L'égalité des sexes à bonne école

C'est le titre d'un article d'Anne Chemin dans le Monde d'aujourd'hui que je vous invite à lire absolument. En 2004, dans le cadre du programme Egalité des sexes instauré par le gouvernement Suédois, une chercheuse a observé et filmé pendant plusieurs mois les enfants et les enseignants d'une école. Ses conclusions sont claires : les éducateurs, sans en avoir conscience, réservent aux filles et aux garçons des traitements bien différents.

Ils laissent parler davantage les garçons, et acceptent qu'ils interrompent les filles alors qu'ils demandaient aux filles d'attendre leur tour. Même leurs phrases sont différentes plus courtes et plus directives pour les garçons.

Les petites filles servent plus volontiers les autres à la cantine etc...

Désormais les éducateurs sont plus attentifs à leurs comportements et des moments de non mixité sont instaurés dans les activités.

Le gouvernement suédois a inscrit un budget de 11 millions d'Euros pour l'extension du programme égalité des sexes à toutes les écoles élémentaires.

En France les programmes suédois pour l'égalité des sexes font volontiers sourire (dixit Le Monde). Néanmoins le 8 mars â été crée un comité de pilotage de la convention pour l'égalité entre les filles et les garçons à l'école.

Un rapport de plus !

Commentaires

1. Le 14/11/2008, 22:56 par frieda l'écuyère

"La mixité est aussi suspendue, de temps à autre, pendant les repas : pour éviter que les filles jouent les auxiliaires de service, certains déjeuners se déroulent autour de tables séparées."
Et donc, dès qu'on revient à la mixité, en dehors de "certains déjeuners" on repart pour un tour et les filles recommencent à servir des garçons impatients ? Mais alors à quoi bon, si rien ne change ensuite ?
C'est consternant.

2. Le 15/11/2008, 08:16 par mebahel

Hé oui, avoir et induire un comportement non sexiste, c'est une démarche volontariste.
Ceci posé, dans notre réfectoire, ce ne sont pas les enfants qui servent les autres, mais les adultes.
Quand nous faisons de la gym, les équipes mixtes passent à la queue leu leu dans les ateliers, ce n'est pas 'libres' d'accès, comme ca, chacun-e a son 'tour' pour profiter des agrés ou de l'activité du moment.
En ce qui concerne le coin dînette/maison, j'y vois toujours autant de filles que de garçons et de même pour les jeux de construction/voiture.
Pour les conversations et autres moments de langage je veille à l'égalité de temps et de fond du discours.
etc etc
Ily a donc des moyens d'éviter la non-mixité: une surveillance constane de soi même et des enfants.
Mais comme frieda je me demande ce qu'il se passe 'après'.. et me console en me disant que peut-être ça aura laissé de bonnes bases?

3. Le 15/11/2008, 08:51 par mebahel

Autre chose:`
"Depuis 2005, les 24 éducateurs de cette école suédoise qui accueille une centaine d'enfants âgés de 1 à 5 ans"
Nous sommes 3 instits et 3 atsems pour 3X28 gamin-e-s.
Et, au moins les instits, nous fonctionnons de la façon décrite ci au dessus...et demandons aux atsems d'en faire autant: de toute façon elles ne sont seules avec les enfants qu'à la cantine (où officient aussi une cantinière et une préposée de plus) et aux garderires du matin et du soir (3/4 d'h).
Et au fait: les récrés.. nous veillons à ce que l'espace soit équitablement utilise/réparti.
Et ma foi ça marche.Nous interdisons le ballon (de toute façon ingérable pour d'autres raisons) cela seul évite des comportements de sélection par le sexe.Le toboggan, la balançoire e tla cabane sont utilisés alternativement par des grappes de gamins.
Je note que certains garçons (oui, garçons) peuvent avoir des comportements de 'c'est pas pour les filles', cette année, on en voit 2 comme ça, ils se font sermonner d'importance et moquer par les autres.
En fait ce sont des gamins dont les pères refusent tout autorité aux mères... ca se ressent donc dans l'école si l'on y prend pas garde.
Entendons nous: tout n'est pas idyllique, je vous parle de l'école où j'exerce actuellement.
J'en ai vu d'autres, dont l'une où il m'a fallu pousser une gueulante sur une collègue qui voulait acheter une table à repasser 'pour les filles' et un garage 'pour les garçons' en guise de cadeau de noel de sa classe (petite section) et d'autres où le contexte social (ben oui, les enfants n'arrivent pas vierges dans l'école, ils ont une famille et un quartier et un substrat socioculturel) engendrait une vraie lutte entre la conception familiale hypertradi (et religieuse) et l'égalitarisme prôné par l'école.
Note: en élémentaire, c'est sans doute plus accentué qu'en pré élem.

