Comment les hommes peuvent-ils prendre les femmes ?
Par Olympe le lundi 12 octobre 2015, 22:50 - Lien permanent

Si on y réfléchit bien cette expression est curieuse car il me semble que si l'un des partenaires est "pris" lors d'un acte hétérosexuel, ce serait plutôt l'homme. Je ne vais pas vous faire un dessin.
Prendre, dans ce sens signifie, définition trouvée dans un lexique : Soumettre, conquérir. Prendre une forteresse, une place forte. La capitale a été prise. Prendre un navire à l'abordage. Spécialt. Prendre une femme, la posséder. Prendre une femme de force, la violer.
Ce n'est probablement pas un hasard si le paragraphe se termine sur la viol car dans "prendre" il y a l'idée de "se servir".
C'est bien la conquête qu'a voulu évoquer François Fillon. Très valorisante pour le conquérant, elle fait fi du choix actif de la femme qui n'a qu'à se laisser conquérir. On dit alors qu'elle "cède", ou, dans le cas contraire "qu'elle se refuse" (alors qu'il serait plus juste grammaticalement parlant de dire qu'elle refuse). Surtout, l'idée d'être "prise" sous entend que la conquête y perd quelque chose.
Quoi ?
Son corps ? comme le suggère cet article à propos d'une hôtesse de l'air "Elle offrait son corps en plein vol depuis 2 ans". Drôle de cadeau puisque la suite de l'article nous apprend qu'elle empochait 1 800 € pour cela. Et nous avons tout lieu de penser qu'elle est encore en possession de son corps, qui n'a donc pas été offert en réalité.
Quoi donc alors ?
Son honneur ? Apparemment c'est cela. dans notre inconscient collectif traine l'idée qu'une femme "prise" est déshonorée, et sa famille avec. Peut importe d'ailleurs qu'elle ait choisi ou subi et Lucrèce qui préfère se suicider après avoir été violée reste une héroine. C'était en 500.
Mais en 2015, en France, on peut entendre une journaliste du Figaro interviewant une jeune femme ayant échappé à Daech, lui demander pudiquement, en parlant de ses compagnes de captivité (à 3'15) "certaines n'ont pas pu empêcher d'être déshonorées par les djihadistes". Euphémisme mal venu pour parler de viols et de tortures.
Alors, si tout l'objet des campagnes des associations féministes consiste à essayer que la honte change de camp, il serait probablement utile de commencer par ce que les hommes ne se glorifient plus de prendre une femme
Image : l'une des multiples illustrations de l'enlèvement des Sabines.