"les tenantes des courants post-gender qui prônent une dé construction
totale des genres."
C'est le type de projet politique qui vous oblige à convenir que - tout bien
considéré - Rael et le Pape ont les pieds bien ancrés sur terre et doivent être
classés parmi les théoriciens réalistes.
L'ère actuelle du féminisme est au féminisme essentialiste qui a démarré sa
croisade à la fin des années 80. C'est un féminisme de droite prôné par une
côterie de femmes privilégiées professionnellement et socialement et qui
voudraient imposer leur vision naturaliste et essentialiste du monde à
toutes.
Sauf que, c'est comme faire rentrer un concept rond dans un espace carré, ça
passe pas.
L'identité essentialiste et naturaliste n'étant que la maternité (à croire
qu'une femme n'est qu'une mère), si pour les femmes privilégiées, c'est une
préoccupation essentielle, chez les femmes avec des niveaux de vies modestes
(la majorité des françaises), il s'agit déjà de survivre économiquement.
Donc l'égalité des sexes n'a rien d'un détail dans leur vie.
Et elles voient à quel point l'argument de la crise économique a fait ressurgir
des inégalités et des situations d'oppression et de précarité d'une période
qu'on croyait révolue.
Quant aux libertés obtenues par les aînées égalitaristes, elles sont bien
fragiles et de plus en plus menacées et par des gouvernements réacs et par la
crise économique persistante (Planning familial menacé de disparition, accès à
l'IVG de plus en plus difficiles, soins de santé de plus en plus chers et
déremboursés, baisse du nombre de gynécos donc difficulté de mettre en place un
suivi gynéco, accès de plus en plus compliqué à un congé maternité,
précarisation de tous les secteurs d'activité donc difficulté d'avoir un job
stable et un salaire correct, chômage régulier, impossibilité de retrouver
après 45 ans un job pour bien des femmes).
D'où la nécessité de reprendre un combat égalitariste. Qui a été le seul
mouvement féministe à pouvoir obtenir des droits à toutes les femmes.
Muse, je ne suis pas d'accord avec l'idée que le féministe essentialiste est
de droite. C'est l'une des théories fumeuse de Badinter qui va même jusqu'à le
raccrocher aux "cathos réactionnaires".
Défendre que les femmes ne peuvent pas s'épanouir ailleurs que dans le travail
c'est aussi aller dans le sens du travailler plus pour gagner plus.
Il faut distinguer l'autonomie financière qui est fondamentale et exige donc
que les femmes travaillent et le désir d'avoir des enfants et de s'en occuper
bien
Parler de prétendu "post-féminisme" est anti-féministe.
En fait le féminisme continue, preuves en sont entre autres les nouveaux
groupes féministes comme la Barbe ou Osez le féminisme.
La gent féminine est à l'honneur ces temps-ci chez Sciences humaines. Le
mois dernier, déjà, c'est le visage de la Femme qui occupait la couverture,
pour illustrer le thème du dossier: la soumission.
Ca colle assez bien avec le contenu de ma stéréotypothèque. Et puis il
valait mieux garder Frédéric Lefèbvre pour le jour où ils feront un dossier sur
la servilité.
Tu connaitrais ma femme, tu ne parlerais plus de femme-sujet ! Ici, elle a
complétement pris la main sur sa personnalité et son intégration dans la
société est exemplaire. Il n'y a pas que des femmes "soumises". Et c'est ce qui
fait que, de plus en plus, elles se libèrent.
Complètement d'accord avec Muse et Z. Décidément, on dirait que la peur de
se dire féministe gagne tout le monde. Heureusement qu'il y a des nouveaux
mouvements comme Osez le Féminisme ou La Barbe....
Eh si Olympe, le féminisme essentialiste est un féminisme de droite.
Puisqu'il nie les préoccupations premières de toutes les femmes pour uniquement
se focaliser sur des préoccupations de classe aisée.
C'est toujours ainsi qu'a fonctionné la droite.
Et c'est pas Badinter qui le dit, c'est moi.
J'ai jamais lu une phrase de Badinter que ce soit dans l'Amour en plus ou dans
son dernier livre qui fasse cette comparaison. La paternité m'en revient.
Et je fais aussi l'association avec les cathos réacs parce que cette vision
uniquement maternelle essentialiste correspond exactement au discours des réacs
type Christine Boutin qui veulent voir l'ensemble des femmes à la maison et
recevoir un petit salaire maternel. En évitant d'ajouter que ce n'est pas ça
qui leur permettra de survivre après 60 ans. Mais bon, chez les partisans de De
Villiers, Boutin et consorts, les femmes ne sont pas dans la misère!