4. Le 15/11/2008, 10:49 par Marta

Un article d'autant plus intéressant que l'étude porte sur une école suédoise où l'on aurait pu s'attendre à des comportements moins archaïques que ce que l'on voit en France.
Il remet à nouveau en valeur ce que dit L Schweitzer au sein de la Halde : celui qui discrimine n'a en général pas conscience de discriminer. Et c'est bien là que réside toute la difficulté du combat féministe : combattre un ordre des choses "naturel".

Mehabel, bravo pour avoir réussi à virer la table à repasser de votre école ! Personnellement, dans mes objets de lutte contre la discrimination entre les sexes, je place le fer à repasser dans le haut de la liste. C'est absolument incroyable le nombre de femmes qui s'imaginent qu'un homme est incapable de faire ce boulot débilitant.

5. Le 15/11/2008, 11:45 par olympe

Ah la table à repasser !
Mehabel je ne doute pas que tu fasse très attention aux différences qui pourraient apparaitre dans ton école. Mais je trouve très intéressant, et tu sais que ça fait partie des sujets qui me passionnent, de dénicher nos comportements inconscients. Personne n'a conscience par exemple de faire des phrases plus courtes en s'adressant à un garçon.
Il est important de mettre à jour ces comportements que nous avons tous et toutes même en étant des féministes convaincues. On ne tire pas si facilement un trait sur 10 000 ans de culture.

6. Le 15/11/2008, 11:56 par mebahel

"Personne n'a conscience par exemple de faire des phrases plus courtes en s'adressant à un garçon." c'est bien pour cela que je dis que l'antisexisme, notamment en éducation, suppose une vigilance constante sur soi-même et que je disais aussi que dans les moments de langage je fais attention tant à laz quantité de temps octroyée à chacun-e mais aussi au contenu/fond du discours (les miens comme ceux requis des enfants).
Et j'admets que ce n'est pas facile,qu'il faut àç la fois de la conviction et de la bouteille pour y arriver.
Par ailleurs, j'aiguille ceux et celles que cela intéresse sur les travaux de Nicole Mosconi, par ex.
Enfin, comme le sujet me branche bien, Olympe, me permets-tu de mettre ton post suivi des comms sur mon blog, d'une façon ou d'un autre?

7. Le 15/11/2008, 12:04 par mebahel

Au fait, occase où jamais de relire ceci:
http://www.lmsi.net/spip.php?articl...
"La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation"

8. Le 15/11/2008, 15:54 par mebahel

Bon ben ayé, j'ai fait un post chez moi.
Merci Olympe d'en avoir été l'occasion et la source.

9. Le 15/11/2008, 17:07 par christophe

Excellente mise au point (comme d'habitude ^^)

J'avais donné aux élèves de seconde deux articles du monde sur ce thème, mais en France. On étudiait la socialisation différente selon les genres.
Je rajoute quelques remarques:
1 / les collègues le font inconsciemment (sauf exceptions - et à lire les commentaires, il y en a ^^).
2 / Même les enseignantes reproduisent des vieux clichés. Je me rappelle d'un reportage vidéo dans laquelle l'enseignante de biologie affirmait que, pour elle, il n'y avait pas vraiment de différences. Filmée en classe, elle demande à une élève de venir préparer l'expérience et à un élève de faire les démonstrations au tableau. Ce qui confirmait bien une représentation très traditionnelle des rôles masculins et féminins ^^
3 / j'ai lu, il n'y a pas longtemps, un entretien avec bruno lapeyronnie, un sociologue, à propos des relations filles - garçons dans les Cités. J'ai bien peut qu'on assiste à une radicalisation des rôles masculins et féminins...

Bref, olympe a encore largement de quoi alimenter son blog

10. Le 15/11/2008, 17:20 par mebahel

". J'ai bien peut qu'on assiste à une radicalisation des rôles masculins et féminins.."
En effet, nous sommes en plein backlash depuis mettons 10 à 15 ans facile.

11. Le 29/11/2008, 06:12 par Minerve

Parfaitement d'accord avec mebahel, et le pire, c'est que peu de gens s'en rendent compte ou veulent se l'avouer. C'est si triste... Il faut continuer de combattre le sexisme, toujours.