La tache du jury a été difficile et il a eu du mal d'une part à choisir, ensuite à tomber d'accord. Tellement de mal d'ailleurs ce sont finalement 3 gagnantes qui recevront le livre.

Simone, Clmnc, Julie

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Notons que les hommes ont brillé par leur absence.

Simone nous raconte une histoire horrible, mais datant des années 50 (ouf ! ça n'arrive plus)

Je m'en souviens encore très bien .... C'était pendant l'année scolaire 1953/1954, en classe de CE2. Nous avions un instituteur sadique ... surtout avec les filles. Son habitude : il tirait les joues des filles pour les inviter à venir réciter la leçon. Il est venu plusieurs fois me chercher à ma place, me tirait la joue pour que je me lève et m'accompagnait ainsi jusqu'au tableau. J'ai du réciter le verbe être , debout à côté de ma place, lui à côté de moi me pinçant les lèvres afin que aucun son ne puisse sortir de ma bouche.
Mais la situation la plus humiliante, si je puis dire, fut celle où un jour il s'est mis en tête de nous expliquer une règle de grammaire. Il est venu me chercher à ma place, ainsi que le garçon assis à mes côtés. Nous voilà face à la classe devant le tableau. L'instituteur se met derrière moi, me signifie de mettre les mains derrière mon dos , les attrape et les maintient avec force. Ensuite il demande à mon camarade garçon de me donner une gifle. Je crois qu'il a un peu hésité, puis s'est exécuté (heureusement pas fortement !). Bien sur quasiment ligotée je ne risquais pas de lui rendre la pareille. Ensuite il s'est tourné vers les élèves (me maintenant toujours) et a expliqué sa démonstration : le masculin qui l'emporte toujours sur le féminin. Je n'ai jamais digéré cette humiliation.
Voici peu de temps, j'ai lu sur un blog féministe, que , des féministes demandaient à ce qu'on modifie cette règle de grammaire. Je suis de tout coeur d'accord.

Clmnc nous fait une chronique des remarques entendues sur sa vie sexuelle.

le jour où, à 23 ans, j'ai déclenché le papillomavirus, virus qui peut ne se contracter que lorsqu'on est sexuellement active. Une tante, infirmière de son état, m'a ainsi expliqué le plus naturellement du monde que c'était de ma faute et que les femmes, de par leur fragilité physique, se devaient de pratiquer l'abstinence afin d'éviter de s'attirer des problèmes gynécologiques... (au passage, toujours réconfortant lorsqu'on vient d'apprendre qu'on avait des cellules pré-cancereuses)

Aujourd'hui, j'ai vingt-six ans et j'évoque ma vie amoureuse au strict minimum en famille. Mais si mes parents se sont calmés sur leur peur de ma sexualité, depuis qu'ils savent que j'ai un petit ami depuis plusieurs années, je ne semble exister qu'à travers lui : "tu es allée au cinéma? Qu'est-ce que M. a pensé du film ?" ou "comment va le travail de M. ?"

et Julie se rappelle sa perplexité

Mais je pense que finalement, le souvenir qui me revient avec le plus de force est le premier. Je devais avoir 5 ans, j’étais à l’école maternelle et je discutais avec ma meilleure amie sur le fait d’être une fille. Elle me disait, « moi j’aime bien être une fille parce qu’on peut porter des robes ». J’étais restée silencieuse un moment, je me rappelle bien avoir réfléchi à la question : « moi j’aime être une fille parce que… », parce que rien, en fait. Tout ce que j’aime faire, sauter dans les flaques, courir dans les chemins, monter de grands projets, emmener les autres en criant « en avant les gars ! » (ce qui faisait bien rire mon institutrice, mais je ne connaissais pas de féminin pour « gars »), tout ça n’était guère associé à l’image que même moi avait d’une petite fille. On me qualifiait plutôt de garçon manqué.