il gonfle le petit bateau, le porte. Il sort les raquettes, le ballon. Il fait le chateau de sable. La mère reste à l'ombre du parasol avec le plus petit. Presque toujours. Regardez. Pour une mère sur les rochers et un père avec le bébé, vous avez combien de situations inverses ? (je ne dis rien de plus, juste "regardez autour de vous")

S'il faut ne proposer à nos têtes blondes ( dont les garçons ont, pour la majorité, vu un film porno avant l'âge de douze ans) que des textes littéraires tellement féministement corrects quand ils décrivent une relation familiale que seules des féministes d'avant garde auraient pu les écrire, on tombe dans la littérature militante pour adolescents, ces collections pour ados patronnées et bénies par la Halde, c'est à dire du moins que rien, de la sous merde.

9. Le 05/07/2010, 13:21 par Lucie

La vie réelle est-elle pleine de clichés ou est-ce la littérature?

10. Le 05/07/2010, 14:02 par Thémis

@ Suzanne : je commente très rarement mais vos propos me font réagir. Vous allez sur quelles plages ?
parce que des papas qui jouent et font des chateaux de sable avec leurs enfants, moi j'ai jamais vu. Même s'ils sont seuls. On ne doit pas fréquenter les mêmes endroits je pense.

11. Le 05/07/2010, 14:27 par CC

Haaaaan ! Suzanne a dit "merde" ! ;)

12. Le 05/07/2010, 14:30 par Olympe

Suzanne je crois que je vais en faire un billet. C'est comme e Badinter qui dit que c'est pas la faute de la pub qui ne fait que refléter la société. Ce n est pas faux mais plutôt que de disserter sur l œuf et la poule je pense qu'il est incontournable de changer nos représentations.

13. Le 05/07/2010, 14:35 par CC

La publicité n'a aucun intérêt à changer les représentations de la société : l'intérêt est au contraire de se plier le mieux possible à ces représentations pour mieux vendre ou pour vendre au plus grand nombre...C'est un combat vain dans le monde libéral.

Par contre, à l'école, c'est différent. Si l'école n'est pas là pour présenter d'autres représentations aux enfants, alors personne ne le fera.

Mais quand l'école sera elle aussi privée et sponsorisée par le grand capital, elle non plus n'aura plus aucun intérêt à proposer d'autres représentations aux enfants.

14. Le 05/07/2010, 15:21 par Lucie

Je propose que l'éducation nationale lance un grand appel d'offres avec un cahier des charges rédigé par un Comité fédérateur d' associations "compétentes" et "représentatives"afin que soit écrit un corpus de romans sans cliché et à caractère éducatif , soucieux de la progression intellectuelle et psychique des élèves de la maternelle* à la terminale.

*je propose déjà d'inciter fortement , par circulaire et ce dès la rentrée, les enseignants à remplacer " Roule Galette" ( le vieux dit à la vieille : " tiens, la vieille, fais-nous donc une galette!) et" le loup et l'agneau" ( non, ça, c'est déjà fait!)

C'est une blague. Pitié !!!

15. Le 05/07/2010, 19:13 par Ajuga

Là j'avoue en perdre mon latin. N'importe quel texte est bon à étudier ETUDIER, pas apprendre par coeur.
réfléchir à partir de, apprendre à interpréter, à mettre en cause, à apprécier (au sens plein du terme).

16. Le 05/07/2010, 19:22 par Olympe

Sauf que la les élèves étaient seuls avec ce texte puisque c'était le jour de l'examen . Personne pour les accompagner dans leurs réflexions.

17. Le 05/07/2010, 19:47 par Suzanne

CC:
zut, je ne sais pas s'il faut un trait d'union entre sous et merde. Bon, mettons que moins que rien suffisait amplement. Et pour le dire mieux encore, "c'est à dire du moins que rien, dont je ne pense rien de bon".

18. Le 05/07/2010, 20:26 par Roadrunner

Le choix de ce texte est affligeant.
Il y a dans la littérature des textes qui font l'apologie du racisme, supporterait-on qu'ils soient sujets d'examen pour le Brevet ?
Ce texte confirme la place de la femme comme mère traditionnelle : mineure et subordonnée à l'autorité du mari, seul capable de remettre les choses à leur vraie place.
D'autant plus paradoxal que Colette était plutôt scandaleuse...
Quels collégiens avaient les connaissances pour mettre en parallèle le mariage de Colette et Willy et la vie qu'elle eut après son divorce, son refus, justement, de ce qu'elle décrit dans ce texte ?

