Le masculin l'emporte
Par Olympe le dimanche 7 février 2010, 00:36 - Lien permanent
J'ai oublié la plupart des milliers d'heures passées sur les bancs de
l'école.
Mais la mémoire est sélective et ce n'est certainement pas un hasard si j'ai un souvenir précis d'une leçon sur les pronoms personnels.
Ce devait être je pense en CE1. La maîtresse nous avait au préalable expliqué le masculin et le féminin. Puis elle nous avait donné un exercice dans lequel il fallait remplacer les points par le pronom adéquat.
ça donnait quelque chose comme ça :
- la voiture roule sur l'autoroute. (...) va vite.
- le chien a trouvé un os. (...) le mange.
- les abeilles volent au dessus des fleurs. (...) butinent.
C'était facile, mais je butais sur la dernière ligne.
- la chèvre et le chevreau sont au pré.( ...) gambadent.
Je ne sais plus ce qu'ils faisaient vraiment mais je suis certaine qu'il s'agissait d'une chèvre et son chevreau. J'essayais "Elle et il" mais en me rendant bien compte que ça ne pouvait pas être ça.
J'écoutais donc avec intérêt la solution apportée par la maitresse. Elle nous dit ceci, très exactement "Dans ce cas il faut mettre "Ils" au pluriel parce que le masculin l'emporte ".
Si je m'en souviens si bien c'est certainement à cause de ma stupéfaction. Ah ? pourquoi le masculin ? Il me semblait qu'on aurait pu trouver mieux.Pour moi une maman était plus importante que l'enfant, c'était donc elle qui aurait du l'emporter. Mais c'était juste une interrogation, pas une contestation. J'ai retenu la règle sans plus discuter.

Cette anecdote m'est revenue à la lecture d'un mail de La Barbe qui disait ceci :
"Info linguistique : comme notre langue française est particulièrement machiste il faut la faire évoluer. Toutes les langues évoluent sous la pression de l'usage. Je vous suggère une règle créative sur les accords d'adjectifs et de participes :
Quand il y a 2 ou plusieurs substantifs, on accorde le participe ou l'adjectif qui suit avec le dernier.
Exemple : je porte favoris et barbe velues. Je porte barbe et favoris velus.
ou
Boucs et barbes sont épatantes, Barbe et boucs sont épatants.
Fastoche, élégant et ludique, à utiliser insidieusement et sans modération."
Voila, je vais désormais essayer de m'en tenir à cette règle.
Mais je ne sais toujours pas quoi mettre à la place des 3 petits points pour la chèvre et le chevreau
source image
Mais la mémoire est sélective et ce n'est certainement pas un hasard si j'ai un souvenir précis d'une leçon sur les pronoms personnels.
Ce devait être je pense en CE1. La maîtresse nous avait au préalable expliqué le masculin et le féminin. Puis elle nous avait donné un exercice dans lequel il fallait remplacer les points par le pronom adéquat.
ça donnait quelque chose comme ça :
- la voiture roule sur l'autoroute. (...) va vite.
- le chien a trouvé un os. (...) le mange.
- les abeilles volent au dessus des fleurs. (...) butinent.
C'était facile, mais je butais sur la dernière ligne.
- la chèvre et le chevreau sont au pré.( ...) gambadent.
Je ne sais plus ce qu'ils faisaient vraiment mais je suis certaine qu'il s'agissait d'une chèvre et son chevreau. J'essayais "Elle et il" mais en me rendant bien compte que ça ne pouvait pas être ça.
J'écoutais donc avec intérêt la solution apportée par la maitresse. Elle nous dit ceci, très exactement "Dans ce cas il faut mettre "Ils" au pluriel parce que le masculin l'emporte ".
Si je m'en souviens si bien c'est certainement à cause de ma stupéfaction. Ah ? pourquoi le masculin ? Il me semblait qu'on aurait pu trouver mieux.Pour moi une maman était plus importante que l'enfant, c'était donc elle qui aurait du l'emporter. Mais c'était juste une interrogation, pas une contestation. J'ai retenu la règle sans plus discuter.

Cette anecdote m'est revenue à la lecture d'un mail de La Barbe qui disait ceci :
"Info linguistique : comme notre langue française est particulièrement machiste il faut la faire évoluer. Toutes les langues évoluent sous la pression de l'usage. Je vous suggère une règle créative sur les accords d'adjectifs et de participes :
Quand il y a 2 ou plusieurs substantifs, on accorde le participe ou l'adjectif qui suit avec le dernier.
