le féminisme n'est pas le même partout dans le monde

Dans Sciences Humaines,de décembre 2008, magazine dont je vous recommande vivement la lecture (on le trouve dans tous les kiosques), un article sur la perception différente du féminisme par les femmes des anciens pays communistes.

Les chercheuses féministes issues des Peco rappellent que "certains droits (droit de vote par exemple) avaient été accordés aux femmes beaucoup plus tôt qu’en Occident. Ou encore que des années de fausse démocratie et de domination idéologique pouvaient expliquer une certaine réticence à l’engagement public de leur part… Plus fondamentalement, ce sont les concepts mêmes du féminisme européen et américain qu’ont interrogés les chercheurs de l’Est. Si la famille est perçue, à l’Ouest, comme le lieu fondamental d’élaboration et de reproduction de la domination masculine, elle a pu dans les Peco « fonctionner comme un foyer de résistance devant l’imposition de l’idéologie », la solidarité entre hommes et femmes prenant le pas sur leurs antagonismes. "

Cela renvoie également au livre dont parle Mauvaise herbe (3 fois que je la cite en 15 jours) , écrit par une Marocaine il donne une vision de la situation de la femme au harem bien éloignée de celle que nous en avons.

Personne ne détient la vérité et pour que le féminisme touche un maximum de femmes il doit avant tout refuser d'être dogmatique.

Commentaires

1. Le 19/11/2008, 08:56 par marie laure

Rien à voir avec ton article mais voilà une information qui a de quoi nous faire boycotter les plats cuisinés "Marie".

Nous prenant pour des gourdes en mal de confidences "entre soi", la marque a créé un blog tout exprès pour nous gaver de ses petites pubs "tout en douceur" et au milieu de mielleux articles pseudo-féministes !!!

Découvert chez
http://feminin.over-blog.com/articl...
(dans widget femmes engagées : "blog au salon, à la cuisine, au bureau")

Tu as lu ?

2. Le 19/11/2008, 10:40 par mebahel

J'ai regardé en travers chez Mauvaise herbe (je relirai mieux ce soir) mais tout ce qui concerne le 'corset invisible' des femmes occidentales et leur dévoilement comme pendant de la même médaille de soumission au (désir) masculin qu'est le voilement a déjà été travaillé, manque de bol je ne sais plus par qui.

3. Le 19/11/2008, 12:18 par Lory

Je n'aime pas la fausse ingénuité dont me parait faire preuve Fatema Mernissi ou d'autres et qui selon moi a surtout pour but de faire croire que les femmes occidentales ne seraient ni plus libres ni plus émancipées que les femmes des pays musulmans, ce qui est un mensonge.

Le coup de la dictature de la taille 38, désolée, mais ça me fait franchement hausser les épaules. Je ne nie pas que le culte de la minceur existe en occident, mais on est moins obligée de le suivre que de se voiler dans les pays musulmans. La taille 38 obnubile sans doute davantage les mannequins et autres personnels féminins gravitant dans le monde de la mode ou du showbiz que les femmes ordinaires. Chacune tient sans doutes à sa ligne, et l’obésité est certes de plus en plus un problème dans les pays occidentaux et particulièrement aux USA, mais enfin ils n’en détiennent pas le monopole, à ce qu’il paraît 50% des femmes de New-Delhi sont abondamment en surpoids ; il est connu qu’en orient l’embonpoint est synonyme de richesse. Et que je sache et pour les mêmes raisons, la coutume d’engraisser les femmes en leur faisant ingurgiter des produits laitiers existait dans tout le maghreb encore au début du siècle dernier et reste en usage dans certains endroits de l’Afrique subsaharienne ; je me souviens avoir lu assez récemment un article à ce sujet sur les femmes de Cotonou.

Aux USA, où tout est normé, il est possible qu’il faille aller dans des magasins bien précis selon les tailles que l’on veut trouver. Mais ce n’est pas le cas en Europe, pas plus en France qu’en Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Hollande. Sans doutes trouver un 50 chez Pimkie ou ce genre de magasin pour jeunettes relève-t-il de l’impossible, mais n’importe où ailleurs on trouve les équivalents des standards XS, S, M, L, XL, XXL, soit 38, 40, 42, 44, 46, 48 (tailles françaises), plus où moins.

Ce qui nous dérange nous les femmes plus que la mode et ses diktats, qu'aprs tout on ne suit que si l'on en a envie, c’est plutôt les photos publicitaires qui utilisent notre image pour tout et n’importe quoi, des yaourts ou des bagnoles, des ordinateurs ou des poêles à frire.

