Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts a été interviewée par Jean-Pierre Elkabbach. Interview qui a fait un peu de bruit surtout parcequ'il y a été question de ses vacances aux Maldives.

Personnellement je ne la défendrai pas sur ce point, quand on est en campagne électorale il importe de tout prendre en compte et les politiques savent que désormais le moindre de leur geste, la moindre de leur parole peuvent être rapportés.

Elle a été beaucoup critiqué pour cet interview, c'est évidemment le jeu politique et certains sont bien contents de pouvoir taper sur une concurrente.

Pourtant il est des façons de faire qui ne sont utilisées qu'avec les femmes.

Regardez et écoutez cet entretien. J'ai aussi, pour comparer, écouté l'interview de Brice Hortefeux par le même journaliste. Il y a clairement 2 poids 2 mesures, certes Jean Pierre Elkabbach a une proximité politique avec B Hortefeux qui l'incite a le ménager bien davantage que Cécile Duflot qu'il cherche à déstabiliser.

Mais je ne suis pas sûre qu'il oserait en faire autant avec un homme (qu'on me montre les vidéos dans ce cas).

- d'emblée au lieu du ton professionnel et sérieux qu'il utilise avec Brice Hortefeux il lui parle sur un ton de connivence moqueur , il est faussement compatissant en lui demandant si la réaction des internautes ne l'a pas affectée (parcequ'une femme ça s'affecte facilement c'est bien connu), et très condescendant de façon générale.

- il l'interroge longuement sur sa vie privée. Admettons que la question des vacances aux Maldives soit politique, mais il en rajoute sur son voyage à Copenhague et il va jusqu'à lui parler du nombre d'enfants qu'elle a eu. Depuis quand pose-t-on cette question aux personnalités politiques ?

- il lui pose cette question incroyable "vous vous imaginez Présidente de la région Ile de France ?", ben oui Coco elle s'imagine ! sinon elle ferait autre chose. Mais ce genre de question insidieuse est tout à fait propre à jeter le doute chez les auditeurs, ce que Brigitte Grésy* appelle de "la déligitimation subtile"* il n'est pas question de savoir si le programme d'Europe Ecologie leur parait le meilleur, il est question de douter de l'envergure de la personne pourtant choisie par son parti donc légitime .

- il lui demande pourquoi elle est sévère ou méchante avec le PS. Parceque c'est bien connu les hommes femmes politiques sont méchantes. Les hommes eux sont durs ou féroces et solides dans l'adversité.

- et pour finir, dès que la conversation aborde un sujet de fond : la taxe carbone, il lui coupe la parole à plusieurs reprises ce qui fait qu'on a bien du mal à comprendre sa position.

et la jeune femme fait ce que font souvent les femmes et c'est dans ce cas une erreur : elle se justifie.

Elle se laisse piéger par les questions privées et en rajoute même : des vacances dont elle rêvait, une surprise de son amoureux etc..elle prend la peine de réexpliquer en détail comment elle s'est rendu à Copenhague.

Une fois n'est pas coutume mais je ne suis pas loin de penser comme Aimée Joubert et ce macho de Marc Cohen que" la seule réponse digne aurait été de demander à son intervieweur si lui-même passait toutes ses vacances dans le Pas-de-Calais et quelle était la couleur de son slip."

Résultat : les vrais questions, Copenhague, la taxe carbone, le projet pour la région Ile de France sont passés à la trappe.


Après ça, il se trouve des journalistes pour s'engouffrer dans la brèche. Le pire se trouvant, comme c'est souvent le cas, sur Le Post.

Un billet de Bruno Roger-Petit d'un machisme primaire qui a un peu buzzé.

Le titre déja "Cécile Duflot : quand Zézette épouse X veut présider la région Ile de France".

Passons sur le Zézette en admettant que les hommes aussi ont droit à des diminutif peu valorisants . Le épouse X me fait évidemment bondir, moi qui ait fait un billet il y a quelques jours sur mes difficultés à me débarasser de ce nom d'épouse qui n'est pas le mien. Indécent qu'en 2010 on puisse oser une telle déligitimation d'une candidature féminine.

Et les conclusions de l'article la rabaisse avec des arguments classiquement utilisés pour rabaisser les femmes.

- "Elle affiche un niveau de culture générale semblable à celui de Félix" (toujours le doute sur la compétence et les capacités intellectuelle des femmes alors que Cécile Duflot est diplomée de l'ESSEC et titulaire d'un DEA de Géographie).

- Elle "ambitionne des congés payés pour secrétaire de direction inculte sur une plage de rêve comme Thérèse", secrétaire de direction ! une place qui pour BRP convient certainement mieux aux femmes

- elle "arbore la même permanente troublée que Katia", parceque comme le dit Brigitte Grésy les femmes au lieu de les écouter on les regarde.

Alors quand je constate que cet article a pas mal circulé sur twitter sans que personne relève ce qu'il avait de scandaleusement sexiste, je me dis qu'on n' est pas au bout de nos peines.

Brigitte Gresy . petit traité contre le sexisme ordinaire.