Exemple : je porte favoris et barbe velues. Je porte barbe et favoris velus.
ou
Boucs et barbes sont épatantes, Barbe et boucs sont épatants.
Fastoche, élégant et ludique, à utiliser insidieusement et sans modération."
Voila, je vais désormais essayer de m'en tenir à cette règle.
Mais je ne sais toujours pas quoi mettre à la place des 3 petits points pour la chèvre et le chevreau
source image
Commentaires
C'est parfaitement absurde et totalement contraire à tout esprit syntactique. Mais pas le temps de creuser ni développer ce matin, dommage.
En attendant, je note que vous portez favoris et barbe velus, c'est intéressant...
Cet aspect de la langue française m'a toujours choquée aussi. Je me rappelle qu'en CE2, je déclinais les verbes en inversant l'ordre des pronoms, elle(s) d'abord, il(s) ensuite... AUjourd'hui, en tant que traductrice, je féminise systématiquement les titres dans mes travaux : présidente directrice générale, haute conseillère, etc. mais je crois que cette manière d'accorder les adjectifs me vaudrait des problèmes avec mes clients. En tous cas j'aimerais voir Didier Goux développer et nous expliquer en quoi cela est "totalement contraire à tout esprit syntactique". Il me semble qu'en cas de sujet composé de plusieurs groupes nominaux, il est possible de mettre le verbe au singulier, ce genre d'accord ne me paraît pas plus irrégulier ou choquant.
Pour revenir à la chèvre et au chevreau, j'ai été ravie de découvrir que certaines langues reflètent l'égalitarisme de leur société, comme par exemple l'islandais, qui a trois genres, masculin, féminin et neutre. Au pluriel, les pronoms personnels sont utilisés ainsi : "ils" pour un groupe exclusivement composé d'hommes, "elles" pour un groupe exclusivement composé de femmes, et le pronom neutre pluriel pour un groupe mixte. A nous d'inventer un neutre...
Bien que je ne sois pas linguiste, avoir appris un certain nombre de langues étrangères m'a fait réfléchir sur certains aspects du français. En particulier sur la façon absurde de présenter cette règle des pronoms: "la masculin l'emporte". Pourquoi le masculin l'emporterait?
Une façon beaucoup plus simple de présenter les choses serait de dire: "lorsqu'il y a des groupes nominaux au féminin et au masculin, on utilise le pronom neutre". Bien sûr, il n'y a officiellement pas de neutre en français. Rien n'empêche de le définir pourtant: "les pronoms neutres sont identiques aux pronoms masculins". Le neutre serait donc confondu avec le masculin. Voilà pourquoi il n'existe pas, officiellement.
On dira donc: "la poule et le poussin sont sortis, ils chantent". On utilise tout simplement le pronom neutre "ils".
Inutile de dénaturer notre langue, il suffit de l'expliquer de manière logique.
C'est bien gentil tout ça mais tes billets seront blindés de fautes! En plus, ce sera moins agréable à lire. Et comme le dit Didier Goux, avec qui je suis d'accord cette fois, il ne faut pas déranger la syntaxe: les règles sont ce qu'elles sont. Après tout, pourquoi ne pas, non plus, écrire en langage sms?
excellente idée. Le français est une langue vivante, nous sommes toutes et tous responsables de son évolution.
En ce qui concerne la phrase butoir, on peut envisager de manière analogue la règle du "genre de proximité" :
-la chèvre et le chevreau sont au pré. (ils) gambadent.
-le chevreau et la chèvre sont au pré. (elles) gambadent.
En tout cas, on ne peut plus rester dans des règles de langage aussi discriminatoires qui nous rendent complices complices tous les jours du crime du masculin universel.
La règle de proximité de genre est en fait juste un compromis car compte tenu du fait qu'il est une dette de plusieurs siècles inégalitaires envers les femmes, justice serait d'inverser la règle en le féminin l'emporte.
didier Goux, faut suivre ce n'est pas moi qui suit velue mais La Barbe
Clem, excellente idée inventons un neutre.
Eagle, l'explication est moins brutale mais au final ça revient au même
Homer, ce ne seront pas des fautes puisque j'ai décidé que ce sera comme ça. Le plus va être d'y penser après des décennies d'habitude
Z, on peut inverser. je le fais de plus en plus souvent en parlant lorsque dans une assemblée il y a plus de femmes que d'hommes mais ça n'est jamais compris
Je suis d'accord avec Eagle, le masculin et le neutre se confondent. Le problème est que l'on dise à l'école que "le masculin l'emporte", alors que c'est le neutre.
