Femmes et travail. Nous avons progressé depuis 1967.
Par Olympe le jeudi 4 décembre 2008, 21:18 - Lien permanent
Dans Travail et Sécurité la revue de l'INRS
(oui je lis ça !) extrait d'une conférence du professeur Soutoul, gynécologue
accoucheur, lors de la journée d'étude de médecine du travail du Val de Loire
le 10 avril 1967. Comme le précise une chercheuse ce texte n'a étonné personne
à l'époque
On mesure en le lisant combien la vision des femmes au travail a progressé en 40 ans. Même si il reste du chemin.
Je reviendrai sur le dossier de cette revue intitulé " la prévention s'adapte à la féminisation des métiers"
Voici donc ce qu'il était possible de dire en 1967:
"Pour les employeurs la femme présente 2 qualités maintenant classiques qui expliquent sa réussite dans certaines activités : une résistance à la monotonie du travail à la chaine; un goût et un sens de l'esthétisme congénitaux qui la font rechercher dans les professions touchant la décoration, la couture, l'entretien ou la recherche de la beauté corporelle féminine ou masculine.
Par contre, 2 défauts, constitutionnels eux-aussi déprécient parfois cette main d'œuvre féminine : il s'agit de l'instabilité caractérielle souvent en rapport avec des irrégularités dans la force physique; et un absentéisme qui est,lui aussi, très justement lié à des causes d'obstétricales ou à des problèmes gynécologiques préoccupants pour le médecin du travail.Face à l'homme, la femme est manifestement diminuée et tarée devant le travail..."
Commentaires
Et avec ces tares elle osait travailler quand même ! gonflée....
"un goût et un sens de l'esthétisme congénitaux",
"absentéisme" lié "à à des causes d'obstétricales ou à des problèmes gynécologiques préoccupants pour le médecin du travail",
"la femme est manifestement diminuée et tarée devant le travail" !!!
Et ce texte n'a que 40 ans...
Heureusement que ça a un peu changé, ça me permet de pouvoir bien rire à la lecture de ces phrases !!!
Mais comme tu dis il reste encore du chemin...
Dans le genre je t'envoie par mail un texte extrait d'un livre intitulé "household economy handbook" à l'attention des femmes, c'est en anglais j'espère que tu le comprends...
Shane c'est vraiment gentil. je ne suis pas super forte en anglais :-( mais je vais essayer de le lire
Je suis moi-même médecin du travail et je découvre avec horreur ce que l'on osait écrire il y a seulement 40 ans, dans une revue que je lis assez souvent!
Mon sentiment est double: heureuse de constater à quel point les choses ont changé et terrifiée à l'idée que l'on écrivait cela quant j'étais petite, de mon vivant!!!
Toujours rester vigilant(e)s..!
Agnès si tu lis cette revue tu as du voir le dossier dans le dernier N°. Tu es certainement plus compétente que moi pour le commenter car il y a des choses vraiment intéressantes sur les pathologies spécifiques des femmes.
Utopie ???
Au risque de choquer (la barbe, avec le politiquement correct!), je suis désormais persuadée que l'égalité des femmes avec les hommes passe par la RECONNAISSANCE ECONOMIQUE du travail des femmes au foyer.
Pourquoi est-il méprisé? Parce que la société estime qu'il ne rapporte rien.
Mère de famille (2 enfants), ayant exercé une activité professionnelle toute ma vie (carrière réussie et sans accroc), c'est maintenant, récemment à la retraite, que je réalise vraiment ce qu'il représente de qualités pratiques et de gestion, d'intelligence sous toutes ses formes, sans compter la responsabilité de l'éducation des enfants, question-clé pour la société.
Il FAUT trouver le moyen de le rémunérer, et pas par une aumône : tout couple aura alors à un vrai choix : qui, en fonction des circonstances, travaillera à la maison et qui le fera à l'extérieur? En outre, le cumul des 2 tâches devrait être reconnu pour l'un ou l'autre.
Alors seulement, les femmes pourront accéder, sans frein inconscient (je l'ai moi-même ressenti) et selon leurs capacités, à toutes les fonctions et emplois qu'elles souhaitent, sans avoir recours à des lois protectrices (type discrimination positive pour obtenir la parité) : toute protection se paie - et cher!
Il y a des progrès, c'est indéniable, mais dans l'ensemble on voit bien que le prix de la réussite pour les femmes est bien lourd : elles ont soit dû "renoncer" (d'une manière ou d'une autre) à foyer et enfants, soit appartiennent à un milieu socio-économique supérieur qui leur permet de payer les services à la maison ...
Et si tout cela n'était, finalement, qu'une question d'argent ?
Suite - et illustration - de ce que j'écrivais le 9 décembre dernier : le retour au travail du garde des Sceaux 5 jours après son accouchement par césarienne.
Certes, sa fonction ( librement choisie ) lui impose de ne pas s'éloigner trop longtemps (qui va à la chasse...).
Certes, elle jouit d'une excellente santé : sa grossesse a visiblement été facile et sa capacité de récupération spectaculaire.
Mais surtout, dans quel contexte tout ceci se passe-t-il ? Peut-on comparer sa vie quotidienne avec celle de la femme ordinaire ? Non. Je gage qu'elle est dégagée de tout souci et tâche matériels, ce qui permet bien des exploits!
On peut également se demander si justement ses choix de carrière ne lui avaient pas interdit jusqu'à aujourd'hui d'avoir un enfant ?... Retour à la case départ : seules des conditions matérielles vraiment facilitées permettent aux femmes de se consacrer - et donc d'accéder - aux postes de responsabilité quels qu'ils soient. De cela, je suis convaincue.
Adaxala, je suis aussi convaincue que les conditions matérielles sontimportantes. une autre chose l'est encore plus c'est, lorsq'il est présent, le partage avec le père
Chère Olympe,
Bien sûr, il n'est pas question dans mon esprit de "réserver" les tâches ménagères à la femme, loin de là! Mais dans un pays (et je suis certaine qu'il y a pire ailleurs!) où les violences conjugales - parfois jusqu'au meurtre - sont constatées tous les jours, il ne faut pas rêver, ni se borner, je crois, à compter sur le bon vouloir de ces messieurs!!!
Je suis convaincue qu'il FAUT trouver un moyen légal de reconnaître économiquement la fonction de gestion matérielle et éducative pour le parent (père ou mère) qui en assume la charge.
Cela n'est certainement pas simple, et nécessite beaucoup de réflexion, mais je crois qu'on ne s'en sortira pas autrement.
Courage, les filles!