L'autonomie financière d'une femme passe par un travail salarié payé. Des
millions de femmes se sont battues pour pouvoir travailler et avoir un salaire
à elle sans devoir demander autorisation à leur conjoint. Grâce à ce salaire
personnel, nos mères ont pu avoir une retraite. Petite parfois, mais qui leur
évite aujourd'hui de faire comme leurs mamans: hésiter entre se nourrir et se
soigner ou se loger.
L'ultralibéralisme d'aujourd'hui allié à la précarisation de tous les secteurs
d'activité et allié de la crise éco, fait que de plus en plus de femmes se
retrouvent dans des situations économiques plus qu'affreuses.
Alors comment pouvoir faire focaliser des femmes déjà économiquement dans des
situations désastreuses sur la seule maternité alors que les femmes dans leur
immense majorité ont du mal à assurer leur survie quotidienne?
Je trouve ça criminel et une vue de droite bourgeoise.
Et je trouve inquiétant que des femmes féministes se soient lancées dans
pareille vue qui de plus, est complètement dans l'idéologie masculiniste et
machiste. Une sorte de contresens absolu...
Rien que le titre - comment peut on prétendre être en période de
"post-féminisme" c'est un non sens absolu, quand on sait dans quel état se
trouve l'inégalité et le sexisme aujourd'hui.
Les Centres IVG ferment. L'avortement c'est pour les riches. Et les jeunes
femmes d'aujourd'hui sont confrontés aux même machisme et sexisme que nous -
rien n'a changé fondamentalement.
Les "stars" comme Preciado n'ont rien apporté dans le fond, dans le
quotidien.
Et Badinter est une bonne poupoule de droite, bien rassurante, bien comme il
faut.
Les années 70 n'ont pas libéré la femme - la pilule a mis les corps a
disposition et le libéralisme a putifié les femmes. Et derrière la fameuse et
fumeuse quête trans genre Queerisante se profile juste un énorme lupanar
remplis de bobos qui font en fait de l'échangisme et du group sex, rien de
plus. Et dans ce contexte ce sont encore et toujours la femme, son image et son
genre dont on optimise la canibalisation.
Le seul interet de cet article c'est qu'il offre une vision élargie de ce
que peut être le féminisme : cad pas une seule forme de pensée rigide - mais un
panel de sensibilités diverses.
Le féminisme essentialiste de gauche (si tu penses à certaines femmes
socialistes ou écolo) est à droite.
C'est un féminisme de femme grande bourgeoise avec personnel de maison, train
de vie et petits fours, voyages réguliers, loisirs, hauts revenus.
Où sont les convictions de gauche dans une vie si déconnectée de celle de
millions d'hommes et de femmes qui vivent avec parfois un SMIC et demi pour
nourrir et loger leur couple et deux enfants?
Des convictions de gauche sont juste un argument électoral. D'ailleurs si on
prend le seul cas du parti socialiste, le parti n'a pas dépassé le machisme
réactionnaire de Proudhon. Et les féministes comme Yvette Roudy ont toujours
été supportées mais ont toujours senti le soufre.
Donc pour grimper plus vite en politique, il fallait appeler féminisme les
vieilles théories machistes de la femme à la maison. C'est toute
l'astuce.
Une pincée d'écologie, de loi naturelle qui plait beaucoup aux intégristes
religieux de tous poils et hop...ni vu ni connu, les féministes essentialistes
se sont fait une place.
Sauf que, la destruction massive de toutes les avancées féministes réelles
égalitaristes si elle ne les concerne pas, concerne toutes les femmes qui n'ont
pas un train de vie bourgeois et des ambitions politiques.
Se ne sont pas les féministes essentialistes qui se retrouveront dans 20 ans à
faire les fins de marchés parce que n'ayant pas pu cotiser suffisamment pour
avoir une retraite. Se ne sont pas les féministes essentialistes qui devront
revivre comme leurs grands-mères et arrières grands-mères, sans chauffage et
sans de quoi se soigner.
La préoccupation des essentialistes, c'est juste le pouvoir et la
gloriole.
La situation des autres femmes, à partir du moment où elles n'ont pas de statut
bourgeois, c'est comme leur parler de Saturne.
Si les féministes égalitaristes avaient fonctionné ainsi, jamais aucune de
nous n'aurait eu de libertés. Et les droits des femmes n'auraient jamais vu le
jour.
Plus j'avance dans la vie et plus j'en ai conscience.
Autant je pense qu'il était absolument nécessaire, à une certaine époque, de
faire une impasse totale sur la différence entre un homme et une femme (on nous
renvoyait sans arrêt à cette "différence" pour nous bouffer notre liberté et
nous refuser l'égalité) autant je trouve qu'il est gamin de continuer à
prétendre qu'il n'y en a pas.
