Lindsey Vonn, grande championne de ski
domine sa discipline chez les femmes et a déja tout gagné (Championnat du
monde et jeux Olympiques) . Elle a demandé une dérogation à la Fédération
internationale pour participer aux épreuves masculines qui se tiennent fin
novembre au Canada.
Apparemment il n'est pas du tout certain qu'elle l'obtienne.
Vous pouvez voir à ce sujet le billet de
Sportissima ou l'article de
20 minutes.
On peut y lire les propos méprisant de ses collègues hommes au sujet de
cette demande. D'après eux elle "ne se rend pas compte de l’écart de niveau
entre les filles et les garçons en vitesse.». Ce qui est sûr c'est que
pour eux, se faire battre par une fille serait une honte car
"Un bon coup de pied au cul, ça ne peut pas faire de
mal.
L'équipe
a recensé les sportives ayant "défié les hommes". On peut voir que ce
sont les sports où l'effort est "partagé" avec une machine : voile , Moto,
Formule 1 ou un animal (équitation) qui leur réussissent le mieux.
Mais le fait que les femmes aient du mal à s'imposer dans des sports comme
le golf prouve bien que les aptitudes physiques (force, rapidité) ne sont pas
seules en jeu et que d'autres éléments sont à prendre en compte.
Il y a d'abord le fait que, en ne s'entrainant qu'avec des femmes moins
performantes qu'elle une championne comme Lindsey Vonn ne bénéficie pas
de la même émulation que ses homologues masculins et on sait qu'en sport
l'émulation est une source de progrès.
On sait aussi que le sport féminin est moins reconnu, moins rémunéré et
bénéficie donc de moyens très inférieurs, ne permettant pas aux sportives de
profiter des mêmes conditions tant en confort (qu'on se rappelle que certaines
équipes féminines se sont rendues aux JO en classe économique alors que leurs
homologues étaient eux en classe affaire), en matériel qu'en disponibilité.
Il y a encore d'autres raisons, beaucoup plus subtiles et invisibles. Dans
son livre sur le jeu d'échecs "La diagonale du succès" Maurice Ashley se
demande pourquoi il y a aussi peu de femmes parmi les 100 premiers mondiaux (1
seule lorsque le livre est paru). Les explications qu'il apporte sont
tout à fait transposables aux activités physiques.
Il a interrogé des joueuses parmi les plus fortes et a retenu 4
raisons :
1/ la force des stéréotypes.
3 grandes joueuses lui ont expliqué combien elles avaient du s'accrocher
pour continuer
« Je crois que les plus gros obstacle fut mon père,
Au début, cela ne le dérangeait pas, puis, quand il s’est aperçu à
quel point j’aimais ça et que je voulais tout le temps jouer, il n’aimait plus
tant que ça. Il pensait que les échecs ce n’était pas pour les
filles. »
«On considère dans le monde entier que les échecs sont un jeu de
garçons. Jusque récemment, on attendait des filles qu’elles choisissent la
danse de salon et la musique, des activités socialement plus
féminines. »
"Les femmes ne sont pas autant encouragées que les garçons à pratiquer
des activités individuelles de compétition. Tout le monde pense que c’est
bizarre pour une fille de s’enfermer des heures dans sa chambre pour étudier
les échecs. On qualifiera plutôt ce comportement d’étrange que d’ambitieux ou
déterminé. »
2/ le sentiment de
devoir prouver qu'on est à sa place
Une joueuse explique
que «Au début, les garçons refusaient de jouer contre moi. En tournoi,
certains étaient gênés quand ils voyaient qu’ils devaient m’affronter. Ils
commençaient à se faire chambrer par les autres garçons qui leur disaient
« t’as pas intérêt à perdre contre une
fille ! ».
Propos corroborés par une joueuse de golf qui
reconnut, après avoir participé à une compétition avec des hommes que cela
avait été l’expérience la plus difficile de sa vie car elle avait l’impression
de secouer le joug de la condition féminine.
Indéniablement cela rajoute de la pression à un
moment où celle-ci est déja très élevée et on comprend aussi que beaucoup de
jeunes filles renoncent à s'imposer dans un univers qu'elles perçoivent comme
hostile. D'autant plus qu'elles ont intégré les stéréotypes et pensent que les
garçons sont meilleurs dans ce type d'activité.
3/ le fait d'être regardée comme une femme plutôt que comme une
compétitrice
Une joueuse explique nettement "
Il y a un problème qui n’est pas spécifique
au monde des échecs : celui d’être une fille regardée comme un objet
sexuel, une fille entourée d’hommes. Il existe souvent une compétition entre
les hommes pour savoir qui aura du succès auprès de la fille en question.
Evidemment, certaines filles aiment être entourées de ce genre d’attentions,
mais beaucoup d’entre elles préfèrent arrêter de jouer parce qu’elles se
sentent mal à l’aise dans un environnement où elles ne se singularisent pas par
leurs qualités aux échecs, même si elles jouent bien. Ce n’est pas une
situation très saine. »
4/ La peur de faire peur
Les filles pensent que les garçons préfèrent les filles jolies aux filles
intelligentes et qu'il vaut mieux ne pas faire preuve de trop d'esprit.
Pour ce qui est des activités physiques, on sait aussi que la norme pour
les femmes est de ne pas être trop musclées.