Etude quantitative des images dans la presse jeunesse
Par Olympe le dimanche 14 février 2010, 10:00 - Lien permanent
Le masculin y apparait comme le neutre universel et le féminin comme une minorité.
Cela rejoint la longue discussion sous un billet précédent à propos des règles grammaticales. Le neutre n'est pas neutre.
Entretien avec Sylvie Cromer maitre de conférence en sociologie à l'Université Lille 3
Commentaires
intéressante vidéo et femme tout aussi intéressante, merci olympe...c'est pour cela qu'il faut dés l'enfance éduquer aux discriminations, quelques éditeurs font de la littérature jeunesse engagée mais pas assez encore...
on peut lier à ce qu'elle dit les réactions au film "le baiser de la lune ", dés qu'on veut changer certains outils d'éducations on sent de grosses réticences injustifiées.
eh oui, c'est là que tout commence ! Gros boulot à faire dès le plus jeune âge... Dans mon bahut, des 6ème ont fait ça pour des enfants de l'école maternelle voisine :http://www.saintpierre-express.fr/f...
Amicalement,
Ayant deux aînés garçons, je ne m'étais pas préoccupée de la question du genre dans la littérature jeunesse. Pour ma louloute de deux ans, j'ai commencé à chercher des albums avec des personnages féminins... Eh bien, ils sont peu nombreux! A part Emilie, Martine et Juliette, les libraires ne m'ont pas proposé grand-chose. Louloute lit donc les aventures de Tchoupi, Félix, Léo et Popi, Juju et Papoum, Petit Ours Brun, Trotro et j'en passe. Et en effet, maman passe l'aspirateur et cuisine tandis que papa lit son journal dans son fauteuil dans nombre de récits jeunesse... Si,si. Les éditeurs font des efforts mais pour les enfants plus âgés. Heureusement, il y a Claude Ponti et sa géniale Liliprune!
J'en parlais il y a peu avec des collègues : la série des Harry Potter ! un magnifique sexisme rampant, qui ne fait qu'augmenter au fur et à mesure des épisodes. Très "bien pensant" et socialement droite anglaise.
le garçon qui ne supporte pas que sa sœur sorte avec un mec, alors qu'il ne se gène pas... et qui va jusqu'à "tolérer" que le héros (Harry) embrasse la-dite soeur (mais pas trop). Et qui transmet le message, en trouvant ça tout naturel ? ben c'est Hermione, pardi.
Ce qui m'étonne le plus c'est que mes collègues ne se rendent pas compte que c'est du formatage social, et m'explique que c'est juste des histoires et que j'exagère.
des modèles qui changent un peu aux éditions Talents Hauts : "Des albums pour les filles que tous les garçons devraient lire et inversement" ! http://www.talentshauts.fr/ (les filles ont adoré "Quand Lulu sera grande" ou "La princesse et le dragon"...)
@ ajuga: ladite soeur qui finit par être joueuse de quidditch professionnelle (!)
Harry Potter est sans doute assez traditionnel à certains égards, mais pas gravement sexiste non plus. En plus, on sent bien que la société dans laquelle les personnages évoluent n'est pas contemporaine. Des adolescents qui, lorsqu'ils s'encanaillent, boivent un peu de bière et se roulent des patins, ça fait années 50...
Les livres des éditions Talents hauts sont effectivement supers.
Pour mon fils auquel je ne veux pas transmettre le fait que le masculin est le neutre justement, j'essaie également de lui trouver des livres avec des héroïnes féminines. Il y a une série qui s'appelle "mademoiselle Zazie" qui est très sympa. Mais c'est vrai que les "livres pour filles" type Martine ou autre sont plus souvent des vecteurs pour faire rentrer les petites filles dans le moule (gentilles, coquettes, bonnes ménagères/cuisinières etc.)
Perso quand j'étais gamine ça m'énervait de voir que dans quasiment tous les livres, quand il y avait une famille de trois enfants, ou un groupe de trois copains, c'était toujours 2 garçons et une fille... Si j'en avais conscience à cet âge là, c'est que ça devait être vraiment sytématique !
Il me semble que dans "la Pensée straight", Monique Wittig a déjà expliqué tout cela de façon absolument magistrale avec des textes de 1980 et 1985 ! La langue française n'a pas de genre neutre contrairement à l'anglais (it), et puisque le neutre est indispensable, c'est le masculin qui exprime le neutre, c-a-d l'universel. Le langage est donc piégé. Cela induit tout le reste. Je recommande la lecture de The straight mind et Opoponax de Wittig : utilisation dans la narration du pronom indéfini "on", plus Les Guérillères où elle tente le féminin neutre. Et c'est magnifique.
@ Ajuga
Tu devrais écrire. La démocratie, c'est la diversité de l'offre des formatages.
Bonjour Olympe !
D'abord, merci pour ce blog, qui est une vrai source d'infos et de débats fertiles.
France Inter a fait une émission aujourd'hui sur les métiers de femmes faits par des hommes, dont le métier de "femme de ménage", une boite surfe sur le concept : http://homme-de-menage.fr/
Je suis curieuse de savoir ce que tu en penses...