Un corps d'homme n'est pas un corps de femme, et il semble difficile de
soutenir que ça n'a AUCUNE importance. La lutte pour la liberté de
l'avortement, par exemple, reconnaissait implicitement à la fois cette
différence et son importance, pas le même corps, donc pas le même vécu.
Pourquoi la lutte pour la liberté d'avoir des enfants, de les allaiter et de
s'en occuper le mieux possible serait-elle illégitime? Parce que, pour
l'instant, cette liberté là nous ne l'avons pas vraiment (les hommes non plus
d'ailleurs) vu nos conditions de vie et de travail. La liberté de NE PAS avoir
d'enfants est mieux garantie du seul fait qu'elle est parfaitement compatible
avec les exigences patronales.
Si dire ça c'est être de droite... alors sa majesté des mouches est de
gauche, comme il essaie d'ailleurs de nous le suggérer.
Oui, bien sûr, si on a pas la chance de pouvoir compter sur un héritage, il
vaut mieux travailler et cotiser pour la retraite. Mais c'est un raisonnement
qui n'est valable que dans le contexte où nous sommes.
J'ai entendu, dans les années 70, des ouvrières déclarer qu'une mère de
famille ne devait pas avorter, parce qu'elle ne devait pas risquer de rendre
ses enfants orphelins. Le contexte où on doit choisir entre "cotiser" ou mourir
de faim dans sa vieillesse nous semblera peut-être aussi anachronique que celui
où on devait soit risquer sa vie soit avoir autant d'enfants qu'il nous en
venait.
15.
Le jeudi 18 mars 2010, 18:47 par mon chien aussi
D'accord sur beaucoup de points avec muse. Bien entendu qu'il y a un retour
à l'image "traditionnelle" de la femme qui trouverait son bonheur par elle-même
comme si elle ne faisait pas partie d'une société et de hiérarchies bien
ancrées. IVG, planning familial, etc, tout ça prend un coup dans l'aile, et ce
ne sont pas quelques femmes privilégiées qui font l' printemps. Je m'étonne
toujours qu'on s'amuse à citer le nombre de femmes parvenues à un poste de PDG,
comme si c'était révélateur d'un mouvement de société, alors qu'il s'agit de la
réussite d'une seule personne issue probablement d'un milieu favorisé. Le
problème ne gît pas là. Il y en aurait encore que des femmes à tous les postes
de PDG que ça ne changerait rien au fait que la société continuerait à
fonctionner exactement de la même façon.
Et pour les cathos réacs, d'accord aussi, et appuyés par les "traditions"
musulmanes qui se présentent comme immuables et servent de tremplin aux cathos
qui se tenaient cachés jusqu'à présent.
L'autonomie financière est un point crucial.
En tout cas, ma fille va pas se mettre à la merci d'un type. Aussi gentil
soit-il.
La vision genrée a toujours servi l'oppression des femmes et leur maintien
au foyer sous tous les prétextes possibles. Ca a commencé avec Rousseau et son
ouvrage l'Emile et ça revient aujourd'hui avec le féminisme essentialiste et
naturaliste mais aussi avec le revival religieux intégriste qui va de paire
avec cette idéologie et avec le néo-libéralisme.
Nous sommes actuellement gouvernés par des réacs plus proche du FN au niveau
des idées que du progrès social.
Leur vision est qu'une femme doit rester au foyer pour élever un max d'enfants
et se faire entretenir par son mari (elle coûtera moins cher à un employeur et
à l'état).
Si cela était une vie possible et non régressive en période de plein emploi,
c'est aujourd'hui quasiment impossible sauf si l'homme gagne un salaire au-delà
3000 euros mensuels.
Sinon c'est l'endettement et le surendettement.
Ne parlons pas des femmes seules avec enfants et sans pensions
alimentaires...se sont souvent les premières clientes de l'aide alimentaire
même si ayant un petit travail salarié à temps partiel.
Donc un job, de préférence à temps plein, reste pour une femme le meilleur
moyen de survivre jusqu'à sa mort.
Aujourd'hui les salaires ne suivent plus le coût de la vie et restent bas, le
chômage guette tout le monde autant les hommes que les femmes, la précarité
également quel que soit son diplôme universitaire ou d'école. Les soins de
santés sont déremboursés, les assurances et mutuelles restent inabordables pour
bien des foyers.