Sans doutes fait-elle des remarques pertinentes, où qui pourraient être intéressantes parce que présentées par un regard non occidental, mais au milieu du fatras de sornettes et des poncifs provinciaux qu’elle débite, ça ne présente pas un grand intérêt. En outre, son histoire de Shéhérazade, c'est-à-dire une femme obligée de recourir à toute son intelligence pour ne pas se faire décapiter, comme le nec plus ultra de la liberté et de l’intellectualité féminine, ça me fait doucement sourire, je ne peux pas m’en empêcher. Je ne doute pas que certaines femmes des harems aient été de véritables conseillères de certains sultans ni qu’elles aient joué un réel rôle politique, mais en occident nous n’avons rien à en apprendre ; une Maintenon, une Pompadour, gouvernèrent plus que le roi. Quelle sultane eut jamais autant de pouvoir qu’Elisabeth Ière ou Catherine de Russie ? Seule la mythique Kahena fut une véritable reine, et un chef de guerre… en luttant contre les conquérants arabes et musulmans. Et selon le chroniqueur et historien Ibn Khaldoun, elle était juive ou chrétienne (chrétienne, je ne pense pas. Les chrétiennes des premiers siècles comptent beaucoup de martyres mais aucune femme d’action, la Kahena tient davantage d’une Judith).

Les harems. Inventés par les pharaons, ateliers royaux de filature. Usage oriental reprit par les grecs avec leur gynécée. Elle appelle ça « famille » que cet endroit de ségrégation des femmes ? Madame Mernissi est de mauvaise foi. « En Islam, la femme est considérée comme l’égale de l’homme » ose-t-elle dire. On se demande vraiment dans quel islam fantasmé elle voit ça. Pour connaître plutôt relativement bien, du moins pour une occidentale, le Maroc et l’Egypte, je n’ai franchement pas vérifié cet état de chose. Les européens, selon elle, ne veulent voir que les femmes soumises et maltraitées des dictatures extrémistes. Non pas, mais force est de constater qu’il n’y a guère de régimes relativement démocratiques dans les pays musulmans. Et ces femmes qui ont des places importantes dont elle parle, où sont elles, qui sont-elles ? Elle reproche aux occidentaux de n’en pas parler, mais n’en nomme aucune. Certes, les européens ne parlant guère arabe ne regardent pas Al Jazeera, mais ici on parle de tout, et s’il y avait pléthore de musulmanes députées, ministres ou chef d’entreprise dans les pays musulmans ça se saurait. Il y aura tout au plus quelques présentatrices télé accréditées...

4. Le 19/11/2008, 12:26 par mebahel

Lory: j'ai pas tout lu (comme je disais ci-haut) mais effectivement cette revendication d'intellectualité des femmes des harems etc me paraissait plutôt douteuse, et relèverait pour moi d'un syndrome de stockholm non assumé par l'auteure du bouquin.
Quant à l'embonpoint:effectivement, il est valorisé là et refusé ici: la morale de l'histoire c'est que dans les 2 cas c'est un standard corrélé au (désir) masculin porté à un niveau civilisationnel, toujours dans le cadre du masuclin est universel et le féminin spécifique:-)
Bon, humph humph, faut que j'arrête de causer sans avoir *vraiment* lu le texte, ça craingue!
Mais kesskevouvoulez, ça m'intéresse :-)

5. Le 19/11/2008, 14:44 par frieda l'écuyère

Je rejoins le point de vue d'Emelire, et aussi celui de Mehabel. Aucune civilisation n'a de leçon à donner concernant la place attribuée aux femmes, et aucune religion non plus. Il est, dans l'Islam, des femmes pour affirmer que le voile qui les soustrait au regard de l'homme (qui est vu comme une sorte de bête sauvage, l'homme, tout livré qu'il est à ses bas instincts bestiaux), ce voile, donc, serait une liberté. Ce que, de mon point de vue d'Occidentale athée, je ne peux concevoir, sans pour autant être dogmatique.

PS : concernant les jouets, il existe au moins un petit garçon d'Amsterdam qui adore sa maison de poupées. A voir ce jour sur mon blog.

6. Le 19/11/2008, 14:47 par frieda l'écuyère

Mebahel, pardon. J'ai le clavier qui fourche.

7. Le 19/11/2008, 20:49 par olympe

Merci Lory pour ton apport vraiment tu complet. J'ai acheté le livre mais je ne l'ai pas encore lu, pour l'instant je ne peux donc que renvoyer à ce qu'en a écrit Mauvaise herbe.
ce qui m'a intéressé dans l'article de Sciences humaines c'est le fait que les chercheuses des Pays de l'Est ont contesté l'analyse de la situation de la femme qu'en faisait des occidentales (enfin des plus occidentales qu'elles).parceque la grille de lecture d'ici n'est pas forcément valable là bas.et comme je venais de lire le billet de Mauvaise herbe j'ai fait le parallèle.

Mais vous avez raison il faut rester prudente parceque c'est par exemple sous prétexte de respect du regard local qu'on arrive à justifier l'excision.

j'en reparle quand j'aurais lu le livre.

8. Le 20/11/2008, 15:15 par Lory

Toujours à propos de Fatema Mernissi, cette interview au sujet de son bouquin:
http://www.minorites.org/article.ph...
qui me semble tout de meme explicite...