Des livres sans sexisme pour les enfants

Les livres pour enfants reproduisent souvent les stéréotypes et les confortent.

Il y a déja longtemps que les études sur le sujet dénoncent cet étant de fait.

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En 2008 des chercheuses avaient montré que :

- Les personnages masculins sont toujours plus nombreux, 77,7 % des illustrations montrent un personnage masculin et seulement 48,9 % représentent un per- sonnage féminin. Même dans les représentations de foules, les personnages masculins prédominent.

Cette prédominance est encore plus importante dans les titres ou sur la couverture (qui est essentielle pour un enfant ne sachant pas encore lire). Deux tiers des titres n’évoquent qu’un personnage masculin.

-Les femmes, bien que moins souvent représentées, le sont beaucoup parmi les personnages de parents : les mères et grands-mères sont bien plus nombreuses que les pères et grands-pères, et elles s’occupent davantage des enfants. Les pères sont plus souvent impliqués dans des jeux et les mères dans les actions de la vie courante (nourrir, habiller, laver, coucher, promener...).

- Les mères exécutent bien plus de tâches ménagères et sont 20,8 % à porter un tablier, contre 3,2 % des pères. Pendant ce temps, les pères bricolent, jouent ou se reposent en lisant le journal, en écoutant la radio ou en regardant la télévision. Ils sont d’ailleurs 12,2 % à porter des lunettes (contre 1,5 % des mères).

- Les femmes travaillent moins à l’extérieur : 15 % des albums représentent une femme au travail, et 32 % un homme. En outre, le travail féminin est souvent dévalorisé dans les albums : les femmes au travail causent des catastrophes !

- Concernant les tâches domestiques des enfants, la différence est nettement moins marquée que pour les adultes, mais elle existe puisqu’un quart des filles contre 16,9 % des garçons ont des fonctions ménagères.

- Cinq « activités » sont davantage pratiquées par les filles : se pomponner, se déguiser, effectuer des tâches ménagères, se mettreen colère (sur un mode caprice), danser. Deux « activités » sont à dominante masculine : vivre des aventures et faire des bêtises.

- Les filles héroïnes sont rares et si elles se voient attribuer davantage de qualités intellectuelles, notamment la capacité d’entreprise et le courage, c’est surtout parce que ce sont des filles exceptionnelles

- Dans les fratries, l’aîné est beaucoup plus souvent un garçon, c’est donc lui qui commande ou prend les initiatives.

- Enfin, et c’est le genre de comportement qui nécessite une étude universitaire comme celle-ci pour être quantifié : les garçons reçoivent plus souvent des encouragements et des récompenses, tandis que les filles se voient plus souvent opposer des interdictions. Et même si les garçons sont plus souvent grondés par leur père, ils reçoivent moins d’interdictions.

Bref, rien ne sert de râler, le meilleur moyen pour changer les choses est d'acheter autre chose.

Pour cela un bon moyen est de vous en référer aux listes établies par des associations ou des experts, comme ces 2 listes qui viennent d'être publiée

L'une par le Centre Hubertine Auclert. 31 albums choisis par les bibliothécaires de Plaine Commune et Anne Rousseau, metteuse en scène de la Compagnie Sirènes, en partenariat avec le centre Hubertine Auclert.

Elle est ICI

L'autre par l'Atelier des merveilles dans la Drôme recense 92 albums pour bousculer les stéréotypes filles-garçons

Elle est ICI

Commentaires

1. Le 01/05/2013, 13:03 par Nicolas

Il y a un truc qui m'échappe : sur la photo pourquoi la petite fille est maquillée avec une moustache ?

2. Le 01/05/2013, 13:16 par eleoude

merci ! je cherchais justement ce type de liste pour les prochains livres de mes fils.

3. Le 01/05/2013, 14:39 par Morphea

Les contes et les histoires pour enfants représentent une première approche de la société pour eux, et il est important, si un jour on souhaite changer certaines mentalités, d'appuyer un peu l'idée d'une construction égalitaire de la société.
Merci pour la diffusion de ces listes !
C'est tellement rare que dès qu'on en a, il faut plonger dessus !