Donc il faut deux salaires pour vivre et avoir une famille. Sinon avoir des
enfants et ne vivre que d'aides sociales ou être surendettés, c'est se suicider
pour ses vieux jours puisqu'il n'est pas sûr déjà pour des salariés
actuellement de pouvoir obtenir une retraite. Donc qu'en sera-t-il pour toutes
celles qui comptent aujourd'hui sur le minimum vieillesse octroyé par l'Etat
d'ici 20 ans? Ce minimum vieillesse n'est distribué que parce qu'il concerne
peu de femmes mais il peut également disparaitre au vu du désengagement actuel
financier des états européens tous gouvernements confondus. Et parce que si les
femmes se retrouvent sans activité, la part du gâteau sera plus mince à
distribuer.
Sans héritage en effet, cultivetonjardin, une femme se retrouve vouée à la
misère car touchant généralement trop peu par un travail salarié et trop de
période de chômage si maman pour avoir une retraite.
Mais combien sont les françaises et les français à obtenir un héritage
suffisant pour pouvoir pallier à leur manque de revenus? Très peu. Héritage qui
vient d'un travail salarié et d'économies parfois de plusieurs générations.
Mais qui est vite dépensé et qui ne durera pas jusqu'à protéger une mère de
famille sans emploi quand elle aura plus de 65 ans et qu'elle aura des
problèmes de santé comme une majorité.
Olympe, le féminisme égalitariste ne dit pas que les femmes ne peuvent
s'épanouir ailleurs que dans le travail. L'épanouissement n'est pas l'objectif
du travail, il n'est qu'un moyen d'obtenir une indépendance financière et donc
une sécurité matérielle autonome. S'il est en plus épanouissant, c'est du
bonus, et malheureusement, ça n'est le cas que d'une minorité. Badinter l'avait
bien dit une fois : la grande erreur d'interprétation du féminisme, c'est qu'on
a cru qu'il était censé amener le bonheur pour les femmes. Mais il n'a jamais
été promis une chose pareille : le but du féminisme, c'est l'égalité et la
liberté. Point. Et c'est déjà énorme.
Selon moi, le féminisme différentialiste tend à dire aux filles "vous pouvez
travailler si ça vous plait". Sous-entendu, ce n'est pas obligatoire parce
qu'il y a des choses peut-être plus intéressantes à faire, notamment s'occuper
à plein temps de ses enfants. Et c'est là qu'on génère la différence parce que
les garçons n'ont jamais été élevés dans cette idée (sauf les aristocrates sous
l'ancien régime...) : les garçons sont élevés dans l'idée qu'ils DOIVENT
travailler (pas qu'ils PEUVENT, qu'ils DOIVENT), la question n'est pas de
savoir s'il y a des choses plus intéressantes à faire 8h par jour ou pas,
travailler est une nécessité absolue. Pour manger, pour se loger, pour
consommer aussi.
Partant de ce constat, il y a deux options de société égalitaire : celle qui
consiste à dire à tous, hommes et femmes, qu'ils DOIVENT travailler, que les
autres occupations de la vie doivent s'organiser en fonction de cette
nécessité. Et celle qui consiste à dire à tous, hommes et femmes, que
travailler est un choix personnel et que c'est faisable de ne pas avoir de
rémunération issue du travail.
N'ayant pas trouvé la formule permettant de mettre en oeuvre la seconde option,
je penche pour la première.
Et non cultivetonjardin, je ne vois pas de différence essentielle (c'est à
dire non produite culturellement) entre les hommes et les femmes. Entre les
pères et les mères, au moment de la gestation et de l'allaitement, oui ok. Mais
toutes les femmes ne sont pas mères et tous les hommes ne sont pas mères.
Je me considère au moins aussi différente d'une autre femme que d'un homme. Je
n'ai strictement rien en commun avec Christine Boutin à part le fait d'être un
être humain mais beaucoup en commun avec des tas d'hommes malgré le fait qu'ils
aient un pénis et moi un vagin.
Et j'ai vraiment du mal avec l'argument des différences physiologiques. Le pire
étant "les hommes sont en moyenne plus forts physiquement que les femmes". Et
alors : les noirs courent en moyenne plus vite que les blancs, ça justifie de
faire une différence entre les noirs et les blancs ? Qu'ils n'accèdent pas aux
mêmes postes ? Qu'ils soient payés moins ou plus cher pour le même travail ?
Non, c'est une évidence pour tout le monde à part quelques imbéciles reconnus
comme tels.
Alors pourquoi diable l'argument des différences physiologiques entre hommes et
femmes est-il considéré comme pertinent et bienséant ?
Moi je suis complètement d'accord avec Thaliane qui dit ne pas voir "de
différence essentielle (c'est à dire non produite culturellement) entre les
hommes et les femmes". De plus, je suis convaincue que cette fausseté qu'on
répète et répète à l'envi, qu'on lègue aux générations futures, est le noyau du
machisme qui là prétend trouver une "raison" d'être, de faire la différence
entre les sexes, comme l'explique si bien Thaliane avec ses nombreux exemples
et arguments. Merci d'avoir apporté ton point de vue Thaliane!