Et que ce soit tantôt le masculin, tantôt le féminin qui l'emporte selon qu'on s'arrange a mettre les mots dans un ordre ou un autre me parait aberrant (même si je n'ai pas compris toutes les subtilités de cette langue que je massacre, et j'aurai donc du mal à formuler les raisons qui me font voir cela comme aberrant).
Que dans les tables de conjugaison on mette toujours le masculin en premier est injuste.
etc...
Que l'on confonde le masculin et le neutre a probablement une origine machiste, mais je crois qu'on peut le vivre autrement sans avoir besoin de tronçonner la langue. A la limite, créer un troisième groupe pour dissocier le masculin et le neutre serait un enrichissement qui reflète une évolution de notre société. Mais arranger la langue avec des bouts de scotch, je trouverai ça dommage.
Et puis il y a un autre sujet dans cette discussion, c'est que si cette confusion entre masculin et neutre a probablement une origine machiste, dans l'absolu, il me semble qu'être confondu avec le neutre n'est pas forcément le symbole d'une supériorité, ça peut être vécu comme le contraire.
Ma conclusion est que ce n'est pas forcément la langue qui est sexiste, mais la manière dont nous l'entendons.
La réforme de l'orthographe de 1989 stipule que lorsqu'un groupe est mixte on utilise un pronom à la troisième personne du pluriel, féminin ou masculin selon son désir.
Mais personne ne l'utilise jamais, parce que cette règle rendrait nos énoncés bien plus difficiles à comprendre pour nos interlocuteurs.
Ceci dit, rien ne vous empêche de le faire et de ne pas réinventer l'eau chaude à chaque fois qu'une féministe se souvient de sa scolarité primaire...
Ali : "Ma conclusion est que ce n'est pas forcément la langue qui est sexiste, mais la manière dont nous l'entendons."
Dans le cas de cette règle, c'est bien la langue et l'usage qui sont sexistes et non la manière de comprendre. A l'origine, il n'est pas question de neutre. Vaugelas, grammairien, a écrit en 1647 : "Pour une raison qui semble être commune à toutes les langues que le genre masculin étant le plus noble doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble".
L'origine de la règle est ouvertement machiste. Ça peut se comprendre à l'époque mais souhaiter la maintenir en connaissance de cause me semble témoigner d'une façon de penser clairement sexiste (planquée le plus souvent derrière le conformisme.)
Je ne sais pas d'où vient cette interprétation a posteriori par un hypothétique "neutre". Je l'avais déjà entendue.
Il est très facile de modifier le langage, même si ça demande une petite gymnastique intellectuelle au début. Ma fille parle de son entraineuse, synonyme pour moi de coach sportive et de joueuse de foot. Ce sens l'emporte sans problème sur le sens habituellement admis. Ce n'est qu'une question d'habitude.
H : "de ne pas réinventer l'eau chaude à chaque fois qu'une féministe se souvient de sa scolarité primaire"
Troll, poubelle.
Je vote pour !!
Sophie, ton exemple de l'entraineuse est quand même assez éloignée du problème dont nous parlons.
Et franchement, je crois que pour la plupart des gens il est bien le féminin d'entraineur (il ne faut pas se focaliser sur une partie, à mon avis en voie de disparition, car ce mot, employé dans le sens machiste est probablement désuet chez les jeunes machos).
Si tu me lis, je dis aussi que l'origine de la règle dont nous parlons est bien machiste (enfin, façon de parler car je ne sais pas si ce mot avait un sens à ces époques). Mais à ce moment là, si il faut tout supprimer dont l'origine est machiste, il faut commencer par le mariage (de ce côté là je suis tranquille), la famille (là aussi)etc... etc...
Ca serait intéressant de savoir si les populations qui parlent des langues moins sexistes que le français ont des modes de vie moins sexiste.
"""Ceci dit, rien ne vous empêche de le faire et de ne pas réinventer l'eau chaude à chaque fois qu'une féministe se souvient de sa scolarité primaire.."""
Pourquoi ce ton méprisant ?
Tu n'as pas parlé de cette étude sur la loi de 2003 en Norvège:
http://www.nytimes.com/2010/01/28/w...
