Il y a 6 mois je n'avais jamais entendu parler du strip burlesque. Puis il y a eu le film "Tournée" que je n'ai pas pu voir pour cause de programmation éclair dans ma ville, mais qui avait donné lieu à une belle polémique sous l'un de mes billets. Polémique à laquelle je n'ai pas compris grand chose ne connaissant rien au sujet. A priori un film sur le strip tease, fut il burlesque, ne pouvait que me paraître suspect dans la mesure où il était fait par un homme.
Puis il y a eu un échange avec une blogueuse qui connait bien ce milieu et m'a proposé d'aller à une soirée. On va essayer de trouver une date en janvier car je suis très motivée depuis que j'ai vu hier soir le documentaire sur la 3 : "strip burlesque ou la philosophie du corset"
A priori "strip" et "corset" ne semblent pas compatibles avec le féminisme. Le strip tease tel qu'il est habituellement pratiqué dans les cabarets ou porncenter (je ne parle pas évidemment de ce qui se passe dans l'intimité ou des expériences que peuvent tenter certaines) n'est rien d'autre que la mise en valeur d'une femme comme objet potentiel de consommation.
Quand au corset, il fait partie, avec les talons hauts des objets qui réussissent le double exploit de plaire aux hommes (ce serait lié à l'évolution : les femmes avec des hanches larges et une taille fine auraient statistiquement plus de chances d'être de bonnes reproductrices, quand aux pieds ils grandissent de 1/2 à 1cm avec l'âge d'ou l'association petits pieds/jeunesse/beauté) et de limiter la mobilité des femmes. De ces accessoires que les féministes des années 70 ont jetés aux orties et qui reviennent en force aujourd'hui.
Mais il se dégageait de ce documentaire une liberté et une puissance rares. Toutes ces "performeuses" ne se revendiquent pas féministes, l'une d'elle précise "on ne veut pas faire du féminisme anti-hommes, on fait du féminisme pro-femmes" . Et si l'idée du féminisme anti-hommes est un poncif éculé , je crois que j'ai compris ce qu'elle entendait par "pro-femmes". L'idée qu'on peut être femme autrement qu'en copiant les hommes, en se réappropriant son corps d'une façon qui m'a semblé tout à fait jouissive. Elles ne sont pas toutes canons et leur beauté ne correspond pas aux normes qui nous sont imposées aujourd'hui, loin de là, mais elles sont vivantes, dégagent de l'énergie et de la puissance.
Le spectacle, qui n'est pas simplement un strip tease mais une mise en scène, n'est pas destiné à faire bander les hommes disent elles, elles préfèrent d'ailleurs un public plutôt féminin. Mais si elles jouent avec le désir des autres, si elles utilisent de façon outrancière les codes de l'hyper féminité c'est pour les utiliser à leur façon à elles. C'est surtout qu'elles se préfèrent désirantes plutôt que désirées.
En espérant ne pas avoir été bernée par un reportage qui n'aurait montré que le coté pile, cachant peut être une autre facette plus sordide de la réalité, j'ai hâte de voir ça de près.