Emma
Commentaires
Merci pour l'info (moi qui ne traîne jamais dans les presses)
"les tenantes des courants post-gender qui prônent une dé construction totale des genres."
C'est le type de projet politique qui vous oblige à convenir que - tout bien considéré - Rael et le Pape ont les pieds bien ancrés sur terre et doivent être classés parmi les théoriciens réalistes.
L'ère actuelle du féminisme est au féminisme essentialiste qui a démarré sa croisade à la fin des années 80. C'est un féminisme de droite prôné par une côterie de femmes privilégiées professionnellement et socialement et qui voudraient imposer leur vision naturaliste et essentialiste du monde à toutes.
Sauf que, c'est comme faire rentrer un concept rond dans un espace carré, ça passe pas.
L'identité essentialiste et naturaliste n'étant que la maternité (à croire qu'une femme n'est qu'une mère), si pour les femmes privilégiées, c'est une préoccupation essentielle, chez les femmes avec des niveaux de vies modestes (la majorité des françaises), il s'agit déjà de survivre économiquement.
Donc l'égalité des sexes n'a rien d'un détail dans leur vie.
Et elles voient à quel point l'argument de la crise économique a fait ressurgir des inégalités et des situations d'oppression et de précarité d'une période qu'on croyait révolue.
Quant aux libertés obtenues par les aînées égalitaristes, elles sont bien fragiles et de plus en plus menacées et par des gouvernements réacs et par la crise économique persistante (Planning familial menacé de disparition, accès à l'IVG de plus en plus difficiles, soins de santé de plus en plus chers et déremboursés, baisse du nombre de gynécos donc difficulté de mettre en place un suivi gynéco, accès de plus en plus compliqué à un congé maternité, précarisation de tous les secteurs d'activité donc difficulté d'avoir un job stable et un salaire correct, chômage régulier, impossibilité de retrouver après 45 ans un job pour bien des femmes).
D'où la nécessité de reprendre un combat égalitariste. Qui a été le seul mouvement féministe à pouvoir obtenir des droits à toutes les femmes.
Muse, je ne suis pas d'accord avec l'idée que le féministe essentialiste est de droite. C'est l'une des théories fumeuse de Badinter qui va même jusqu'à le raccrocher aux "cathos réactionnaires".
Défendre que les femmes ne peuvent pas s'épanouir ailleurs que dans le travail c'est aussi aller dans le sens du travailler plus pour gagner plus.
Il faut distinguer l'autonomie financière qui est fondamentale et exige donc que les femmes travaillent et le désir d'avoir des enfants et de s'en occuper bien
Parler de prétendu "post-féminisme" est anti-féministe.
En fait le féminisme continue, preuves en sont entre autres les nouveaux groupes féministes comme la Barbe ou Osez le féminisme.
La gent féminine est à l'honneur ces temps-ci chez Sciences humaines. Le mois dernier, déjà, c'est le visage de la Femme qui occupait la couverture, pour illustrer le thème du dossier: la soumission.
Ca colle assez bien avec le contenu de ma stéréotypothèque. Et puis il valait mieux garder Frédéric Lefèbvre pour le jour où ils feront un dossier sur la servilité.
Tu connaitrais ma femme, tu ne parlerais plus de femme-sujet ! Ici, elle a complétement pris la main sur sa personnalité et son intégration dans la société est exemplaire. Il n'y a pas que des femmes "soumises". Et c'est ce qui fait que, de plus en plus, elles se libèrent.
Muse, il y a aussi un féminisme essentialiste de gauche qui est au moins aussi redoutable que celui de droite.
Redoutable?
Complètement d'accord avec Muse et Z. Décidément, on dirait que la peur de se dire féministe gagne tout le monde. Heureusement qu'il y a des nouveaux mouvements comme Osez le Féminisme ou La Barbe....
Eh si Olympe, le féminisme essentialiste est un féminisme de droite. Puisqu'il nie les préoccupations premières de toutes les femmes pour uniquement se focaliser sur des préoccupations de classe aisée.
C'est toujours ainsi qu'a fonctionné la droite.
Et c'est pas Badinter qui le dit, c'est moi.
J'ai jamais lu une phrase de Badinter que ce soit dans l'Amour en plus ou dans son dernier livre qui fasse cette comparaison. La paternité m'en revient.
Et je fais aussi l'association avec les cathos réacs parce que cette vision uniquement maternelle essentialiste correspond exactement au discours des réacs type Christine Boutin qui veulent voir l'ensemble des femmes à la maison et recevoir un petit salaire maternel. En évitant d'ajouter que ce n'est pas ça qui leur permettra de survivre après 60 ans. Mais bon, chez les partisans de De Villiers, Boutin et consorts, les femmes ne sont pas dans la misère!