Ahern, Kenneth R. and Dittmar, Amy K., The Changing of the Boards: The Value Effect of a Massive Exogenous Shock (March 18, 2009). Available at SSRN: http://ssrn.com/abstract=1364470
@ sophie: "Pour une raison qui semble être commune à toutes les langues que le genre masculin étant le plus noble doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble" - je ne sais pas pour "toutes les langues", mais en allemand comme en anglais, la troisième personne du pluriel est neutre... Sans même commenter le reste (!!!!), Vaugelas peut aller se rhabiller...
et mon entraîneur de natation refuse catégoriquement qu'on l'appelle "entraîneuse" :-)
J'ai suivi vos commentaires en différé et en suis ravie.
Bien sûr que ce n'est pas la langue qui est sexiste mais bien ses utilisateur/trices de même que les autorités chargées de son enseignement ou de sa soi-disant sauvegarde.
Sexisme conscient ou non, ses résultats risquent d'être non seulement désastreux pour les individus mais aussi pour la langue elle-même.
En effet, employer le terme "emporter sur" implique qu'il y a combat or quand deux éléments internes à un ensemble et aussi importants l'un que l'autre dans la constitution de cet ensemble combattent, l'issue est la destruction de l'ensemble.
Le neutre latin a été avalé souvent par le masculin, parfois par le féminin. Il n'existe plus. Inutile de chercher à le réinventer. Ce n'est pas comme ça que fonctionne une langue.
Il reste l'impersonnel ("il pleut") et l'indéfini ("on est beau") qui ont déjà la même forme que le masculin.
Et, en effet, si Vaugelas a pu imposer ses fantasmes c'est que, d'une part, il flattait ainsi la gent au pouvoir et que, d'autre part, une autre pratique existait, celle de l'accord de proximité.
Cependant les justes polémiques soulevées par les inepties d'un tel enseignement permettent de faire avancer la réflexion pour considérer deux formes du genre grammatical en Français:
1 -le genre arbitraire qui n'a aucun rapport avec le référent (ex: un banc, une chaise) et pour lequel l'économie de l'accord au masculin peut être conservé aussi bien que l'accord de proximité qui est une autre économie.
2 - le genre sexuellement motivé où la distinction de l'accord apporte une information.
Nous ne sommes plus dans le domaine de la pure syntaxe mais dans celui de notre rapport au monde par l'expérience que l'on en communique.
L'accord ici doit donc être envisagé de façon différente.
Pour ce faire, je propose, en total désaccord avec l'Académie française, d'utiliser la barre oblique.
En effet, celle-ci est d'une parfaite efficacité puisqu'elle permet de faire cohabiter en un minimum de place des informations à caractère diamétralement opposé. Ex: l'alternance + l'addition: et/ou, de même que la présence des deux sexes "les journalistes rigoureux/ses" "ils/elles" etc. de même que chaque fois où les deux genres cohabitant donnent une information plus juste et/ou plus complète.
Peut-être devrais-je créer le blog de la barre oblique!...
Entièrement d'accord avec Nicole Pradalier ! L'enseignement de la grammaire est vraiment un outil important et les élèves doivent avoir conscience de la manipulation dont ils peuvent être l'objet par ce biais !
Je réponds aussi à ce billet sur mon blog.
http://stedransky.over-blog.com/art...
... je voulais ajouter que si mon blog s'appelle "le féminin l'emporte" c'est à cause de cela, la manière dont je me suis sentie abandonnée en tant que fille à la violence du masculin qui l'emportait donc aussi, symboliquement SUR moi ...
je me souviens encore de cette phrase "le masculin l'emporte SUR le féminin" : c'était bien bien appuyé. J'adorais le français et j'étais tête de classe dans cette matière. Nous n'étions que des filles, dans une école publique de banlieue 'rouge'. Je vivais déjà une situation patriarcale extrême en famille dont je souffrais. Alors cette phrase, énoncée dans un lieu de savoir, de pouvoir, d'autorité et de droit, de la bouche d'une femme, l'institutrice que je respectais totalement, dans l'école, lieu que je respectais infiniment, m'a atteinte directement. J'avais déjà en moi cette solitude totale concernant la famille et l'école en tant qu'institution, l'institutrice en tant que personne humaine, venait palier à cela en partie. Mais ce jour là en classe, c'est l'Institution dont j'ai douté, le bien-fondé et le but de ce que l'on nous enseignait. Je me suis sentie isolée à l'intérieur de moi, le lien entre violence symbolique et violence physique était déjà fait, même si je n'aurais pas su le dire avec des mots, je l'avais intégré intimement, compris.
