Concours pour gagner un livre , Les gagnantes
Par Olympe le lundi 19 mars 2012, 23:05 - Lien permanent
La tache du jury a été difficile et il a eu du mal d'une part à choisir, ensuite à tomber d'accord. Tellement de mal d'ailleurs ce sont finalement 3 gagnantes qui recevront le livre.
Simone, Clmnc, Julie
Envoyez moi un mail [email protected] avec votre adresse postale
Notons que les hommes ont brillé par leur absence.
Simone nous raconte une histoire horrible, mais datant des années 50 (ouf ! ça n'arrive plus)
Je m'en souviens encore très bien .... C'était pendant l'année scolaire
1953/1954, en classe de CE2. Nous avions un instituteur sadique ... surtout
avec les filles. Son habitude : il tirait les joues des filles pour les inviter
à venir réciter la leçon. Il est venu plusieurs fois me chercher à ma place, me
tirait la joue pour que je me lève et m'accompagnait ainsi jusqu'au tableau.
J'ai du réciter le verbe être , debout à côté de ma place, lui à côté de moi me
pinçant les lèvres afin que aucun son ne puisse sortir de ma
bouche.
Mais la situation la plus humiliante, si je puis dire, fut celle où un jour il
s'est mis en tête de nous expliquer une règle de grammaire. Il est venu me
chercher à ma place, ainsi que le garçon assis à mes côtés. Nous voilà face à
la classe devant le tableau. L'instituteur se met derrière moi, me signifie de
mettre les mains derrière mon dos , les attrape et les maintient avec force.
Ensuite il demande à mon camarade garçon de me donner une gifle. Je crois qu'il
a un peu hésité, puis s'est exécuté (heureusement pas fortement !). Bien sur
quasiment ligotée je ne risquais pas de lui rendre la pareille. Ensuite il
s'est tourné vers les élèves (me maintenant toujours) et a expliqué sa
démonstration : le masculin qui l'emporte toujours sur le féminin. Je n'ai
jamais digéré cette humiliation.
Voici peu de temps, j'ai lu sur un blog féministe, que , des féministes
demandaient à ce qu'on modifie cette règle de grammaire. Je suis de tout coeur
d'accord.
Clmnc nous fait une chronique des remarques entendues sur sa vie sexuelle.
le jour où, à 23 ans, j'ai déclenché le papillomavirus, virus qui peut ne se contracter que lorsqu'on est sexuellement active. Une tante, infirmière de son état, m'a ainsi expliqué le plus naturellement du monde que c'était de ma faute et que les femmes, de par leur fragilité physique, se devaient de pratiquer l'abstinence afin d'éviter de s'attirer des problèmes gynécologiques... (au passage, toujours réconfortant lorsqu'on vient d'apprendre qu'on avait des cellules pré-cancereuses)
Aujourd'hui, j'ai vingt-six ans et j'évoque ma vie amoureuse au strict minimum en famille. Mais si mes parents se sont calmés sur leur peur de ma sexualité, depuis qu'ils savent que j'ai un petit ami depuis plusieurs années, je ne semble exister qu'à travers lui : "tu es allée au cinéma? Qu'est-ce que M. a pensé du film ?" ou "comment va le travail de M. ?"
et Julie se rappelle sa perplexité
Mais je pense que finalement, le souvenir qui me revient avec le plus de force est le premier. Je devais avoir 5 ans, j’étais à l’école maternelle et je discutais avec ma meilleure amie sur le fait d’être une fille. Elle me disait, « moi j’aime bien être une fille parce qu’on peut porter des robes ». J’étais restée silencieuse un moment, je me rappelle bien avoir réfléchi à la question : « moi j’aime être une fille parce que… », parce que rien, en fait. Tout ce que j’aime faire, sauter dans les flaques, courir dans les chemins, monter de grands projets, emmener les autres en criant « en avant les gars ! » (ce qui faisait bien rire mon institutrice, mais je ne connaissais pas de féminin pour « gars »), tout ça n’était guère associé à l’image que même moi avait d’une petite fille. On me qualifiait plutôt de garçon manqué.
Commentaires
o_O Trois récits édifiants. Bon premier flippant, deuxième absolument génial et troisième bien décrit. Félicitation aux gagnante qui ont bien mérité une petite tape dans le dos et un super bouquin :)
Olympe : « Notons que les hommes ont brillé par leur absence. »
J’en avais bien une ou deux à raconter, mais comme j’étais dans le jury… ;-p
Wouhou ! Merci Olympe, merci le jury :)
Quelle affreuse histoire celle de Simone ! Aujourd'hui, une maman me racontait que dans la maternelle de sa fille, la maîtresse avait expliqué qu'il y avait des couleurs pour les filles et des couleurs pour les garçons...
En 1996 environ, instits des écoles "maternelles" tenaient pour normal que le foot soit pour les garçons, et surtout que mon fils n'aimant pas (et aujourd'hui pas plus) jouer aux pseudos sports d'équipe (dont la grande solidarité consiste à filer des coups dans les chevilles et les talons... sans parler des mâles émotions des vestiaires), j'étais suspecte de le materner...
Cela aurait-il changé depuis ?
Je viens d'aller lire les témoignages. C'est terrible.
Je me rends compte à quel point j'ai eu de la chance, tant dans l'éducation que j'ai reçue de mes parents que dans mon parcours scolaire, puis, actuellement dans ma vie professionnelle. (ingénieur en bâtiment dans la fonction publique, retour de congé mat', je suis fortement par mon directeur pour une nomination au grade supérieur).
Ici, victoire ce matin, ma fille de 3 ans et demi, croisant un petit garçon sur un vélo rose se tourne vers moi et me dit "le rose c'est pour les filles et les garçons !" "oui ma chérie, toutes les couleurs sont pour tout le monde".