Le magazine Management, qui depuis des années ne met en couverture quasiment que des hommes, s’interesserait donc enfin aux femmes avec un dossier spécial dans le numéro de septembre?

Le titre en est même un brin provocateur «les femmes meilleures que les hommes».

L’introduction annonce qu’il s’agit de se démarquer des poncifs habituels qui voudraient que les hommes ne sachent pas ranger et que les femmes soient incapables de lire une carte routière. Les entreprises ont besoin des femmes, une étude ayant d’ailleurs démontré que les entreprises qui avaient le plus de femmes dans leurs comités de directions étaient aussi les plus performantes.

La lecture des articles m’a cependant vite fait déchanter. Rien de scientifique dedans, ils sont constitués, comme c’est le cas dans ce type de magazine à partir de témoignages, d’observations et d’un cas particulier il est fait une généralité.

Le titre du 1er article incite déjà à la prudence «elles ont le sens du détail et respectent les délais», pas vraiment me semble-t-il le genre de critères sur lesquels sont sélectionnés les dirigeants.

On y apprend que les femmes sont davantage multitâches, à l’appui une étude universitaire apparemment sérieuse.

Qu'elles sont concrètes et méticuleuses, et peuvent passer du général au particulier. C’est Elena Foures fondatrice d’un cabinet de consultant (je suppose) qui l’affirme . Aucune preuve de ce qui est avancé donc .

Qu'elles bossent leurs dossiers, puisque Lionel, DG d’une structure d’animation loue sa responsable administrative et financière pour sa maitrise technique des dossiers . Lui, par contre avoue bien volontiers que les détails l’ennuient il préfère aborder les sujets sous un angle plus politique. (pratique le partage des taches !)

Qu'elles travaillent plus régulièreent que les hommes qui procrastinent et s’y mettennt au dernier moment. Mais là encore aucune étude pour savoir d’où vient cette soi disant vérité (et si il en existe une je veux bien qu’on me la montre).

Mais, car il y a un mais, figurez vous que toutes ces qualités comportent un revers. Toujours sans aucune preuve, on y apprend que les hommes «plus familiers avec le stress et l’urgence, (…) sont moins déstabilisés par les changements de dernières minutes".

Conclusion qui s’impose d'elle-même, sans être écrite bien entendu : les entreprises ont besoins des femmes qui sont multitaches, méticuleuses et consciencieuses, qui connaissent par cœur leur dossier et savent s’organiser pour ne pas tout faire au dernier moment, et des hommes qui eux procrastinent les malheureux et ne s’intéressent pas aux détails mais abordent les sujets d’un point de vue stratégique et politique ne se laissant pas déstabiliser aussi facilement qu'elles.

Après de tels portraits auquel croyez vous qu’échera le poste de dirigeant? et celui d’assistantE?

Sous prétexte de mettre en avant les femmes cet article se contentent en fait de décrire ce que tout un chacun peut observer dans la réalité : les femmes à des postes de gestion du quotidien et les hommes dans la stratégie et la créativité.

Il ne fait que reproduire, et donc renforcer, les stéréotypes les plus courants sur la façon dont sont censés fonctionner hommes et femmes au travail.

On peut noter que ces stéréotypes sont dans la continuité de ceux qui sont appliqués aux enfants à l’école. Ils sont connus et on fait l’objet d’études sérieuses : on attribue la réussite des filles à leur travail et à leur conformisme (les filles "font ce qu'elles peuvent"), quand celle des garçons est attribuée préférentiellement à leurs capacités intellectuelles. Les garçons sont souvent considérés comme "sous-réalisateurs" (ils ont des moyens mais ne travaillent pas assez, ils "ne font pas tout ce qu'ils peuvent").

Comme dirait Manu, "on n’est pas sorties des ronces".Et pour une critique de l'ensemble des articles vous pouvez voir ce qu'en dit Marlène

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