Emelire, je crois que le nom de ton blog est bien compris comme un clin d'oeil a cette célèbre phrase de notre enfance.
Et d'ailleurs, même je suis souvent pas d'accord avec toi, si j'avais à décerner le prix du plus beau titre de blog, dans ceux que j'ai parcouru, ça serai sans hésitation le tiens qui l'aurai (et je suis sur que plein de gens seraient d'accord).
9. Le dimanche 7 février 2010, 13:48 par Sophie
H : "de ne pas réinventer l'eau chaude à chaque fois qu'une féministe se souvient de sa scolarité primaire"
Troll, poubelle.
9. Le dimanche 7 février 2010, 13:48 par Sophie
"...car compte tenu du fait qu'il est une dette de plusieurs siècles inégalitaires envers les femmes, justice serait d'inverser la règle en le féminin l'emporte."
..............................
On ne mentionne quasiment jamais cette règle du "masculin qui l'emporte" sans un demi sourire ou un petit clin d'oeil qui en souligne le double sens. La grammaire a bon dos.
Dans d'autres cas, accord du participe passé par exemple, la grammaire se contente de dire "s'accorde" ou "ne s'accorde pas". Nulle part je n'ai vu écrit que le participe passé "reste au masculin" en cas de non accord.
Quant aux langues qui prévoient le neutre, notons pourtant que la langue allemande dit "das" (neutre) "mädchen" (jeune fille).
Je change un peu de sujet mais concernant le "masculin qui l'emporte" dans la langue française, il y a une autre situation qui me gêne depuis longtemps et dont Olympe a déjà parlé : c'est l'emploi systématique de "homme" pour dire être humain et notamment pour la déclaration universelle. En anglais, bien belle langue où tous ces problèmes ne se posent pas, on dit : Universal Declaration of Human Rights. Il n'y a qu'en France qu'on ne l'a pas traduite littéralement. Comme par hasard....D'autant que les rédacteurs de la déclaration avaient justement choisi de ne jamais utiliser des termes sexués.
Ali : merci ! ce que tu as écrit me fait plaisir car le nom du blog s'est imposé à moi comme une évidence quand j'ai eu envie de créer un blog ... ça peut être compris soit avec humour (le masculin l'emporte ... renversé) soit pour du sérieux (le féminin l'emporte pour telle ou telle donnée : bas salaires, temps partiel, travaux ménagers, etc.) ...
Ms Agnès : et je dirais même plus, pour mettre "des droits humains" en français c'est pas que c'est pas traduit mais c'est "vent debout" contre droits humains ... ce qui effectivement est significatif.
C'est marrant je me souviens aussi qu'on m'a expliqué cette règle, et que l'institutrice avait spécifié que la langue française était mal faite à ce sujet... Et dans le sport que je pratique (l'équitation) on parle de monitrice et pas d'entraineuse.
Je découvre ton blogue et réalise encore combien la France et le Québec ne vivent pas la même réalité féminine... D'ailleurs j'ai été étonnée de réaliser que "l'homme rose" est un animal inconnu de l'hexagone... Ici le féminin l'emporte même dans l'orthographe. Ainsi l'on dit et l'on écrit une docteure. Toutes les professions qui n'ont "habituellement" qu'une appellation masculine se décline ici au féminin. Tout simplement parce-que cela fait partie de notre réalité.. Aussi dans chaque texte officiel où "ils" est utilisé pour mentionner des femmes. Une petite note de fin de texte mentionne le fait. Cela me fait toujours sourire...
Ici les femmes ont assez de pouvoir pour que les hommes pensent à un nouveau concept... le masculinisme...
il est clair que dans la langue le masculin est considéré comme la référence, l'universel et le féminin comme une exception: dans les dictionnaires, les mots sont donnés d'abord au masculin et le féminin précisé en annexe (et pas dans tous les cas pour les noms de profession pas exemple). C'est symptomatique d'une façon de penser le monde, les femmes étant considérées comme une "minorité" .
la langue exprime des relations de pouvoirs dans la société: ce n'est pas un hasard si "noble" qui désigne la classe sociale supérieure est un adjectif hautement positif (élevé, grand, beau, sublime, courageux, généreux...) alors que "vilain" qui désigne à l'origine l'habitant de la campagne (vilanus - villa), puis le paysan libre au Moyen-âge est devenu un adjectif largement péjoratif (méchant, laid, mauvais, grossier, bas)!
