En attendant la PMA
Par Olympe le lundi 27 janvier 2014, 19:14 - Lien permanent
En avril 2012 elle avait évoqué son désir d'enfant et l'espoir qu'elle mettait dans l'élection de François Hollande qui avait promis d'autoriser la PMA (Procréation Médicale Assistée) pour les couples de femmes. Tenter l'insémination avec le sperme d'un ami ne leur paraissait pas envisageable et aller en Belgique pas très possible.
2 ans c'est long si on attend un enfant et Je lui ai demandé où elles en étaient de leur projet.
Voici le texte qu'elle m'a envoyé, et autorisée à publier ici.
Pour la PMA notre point de vue a évolué avec le temps. La dernière fois que nous en avions parlé, il me semble que je te disais que nous préférions l'option d'une PMA à l'étranger, en Belgique, par exemple : dans ce pays-là, c'est autorisé. A l'époque, nous n'imaginions pas, de toutes façons, d'avoir un enfant si la loi ne nous permettait pas de l'adopter à deux : il était impensable que nous l'élevions toutes les deux sans être sûres qu'en cas de malheur (le décès de l'une d'entre nous), l'enfant soit confiė à la survivante.
La loi nous permet aujourd'hui de nous marier et d'adopter à deux un enfant. Malgré l'imperfection de la situation, puisque nous ne pouvons toujours pas bénéficier d'une PMA en France, cela change notre vision des choses.
La PMA telle qu'elle existe en Belgique n'est pas l'idéal à plusieurs égards : elle est très restreinte pour les Françaises, d'abord, elle est une démarche extrêmement coûteuse autant en argent qu'en temps et, surtout, elle ne garantit pas l'accès aux origines de l'enfant.
Mais la chose est très compliquée : il faut trouver un ami prêt à faire cette démarche. Pour en avoir parlé avec quelques uns, très vite se posent de multiples questions : et si l'enfant veut que je joue mon rôle de père ? Et si cela posait un problème à ma femme ? Et si mes autres enfants y voyaient un problème ? Et si vous en veniez, plus tard, on ne sait pas, à me demander des comptes ? On ne peut pas abandonner ses droits de paternité, on ne sait pas ce que réserve la vie : et si moi, plus tard, je voulais exercer mon droit de père vis à vis de cet enfant ?
...Bref, nous sommes doucement en train de faire le deuil de la maternité. Ce serait pourtant une belle réalisation de notre couple et de notre amour, nous serions sans doute des mères aimantes...A vrai dire, je te l'ai déjà dit, je crois, je n'ai pas en moi un vrai désir de maternité mais je ne peux pas dire que je ne ressens pas un pincement jaloux quand je vois toutes mes amies épanouies dans leur maternité. Je ne dis pas que je n'envie pas ce qu'elles vivent, ce qu'elles partagent avec leurs enfants. Je crois que c'est une jalousie qui n'a pas tellement lieu d'être : nous sommes heureuses, pleines de projets...
Commentaires
C'est triste tout ça :/ juste parce qu'un groupe de personnes ne pense pas que c'est "moral" (j'aimerais bien une définition complète et une liste exhaustive de tout ce qui est non-naturel et moral et tout ce qui est non-naturel et amoral car j'ai toujours pas compris leurs explications...). J'espère qu'une solution acceptable se présentera rapidement pour ce couple car c'est vraiment déprimant ce rêve gâché à cause de la politique :/ !
Témoignage très touchant.
Je sais, parce que j'en ai chaque jour un exemple vivant sous mes yeux, qu'un enfant qui a deux mamans peut être parfaitement épanoui.
Machin, un garçon de 3 ans, dans ma classe de Petite Section de maternelle est un enfant très éveillé, curieux. Il connait son papa biologique et commence à apprendre sa langue paternelle, celle aussi de la maman qui l'a porté.
Il va avoir un petit frère bientôt, du même papa biologique.
Les deux mamans sont épanouies, le petit aussi.
Alors que je vois tant d'autres enfants élevés sans cadre, hors de tout langage, qui préfèrent la violence à la parole.
Un bel exemple !!!
D'abord, la collègue enceinte jusqu'aux yeux, elle sera peut-être en pleine dépression dans six mois... Ou alors, elle est peut-être très jalouse de tous ces projets qu'elle, elle ne peut pas réaliser. L'herbe est toujours plus verte dans le jardin d'à côté. Je pense qu'on ne peut réellement "pas comprendre" à quel point c'est contraignant d'élever un enfant tant qu'il n'est pas arrivé.
Ensuite, je trouve les interrogations des hommes interrogés très pertinentes, et c'est plutôt une bonne nouvelle que ces questions soient posées. En effet, cette démarche n'est pas si simple.
