Chaque année je surveille les admissions au concours d'entrée de
l'ENA.
La progression de la parité y est inexistante si on regarde les variations
sur 10 années. 2013 est une très mauvaise année de ce point de vue..
ça ne va pas aider à remplir l'objectif d'une meilleure féminisation de la
haute fonction publique. Rappelons
que l'objectif fixé par décret est de 40% de femmes en 2018.


Aucune explication n'est donnée.
Chaque année le jury rédige un rapport sur le déroulement du concours. (que
vous pouvez
trouver ici, le dernier en ligne étant celui de 2011)
Celui de 2011, présidé par un homme, à considéré que la parité n'était pas
un sujet.
"Aucune
attention particulière n'a été donnée à ce qu'il est convenu d'appeler la
recherche de la "diversité sociale" ou de la parité homme femme. Cela ne
signifie aucunement que ces formes de diversité ne sont pas souhaitables en
elles-mêmes.
Ainsi les jurys
- et notamment pour l'épreuve orale d'entretien - n'ont pas souhaité disposer
d'informations allant au-delà de celles strictement nécessaires et reportées
sur la notice individuelle préalablement remplie par chaque
candidat.
C'est donc à l'actif
des seuls mérites des candidates qu'il faut mettre la constatation
ex post
d'un
taux global de féminisation plus important en 2011 que pour les résultats des
précédents concours "
Celui de 2010, présidé par une femme s'était par contre penché sur la
question.
"En
particulier, le jury a beaucoup regretté de ne pas voir plus de
candidates
admissibles mais
aussi de voir cette proportion encore réduite après les oraux. Malgré
l’attention que nous portions à ce sujet, nous nous sommes refusés à donner une
quelconque préférence aux femmes dans notre système de notation ; les
candidates reçues l’ont toutes bien mérité par leurs compétences, leurs
qualités et leurs connaissances. Certaines ont été tout à fait
remarquables.
Mais nous avons
été aussi souvent surpris par le manque de confiance en soi que certaines
candidates laissaient apparaître, malgré un CV très intéressant : cela
transparaissait à la fois dans leur « ton », monocorde, lent, peu dynamique et
dans leur difficulté à prendre position et exprimer une opinion, notamment en
s’appuyant sur leurs expériences. J’en suis arrivée à la conclusion qu’il
faudrait peut-être avoir des séances de préparation adaptées aux jeunes femmes
pour les aider à mieux utiliser leur potentiel"
Il serait vraiment intéressant de connaitre la répartition des candidats, le
taux de femmes admissibles. Je n'ai pas trouvé ces données sur le web (ce qui
ne signifie pas qu'elles n'y sont pas).
Quand au ton monocorde et peu dynamique et leur difficulté à prendre
position il y aurait matière à discuter. Dans mon livre j'ai longuement
développé les doubles injonctions auxquelles sont confrontées les femmes. L'une
d'elle étant qu'une femme qui apparait sûre d'elle fait vite figure
d'arrogante, qualificatif dont ce même jury a justement précisé quelques pages
plus haut qu'il n'appréciait pas ce type de comportement. Compliqué donc pour
les filles.
En tout cas je trouve que le minimum du minimum serait d'avoir une vraie
étude complète sur la non parité à l'ENA qui apparait quand même comme une
anomalie du soi disant système méritocratique. A moins d'admettre que les
filles sont moins méritantes et compétentes que les garçons pour diriger
l'administration.
Les chiffres proviennent
du site de l'ENA,
liste ici pour le dernier concours