La règle d'accord n'est plus formulée "le masculin l'emporte sur le féminin" dans les nouveaux manuels scolaires - normalement. c'est aussi le travail de chercheurs et chercheuses qui ont amené à une réécriture des manuels scolaires. par exemple en histoire, j'avais dans mon manuel scolaire que la révolution française avait inventé le scrutin universel. Maintenant, il est écrit "scrutin universel masculin". je me souviens à l'époque d'avoir été choquée d'entendre parler de scrutin universel alors que les femmes n'avaient pas le droit de vote! petit à petit, on avance...
et allez pour le plaisir.... dans le Robert, un des synonymes proposé pour "noble" est "mâle"!
" Ils " est souvent mixte dans le réel et masculin en grammaire.
Plus le réel sera mixte, plus le "ils" le sera.
C'est le vivant qui fait vivre la langue.
Et dans tout ça, le "nous" qui est seulement un pronom personnel pluriel vous l'oubliez? ( voir dans le Robert).
La grammaire a beaucoup de contradictions et pas toujours en défaveur des femmes.
Par ailleurs, si on pense avec des mots, on pense aussi avec des images et ce, de plus en plus.
Le "ils" va prendre forme dans nos esprît avec la mixité dans les images .
Je n'aime pas la barre ils/elles car si elle permet de dire ils et elles, visuellement une barre, c'est une barre soit une séparation.
La langue existe par sa grammaire ET son écriture.
De nouvelles expressions peuvent amener de nouvelles aberrations encore pire que celles que l'on souhaite voir disparaître.
Si le décorticage entomologique de la grammaire en vue de sa correction ne me semble pas la solution,
l'évolution des expressions dans le sens du réel est plus judicieuse . Ex: suffrage universel masculin et suffrage universel.
La disparition du "masculin l'emporte" dans les classes aussi car elle est fausse ( voir le "nous").
La grammaire française est pleine de contradictions a y regarder de près. Tant mieux!
Je suis désolée pour le petit chapeau circonflexe sur le mot" esprit". Mais l'esprit est dans la tête, non?
Je me souviens de ma semblable perplexité à l'énoncé de cette règle, « le masculin l'emporte »... que j'ai tardé à remettre en question. Ça fait maintenant longtemps que je m'efforce de ne pas la respecter. Mais plutôt que de faire des accords rigolos comme la Barbe le préconise, je reformule mes phrases pour éviter les accords problèmatiques afin de ne pas introduire de bizarrerie qui ferait tiquer le lecteur ou la lectrice. J'essaye d'écrire mixte (pas neutre, ni masculin, ni féminin ; j'ai bien dit mixte).
C'est un excellent exercice et avec le temps ça vient tout seul. Les textes où le masculin l'emporte encore me paraissent étranges, archaïques et grossiers : comme écrits dans un français ancien qui, peu évolué, n'arrivait pas à rendre compte de l'ensemble de ses locuteurs et locutrices.
Je suis un peu hors sujet, mais ça fait un moment que je voulais te poser la question (et je m'en excuse si tu la déjà évoquée) mais que penses-tu de la féminisation des titres, notamment universitaires?
A l'écrit, on peut utiliser illes ou els comme pronom. Celleux et toustes aussi.
Non, ce n'est pas admis par l'Académie et DG mais franchement, les vieux barbons réacs, qu'est-ce qu'on en a à faire ?
On peut aussi abandonner la langue française...
Et la laisser aux "vieux barbons réacs" dont les conseils sont suivis par les médias, radio, télé et autres publicistes et imprimeries... hélas! conditionnant ainsi les cerveaux de leur public béat!
Si "le masculin est considéré comme la référence" d'après Andréa qui repère que "dans les dictionnaires les mots sont donnés d'abord au masculin", c'est que ces messieurs ont imposé leur vue et que ces dames non seulement s'y plient mais les véhiculent souvent de leur côté.
C'est une vue androcentrique qu'il serait temps d'abandonner, ce me semble, dans la mesure où elle a été génératrice de tous les malheurs de la terre: les guerres, l'exploitation éhontée des peuples et des matières premières et d'une manière générale la prédominance de l'un sur la diversité et, dans un premier temps, sur la mixité naturelle.
En français, il existe un substantif au féminin qui désigne tous les individus. C'est le mot "personne".
Pourquoi ne pas l'employer systématiquement et adopter ainsi un féminin généralisateur?