D'abord, je suis auteur de livres pour la jeunesse, et je peux dire une chose : c'est un tissu d'âneries que j'entends. Parce que la littérature jeunesse est loin d'être aussi caricaturale, pour la simple raison que cette statistique ne tient t aucunement compte du fait que toutes les maisons ne sont pas pareilles, que la littérature jeunesse n'est pas là pour "cliver", c' qui est une grosse ânerie. Je vous rappelle que la littérature jeunesse ne fait de toute façon que refléter la mentalité générale d'une société et qu'elle ne construit pas cette mentalité.
Pour revenir au début de l'affaire, il est bien évident que lorsque vous allez chercher vos livres dans certaines maisons d'édition bien typées, il faut bien dire que la faute revient à l'acheteur. Chez Bayard, en général, vous risquez plus de tomber sur des livres formatés dans un sens spécifique. Faut-il rappeler que c'est une maison catholique avec une philosophie éditoriale ?
Bon, ces discussions sont agaçantes parce qu'elles présupposent une morale générale alors que c'est juste une volonté dit doit être maintenue et impulsée sans arrêt. Le genre "procès de Moscou" est insupportable, comme si ces personnes ne pouvaient pas comprendre que la société n'est pas uniforme.
Un petit truc encore : la majorité des éditeurs pour la jeunesse sont des femmes. Je peux en fournir la liste pour vérification. Il y a énormément d'illustratrices et d'auteures et il est quand même curieux de constater que vous vous servez toujours des mêmes vieilles lunes pour contester une littérature qu'apparemment vous ne connaissez pas ou seulement par les mauvais livres vendus dans les supermarchés.
Je suis et j'étais un grand lecteur de Alice au Pays des Merveilles.
J'ai suivi passionnément les aventures de Fifi Brindacier.
Je me fichais complètement de savoir que Fifi était une fille. Vous pensez vraiment que le processus d'identification est sexué.
Quand je lisais les aventures d'Alice dans la Bibliothèque Verte, je me préoccupais de ça ?
C'est ridicule. D'ailleurs, je suis persuadé qu'un livre lu par une fille, et même représentant un garçon, est autant lien avec elle-même... Son identification ne passe pas par là. C'est idiot. Ce qui veut dire qu'elle fait siens les comportements du garçon, donc elle sort de son carcan d'identification au féminin.
Cela, je le vérifie à chaque fois que je vais dans une classe.
Garçons et filles se fichent de ça. Ils lisent et s'identifient au personnage. C'est une affaire d'adultes, cette histoire.
Et puis, une conviction, si vous en êtes encore à acheter des livres qui représentent cette famille tant "détestée", c'est que vous achetez de mauvais livres et que vous achetez des livres pour de mauvaises raisons. Le livre même jeunesse, n'est pas formateur dans ce sens-là, pas dans cette optique bornée que cette dame met en avant. Pour ce genre d'éducation, il y a les parents et les profs (souvent des femmes aussi d'ailleurs).
Martine ! Julie ! Martine a été créée en 1952 ou 3 !!! Réveillez-vous, bon sang !!!
l'image que voient le plus les enfants entre la creche et le lycée, la personne qui les éduque le plus hors de la famille , c'est leur enseignant , statistiquement de manière extrêmement majoritaire, une femme. Je demande solennellement un rééquilibrage (humour)
Laetitia, elle a l'air sympa cette fresque. je vais aller la lire en détail/
Ajuga, le sexisme dans Harry Potter ne m'a pas frappée. mais on est tellement habitué.. c'est vrai que les héros principaux Harry, Voldemort, Dumbledort.. sont de sexe masculin et le partage des taches assez classiques. les filles ne sont cependant pas réduites aux rôles de potiches ou de faire valoir comme c'est souvent le cas
Liselei, il y a le lab elle labelle. je referrai un billet prochainement
Estelle, oui je connais et ils avaient commenté mon dernier billet sur le sujet. leur blog est resté inactif pendant assez longtemps et je n'ai pas assez de recul pour voir si ils ont une réelle volonté ou si c'est juste un coup de pub. en tout cas c'est plutôt bien que les médias en parlent au moins ça questionne
Hypathie, bien sur tout a déja été dit, mais vu la vitesse à laquelle les choses avancent on va pouvoir le répéter encore quelque temps
mon chien aussi, cette personne est sociologue il y a donc de bonnes raisons d'accorder du crédit à ce qu'elle dit. elle parle bien d'une étude quantitative avec mesure des images filles/garçons etc.
qu'il existe d'autres livres c'est certain, mais ce ne sont pas ceux qui sont mis en avant à la FNAc (voir un précédent billet la dessus). Les parents ne se posent pas tous des questions (et si les Martine ont autant de succés aujourd'hui c'est parceque les mères achètent ce qu'elles ont elles mêmes connues), mais ceux qui s'en posent ont apparemment du mal à trouver des livres ou les filles et les garçons sont traités avec égalité et sans stéréotypes.
et si vous êtes en contact avec des enfants je ne comprends pas que vous puissiez dire que l'identification n'est pas sexuée. Bien sur qu'elle l'est et dès à un age très petit.
Pat, je suis tout à fait d'accord, mais là on relance un autre débat sur le fait que des parents préfèrent que leurs enfants ne soient pas en contact avec des hommes qu'ils ne connaissent pas vraiment (car peur des pédophiles).