L'autonomie financière d'une femme passe par un travail salarié payé. Des millions de femmes se sont battues pour pouvoir travailler et avoir un salaire à elle sans devoir demander autorisation à leur conjoint. Grâce à ce salaire personnel, nos mères ont pu avoir une retraite. Petite parfois, mais qui leur évite aujourd'hui de faire comme leurs mamans: hésiter entre se nourrir et se soigner ou se loger.
L'ultralibéralisme d'aujourd'hui allié à la précarisation de tous les secteurs d'activité et allié de la crise éco, fait que de plus en plus de femmes se retrouvent dans des situations économiques plus qu'affreuses.
Alors comment pouvoir faire focaliser des femmes déjà économiquement dans des situations désastreuses sur la seule maternité alors que les femmes dans leur immense majorité ont du mal à assurer leur survie quotidienne?
Je trouve ça criminel et une vue de droite bourgeoise.
Et je trouve inquiétant que des femmes féministes se soient lancées dans pareille vue qui de plus, est complètement dans l'idéologie masculiniste et machiste. Une sorte de contresens absolu...
Rien que le titre - comment peut on prétendre être en période de "post-féminisme" c'est un non sens absolu, quand on sait dans quel état se trouve l'inégalité et le sexisme aujourd'hui.
Les Centres IVG ferment. L'avortement c'est pour les riches. Et les jeunes femmes d'aujourd'hui sont confrontés aux même machisme et sexisme que nous - rien n'a changé fondamentalement.
Les "stars" comme Preciado n'ont rien apporté dans le fond, dans le quotidien.
Et Badinter est une bonne poupoule de droite, bien rassurante, bien comme il faut.
Les années 70 n'ont pas libéré la femme - la pilule a mis les corps a disposition et le libéralisme a putifié les femmes. Et derrière la fameuse et fumeuse quête trans genre Queerisante se profile juste un énorme lupanar remplis de bobos qui font en fait de l'échangisme et du group sex, rien de plus. Et dans ce contexte ce sont encore et toujours la femme, son image et son genre dont on optimise la canibalisation.
Le seul interet de cet article c'est qu'il offre une vision élargie de ce que peut être le féminisme : cad pas une seule forme de pensée rigide - mais un panel de sensibilités diverses.
A Isabelle
Le féminisme essentialiste de gauche (si tu penses à certaines femmes socialistes ou écolo) est à droite.
C'est un féminisme de femme grande bourgeoise avec personnel de maison, train de vie et petits fours, voyages réguliers, loisirs, hauts revenus.
Où sont les convictions de gauche dans une vie si déconnectée de celle de millions d'hommes et de femmes qui vivent avec parfois un SMIC et demi pour nourrir et loger leur couple et deux enfants?
Des convictions de gauche sont juste un argument électoral. D'ailleurs si on prend le seul cas du parti socialiste, le parti n'a pas dépassé le machisme réactionnaire de Proudhon. Et les féministes comme Yvette Roudy ont toujours été supportées mais ont toujours senti le soufre.
Donc pour grimper plus vite en politique, il fallait appeler féminisme les vieilles théories machistes de la femme à la maison. C'est toute l'astuce.
Une pincée d'écologie, de loi naturelle qui plait beaucoup aux intégristes religieux de tous poils et hop...ni vu ni connu, les féministes essentialistes se sont fait une place.
Sauf que, la destruction massive de toutes les avancées féministes réelles égalitaristes si elle ne les concerne pas, concerne toutes les femmes qui n'ont pas un train de vie bourgeois et des ambitions politiques.
Se ne sont pas les féministes essentialistes qui se retrouveront dans 20 ans à faire les fins de marchés parce que n'ayant pas pu cotiser suffisamment pour avoir une retraite. Se ne sont pas les féministes essentialistes qui devront revivre comme leurs grands-mères et arrières grands-mères, sans chauffage et sans de quoi se soigner.
La préoccupation des essentialistes, c'est juste le pouvoir et la gloriole.
La situation des autres femmes, à partir du moment où elles n'ont pas de statut bourgeois, c'est comme leur parler de Saturne.
Si les féministes égalitaristes avaient fonctionné ainsi, jamais aucune de nous n'aurait eu de libertés. Et les droits des femmes n'auraient jamais vu le jour.
Plus j'avance dans la vie et plus j'en ai conscience.
Autant je pense qu'il était absolument nécessaire, à une certaine époque, de faire une impasse totale sur la différence entre un homme et une femme (on nous renvoyait sans arrêt à cette "différence" pour nous bouffer notre liberté et nous refuser l'égalité) autant je trouve qu'il est gamin de continuer à prétendre qu'il n'y en a pas.