4. Le 01/05/2013, 15:46 par nathalie

Est ce que ce n'est pas surtout limité aux "albums" illustrés des plus jeunes ?
Parce que pour les romans destinés aux plus grands, j'ai l'impression au contraire qu'il y a une surreprésentation des héroïnes féminines, avec le personnage typique de la petite fille /ado "qu'on veut enfermer dans son rôle de fille mais qui insiste quand même pour être considérée comme un garçon, etc". Pensez à "Hunger games" !
Il y a aussi énormément d'auteurs femmes, et de séries destinées aux filles (Heartland, 4 filles et un jean...). Quand on cherche un livre pour un jeune garçon ça rend un peu perplexe...

5. Le 01/05/2013, 16:23 par chlop

A signaler aussi la bibliographie Lab-elle, qu'on peut trouver ici: http://www.lab-elle.org/ et qui recense 300 albums sans stéréotypes de genre.

6. Le 01/05/2013, 16:27 par Elisa

Mon petit garçon est très fier et content d'être un garçon il adore Zouk, la petite sorcière qui a du caractère, je pense qu'il s'identifie à elle car elle universelle, elle a des réactions d'enfants mais avec des pouvoirs de sorcière ce qui est jubilatoire. A chaque bêtise, elle promet de ne plus recommencer, jusqu'à la prochaine fois.....

7. Le 01/05/2013, 17:54 par Morphea

@ Natalie :

Au contraire, pour les jeunes garçons, il y a pléthore ! (même si, on peut aussi donner tout ça à des filles...) : les séries Animorphs (où chaque livre est raconté par l'un des personnages du groupe, ce qui arrive deux fois sur cinq), ou Alex Rider d'Horowitz, les livres de Christian Grenier (lisibles par tous, avec parfois des héroïnes fortes, comme Logicielle !)... jusqu'à Harry Potter, tout simplement !

Par ailleurs, je ne sais pas si ces séries "spéciales filles" comme "4 filles et un jean" par exemple ne sont pas l'occasion de véhiculer quelques clichés...

8. Le 01/05/2013, 18:22 par nathalie

Bien sûr, il y a des exemples. Il faudrait une étude comparable à celle qui a été faite sur les albums pour conclure.
Je connaissais Christian Grenier plutôt pour ses livres des années 90 (les romans jeunesse ne vieillissent pas toujours très bien); il est amusant (révélateur ?) de constater que pour ses dernières parutions (la série des Enquêtes de Logicielle) il a effectivement choisi une héroïne fille...
Les ados garçons lisent en moyenne peu et préfèrent les jeux vidéos (qui ont été dénoncés comme étant très stéréotypés, machistes, etc). Est ce que cibler un public "fille" est une stratégie commerciale ? Les garçons se détournent ils de la lecture parce que cela leur apparaît comme un univers féminin ?
Ce champ de réflexion est sans doute moins gratifiant : il est plus facile de contrôler soigneusement les lectures des tout-petits...

9. Le 01/05/2013, 19:12 par Kolia Karamazov

Dans Tintin, il n’y avait aucune femme, à part la Castafiore.
Ca c’était de la BD :-)

10. Le 01/05/2013, 20:53 par Barbara

Bonjour,
Sur le même thème, cette bibliographie publiée par 'ma' bibliothèque :
http://www.bibli-uccle.irisnet.be/I...

Quelques bonnes références, même si je trouve difficile de ne pas parfois verser dans les clichés inverses :-)

11. Le 02/05/2013, 15:18 par Javi

Indépendamment de la problématique fille/garçon, je trouve surtout que les livres pour enfants (pas forcément ceux là) sont souvent assez niais, débordent de bons sentiments, et que leur qualité littéraire en pâti parfois.

Mômes, nous avions eu dans la famille la chance d'avoir une grand-mère bibliothécaire qui nous (à mes cousines, frères et moi) a filé des bouquins "pour enfants" par Tournier, Ungerer, Bosco, Lioni, Gripari, and co. Alors OK, ce ne sont pas les mêmes âges qui sont visés (peut-être) mais tout de même...

12. Le 02/05/2013, 22:02 par Vanessa

La démarche est super et les choix intéressants, mais il y a quand même "Avec moi, c'est comme ça" qui est un vrai concentré de stéréotypes, alors je suis un peu étonnée...
Je me souviens, je l'avais exclu direct quand je l'avais reçu (je suis libraire jeunesse), tellement j'étais écœurée !