19. Le 05/07/2010, 21:45 par chiara

J'allais répondre comme l'a fait Olympe en 16 : la situation d'un élève tout seul devant sa copie et celle d'un élève dans la classe n'est pas la même, dans la classe on peut creuser, réfléchir sur les stéréotypes... le jour de l'examen c'est plus difficile (et le sujet n'y poussait pas franchement non plus).
Je m'étonne d'autant plus que, pour avoir participé à des commissions de fabrication de sujets, on est en principe très attentifs à ce genre de choses, on ne doit pas par exemple choisir de textes qui peuvent "heurter la sensibilité des candidats" et pour ma part je fais en classe des textes que je ne donnerais jamais à un examen !!!
Pour l'anecdote mon inspectrice avait refusé un texte proposé par un collègue simplement parce que l'un des personnages, plutôt un personnage positif, FUMAIT !!! (c'est pas bien de sembler cautionner la clope)... les stéréotypes sur les femmes/les mères par contre, ne semblent pas avoir été relevés ici (je ne jette pas la pierre cela dit aux concepteurs du sujet, c'est un travail extrêmement complexe étant données toutes les contraintes)

20. Le 06/07/2010, 11:36 par Suzanne

"des papas qui jouent et font des chateaux de sable avec leurs enfants, moi j'ai jamais vu. Même s'ils sont seuls. On ne doit pas fréquenter les mêmes endroits je pense."
Thémis: je me gratte la tête (et en jouant du clavier, ce n'est pas facile) tellement je suis interloquée. Je vais sur des plages au bord de la mer en Bretagne sud, des plages avec des dunes et des rochers et des crabes et crevettes et bigorneaux sur les rochers, des plages normales, comme partout, où viennent des familles avec un parasol, de la crème solaire, des femmes , des hommes, des enfants, des adolescents qui regardent les filles et réajustent leur short de bain tellement large que ouf, on ne peut rien voir du tout, des filles de quinze ans sanglées dans des maillots de bain hypercouvrants à côté de leur mère de cinquante ans seins nus et brinqueballants, des marmots avec des sandales en plastique qu'on appelle des pieuvres dans les flaques des rochers, qui tirent sur les algues et font pschiiit sur les anémones de mer en éclatant de rire, des anglais écrevisse qui jouent au volley et pèlent sous leurs coups de soleil, des chiens désespérés attachés au parasol qui se mettent parfois à gratter furieusement et envoient des nuages de sable sur le téléobjectif du mateur de la serviette d'à côté, des cavaliers potelés avec une tétine dans la bouche qui talonnent les flancs d'un père-cheval ou d'un grand frère complaisant, bref des plages en été, quoi.

21. Le 06/07/2010, 19:36 par librellule

Je n'ai pas lu les coms et tâcherais de revenir.

"Les dominés disent"

Cessez vos fantasmes. les dominés ne se disent pas ce genre de choses.

Les dominés ont autre chose à penser
Les dominés se fichent du leur maintien et de l' élégance des dominants, surtout des dominants par l'argent et pas par l'intelligence.
Les dominés sont contre le fait d'être dominés par des imbéciles surtout
S'il n'y avait pas d'êtres pour se proclamer dominants, y-'aurait-il des dominés d'ailleurs?

J'aime assez les sociologues dans l'ensemble, mais s'ils en disent des âneries!

22. Le 06/07/2010, 19:39 par librellule

Parce que vous croyez vraiment que nous les envions?
La belle blague!

Nous voulons plus de justice et d'égalité, nous voulons du respect. Nous voulons pouvoir vivre dignement.

23. Le 07/07/2010, 03:58 par pandora bracelets

et pour ma part je fais en classe des textes que je ne donnerais jamais à un examen !!!

24. Le 10/07/2010, 20:42 par Stedransky

Ce texte de Colette ne posait pas problème en soi : mettre en scène la femme qui ne peut profiter de son roman sur la plage parce qu'elle doit gérer ses gosses, c'est en soi une bonne préparation aux vacances.
Pour ma part, c'est le questionnaire qui m'a choquée, car on ne propose à aucun moment aux élèves de comprendre la portée critique et ironique du texte - qui ne devait certes pas échapper à l'auteure.
Du coup, beaucoup d'élèves ont reproduit des scènes de violences familiales, avec père grossier, fils qui critique sa mère qui doit s'écraser, ou autres.
Mais certains élèves ont aussi fait l'éloge du droit à la paresse de la mère, elle qui accueille son mari en lui demandant où il était passé affirmant qu'elle avait le droit elle aussi à un peu de repos. Certains ont donc réussi à bien comprendre malgré tout !