A part ça, la PMA et la GPA sont certes très très différentes dans leur réalisation et dans leurs conséquences, mais l'idée de base semble bien être la même, c'est ce fameux "droit à l'enfant" qui fait bondir beaucoup de gens. Je n'ai pas encore réussi à me forger une opinion sur la PMA pour les couples d'homosexuelles (alors que je suis farouchement contre la GPA). Mais je trouve que cette question de la place de l'enfant comme élément indispensable au bonheur d'un adulte mérite d'être posée.
Sinon, l'adoption ? Je sais que c'est souvent difficile, et que contrairement à ce qu'on croit, l'amour ne vient pas à bout de toutes les difficultés. Je sais aussi que les délais sont très longs quand on ne va pas "acheter" un gamin à l'étranger, et même dans ce cas. Mais ça peut être une si belle aventure...
Pas très fan du "droit à l'enfant", perso. Du coup, la PMA... je suis plutôt contre. Pas spécifiquement pour les couples homosexuels d'ailleurs, contre tout court, quelque soit le couple. Et bien évidemment contre la GPA aussi.
Au delà de créer une inégalité de plus envers les couples homo hommes, je trouve le côté... "bien de consommation" pas assez éthique à mon goût. Certes, un couple de femmes pourra toujours plus facilement se débrouiller pour trouver un donneur "officieux" qu'un couple d'hommes... mais je trouve que ce caractère "officieux" justement doit le rester. Oui, cela implique une tierce personne, oui cela peut poser des problèmes à ladite tierce personne, et c'est aussi un engagement de confiance de part et d'autres. Et au final, je ne trouve pas ça si mauvais. De mon point de vue, moins que "la pioche à l'aveuglette" en tous cas.
Très bel article, comme tous les autres d'ailleurs (on ne prend jamais le temps de le dire assez ; et comme je suis lancée, j'en profite pour vous remercier de continuer à écrire ce très chouette blog).
Les commentaires précédents parlent de "droit à l'enfant" et associent cette expression à quelque chose de consumériste, par opposition peut-être à quelque chose de plus noble. Mais je ne comprends pas. En l'état actuel des choses, oui, une simple partie de jambes en l'air donne ce droit à l'enfant. Dans le genre "caprice", c'est pas mal, non? Cette procréation non assistée n'implique pas plus de réflexion, pas plus de désir, pas plus de noblesse. Presque moins : ça peut paraître bête ou simpliste de dire cela, mais un enfant conçu par PMA, on est sûr qu'il est désiré!
Et je n'ai pas vraiment réfléchi à la question, mais je m'aventurerai presque à dire que justement, quand on est un couple qui s'aime et qui veut donner du respect, de l'amour, du savoir, du rire à un enfant (et qu'il n'y a pas de contre-indication d'ordre médical, ce qui arrive rarement), on devrait avoir le droit d'élever un enfant. Peut-être que cette expression est plus juste et moins dérangeante.
Par ailleurs, un détail qui m'interpelle dans l'article est le fait que ces deux femmes tiennent à ce que les origines biologiques de l'enfant soit disponibles. Je ne comprends pas, sincèrement. Loin de vouloir cacher quelque chose à l'enfant en question, si le géniteur n'est pas voué à jouer un rôle dans l'éducation de l'enfant, sa qualité de géniteur ne fait pas de lui un parent. Je pense vraiment que n'ont droit au titre de parent que ceux qui participent effectivement à l'éducation et au développement de l'enfant. Et que la généalogie n'a aucune importance. D'autant plus que l'anonymat évite les problèmes évoqués dans l'article.
Didi, j'ai une soeur et une cousine qui ont été adoptées. A chaque fois qu'on leur pose la question des antécédents médicaux, elles ne peuvent pas répondre. L'une d'elle a découvert qu'elle avait une maladie génétique grave, qui aurait pu être détectée plus tôt si elle avait eu accès à l'historique médical de sa famille. Et en cas de nécessité de don d'organes compatibles etc., ça peut être utile aussi.
Sans compter que quoi qu'il arrive, et quelle que soit la dose d'amour reçue, un enfant adopté ou conçu par don de sperme aura toujours, toujours envie de savoir "d'où il vient". Bien entendu que ça ne fait pas du géniteur un père. Mais c'est important.
Je trouve donc au contraire que c'est vraiment bien de la part de ces deux femmes de prendre ça en compte.
Ah... nos rencontres de blogueuses... où on pouvait se dire des choses aussi importantes -essentielles, existentielles - que celles que tu abordes ici. Merci à la MDBlogueuse pour ce témoignage si pertinent. Bises