Un corps d'homme n'est pas un corps de femme, et il semble difficile de soutenir que ça n'a AUCUNE importance. La lutte pour la liberté de l'avortement, par exemple, reconnaissait implicitement à la fois cette différence et son importance, pas le même corps, donc pas le même vécu. Pourquoi la lutte pour la liberté d'avoir des enfants, de les allaiter et de s'en occuper le mieux possible serait-elle illégitime? Parce que, pour l'instant, cette liberté là nous ne l'avons pas vraiment (les hommes non plus d'ailleurs) vu nos conditions de vie et de travail. La liberté de NE PAS avoir d'enfants est mieux garantie du seul fait qu'elle est parfaitement compatible avec les exigences patronales.
Si dire ça c'est être de droite... alors sa majesté des mouches est de gauche, comme il essaie d'ailleurs de nous le suggérer.
Oui, bien sûr, si on a pas la chance de pouvoir compter sur un héritage, il vaut mieux travailler et cotiser pour la retraite. Mais c'est un raisonnement qui n'est valable que dans le contexte où nous sommes.
J'ai entendu, dans les années 70, des ouvrières déclarer qu'une mère de famille ne devait pas avorter, parce qu'elle ne devait pas risquer de rendre ses enfants orphelins. Le contexte où on doit choisir entre "cotiser" ou mourir de faim dans sa vieillesse nous semblera peut-être aussi anachronique que celui où on devait soit risquer sa vie soit avoir autant d'enfants qu'il nous en venait.
D'accord sur beaucoup de points avec muse. Bien entendu qu'il y a un retour à l'image "traditionnelle" de la femme qui trouverait son bonheur par elle-même comme si elle ne faisait pas partie d'une société et de hiérarchies bien ancrées. IVG, planning familial, etc, tout ça prend un coup dans l'aile, et ce ne sont pas quelques femmes privilégiées qui font l' printemps. Je m'étonne toujours qu'on s'amuse à citer le nombre de femmes parvenues à un poste de PDG, comme si c'était révélateur d'un mouvement de société, alors qu'il s'agit de la réussite d'une seule personne issue probablement d'un milieu favorisé. Le problème ne gît pas là. Il y en aurait encore que des femmes à tous les postes de PDG que ça ne changerait rien au fait que la société continuerait à fonctionner exactement de la même façon.
Et pour les cathos réacs, d'accord aussi, et appuyés par les "traditions" musulmanes qui se présentent comme immuables et servent de tremplin aux cathos qui se tenaient cachés jusqu'à présent.
L'autonomie financière est un point crucial.
En tout cas, ma fille va pas se mettre à la merci d'un type. Aussi gentil soit-il.
La vision genrée a toujours servi l'oppression des femmes et leur maintien au foyer sous tous les prétextes possibles. Ca a commencé avec Rousseau et son ouvrage l'Emile et ça revient aujourd'hui avec le féminisme essentialiste et naturaliste mais aussi avec le revival religieux intégriste qui va de paire avec cette idéologie et avec le néo-libéralisme.
Nous sommes actuellement gouvernés par des réacs plus proche du FN au niveau des idées que du progrès social.
Leur vision est qu'une femme doit rester au foyer pour élever un max d'enfants et se faire entretenir par son mari (elle coûtera moins cher à un employeur et à l'état).
Si cela était une vie possible et non régressive en période de plein emploi, c'est aujourd'hui quasiment impossible sauf si l'homme gagne un salaire au-delà 3000 euros mensuels.
Sinon c'est l'endettement et le surendettement.
Ne parlons pas des femmes seules avec enfants et sans pensions alimentaires...se sont souvent les premières clientes de l'aide alimentaire même si ayant un petit travail salarié à temps partiel.
Donc un job, de préférence à temps plein, reste pour une femme le meilleur moyen de survivre jusqu'à sa mort.
Aujourd'hui les salaires ne suivent plus le coût de la vie et restent bas, le chômage guette tout le monde autant les hommes que les femmes, la précarité également quel que soit son diplôme universitaire ou d'école. Les soins de santés sont déremboursés, les assurances et mutuelles restent inabordables pour bien des foyers.
Donc il faut deux salaires pour vivre et avoir une famille. Sinon avoir des enfants et ne vivre que d'aides sociales ou être surendettés, c'est se suicider pour ses vieux jours puisqu'il n'est pas sûr déjà pour des salariés actuellement de pouvoir obtenir une retraite. Donc qu'en sera-t-il pour toutes celles qui comptent aujourd'hui sur le minimum vieillesse octroyé par l'Etat d'ici 20 ans? Ce minimum vieillesse n'est distribué que parce qu'il concerne peu de femmes mais il peut également disparaitre au vu du désengagement actuel financier des états européens tous gouvernements confondus. Et parce que si les femmes se retrouvent sans activité, la part du gâteau sera plus mince à distribuer.
Sans héritage en effet, cultivetonjardin, une femme se retrouve vouée à la misère car touchant généralement trop peu par un travail salarié et trop de période de chômage si maman pour avoir une retraite.
Mais combien sont les françaises et les français à obtenir un héritage suffisant pour pouvoir pallier à leur manque de revenus? Très peu. Héritage qui vient d'un travail salarié et d'économies parfois de plusieurs générations. Mais qui est vite dépensé et qui ne durera pas jusqu'à protéger une mère de famille sans emploi quand elle aura plus de 65 ans et qu'elle aura des problèmes de santé comme une majorité.
Olympe, le féminisme égalitariste ne dit pas que les femmes ne peuvent s'épanouir ailleurs que dans le travail. L'épanouissement n'est pas l'objectif du travail, il n'est qu'un moyen d'obtenir une indépendance financière et donc une sécurité matérielle autonome. S'il est en plus épanouissant, c'est du bonus, et malheureusement, ça n'est le cas que d'une minorité. Badinter l'avait bien dit une fois : la grande erreur d'interprétation du féminisme, c'est qu'on a cru qu'il était censé amener le bonheur pour les femmes. Mais il n'a jamais été promis une chose pareille : le but du féminisme, c'est l'égalité et la liberté. Point. Et c'est déjà énorme.
Selon moi, le féminisme différentialiste tend à dire aux filles "vous pouvez travailler si ça vous plait". Sous-entendu, ce n'est pas obligatoire parce qu'il y a des choses peut-être plus intéressantes à faire, notamment s'occuper à plein temps de ses enfants. Et c'est là qu'on génère la différence parce que les garçons n'ont jamais été élevés dans cette idée (sauf les aristocrates sous l'ancien régime...) : les garçons sont élevés dans l'idée qu'ils DOIVENT travailler (pas qu'ils PEUVENT, qu'ils DOIVENT), la question n'est pas de savoir s'il y a des choses plus intéressantes à faire 8h par jour ou pas, travailler est une nécessité absolue. Pour manger, pour se loger, pour consommer aussi.
Partant de ce constat, il y a deux options de société égalitaire : celle qui consiste à dire à tous, hommes et femmes, qu'ils DOIVENT travailler, que les autres occupations de la vie doivent s'organiser en fonction de cette nécessité. Et celle qui consiste à dire à tous, hommes et femmes, que travailler est un choix personnel et que c'est faisable de ne pas avoir de rémunération issue du travail.
N'ayant pas trouvé la formule permettant de mettre en oeuvre la seconde option, je penche pour la première.
Et non cultivetonjardin, je ne vois pas de différence essentielle (c'est à dire non produite culturellement) entre les hommes et les femmes. Entre les pères et les mères, au moment de la gestation et de l'allaitement, oui ok. Mais toutes les femmes ne sont pas mères et tous les hommes ne sont pas mères.
Je me considère au moins aussi différente d'une autre femme que d'un homme. Je n'ai strictement rien en commun avec Christine Boutin à part le fait d'être un être humain mais beaucoup en commun avec des tas d'hommes malgré le fait qu'ils aient un pénis et moi un vagin.
Et j'ai vraiment du mal avec l'argument des différences physiologiques. Le pire étant "les hommes sont en moyenne plus forts physiquement que les femmes". Et alors : les noirs courent en moyenne plus vite que les blancs, ça justifie de faire une différence entre les noirs et les blancs ? Qu'ils n'accèdent pas aux mêmes postes ? Qu'ils soient payés moins ou plus cher pour le même travail ? Non, c'est une évidence pour tout le monde à part quelques imbéciles reconnus comme tels.
Alors pourquoi diable l'argument des différences physiologiques entre hommes et femmes est-il considéré comme pertinent et bienséant ?
je suis entièrement d'accord avec le commentaire de cultive ton jardin.
Moi je suis complètement d'accord avec Thaliane qui dit ne pas voir "de différence essentielle (c'est à dire non produite culturellement) entre les hommes et les femmes". De plus, je suis convaincue que cette fausseté qu'on répète et répète à l'envi, qu'on lègue aux générations futures, est le noyau du machisme qui là prétend trouver une "raison" d'être, de faire la différence entre les sexes, comme l'explique si bien Thaliane avec ses nombreux exemples et arguments. Merci d'avoir apporté ton point de vue Thaliane!
Emma
Je suis aussi complètement en accord avec le commentaire de thaliane