Les hommes et les femmes parlent-ils de politique de la même façon ?
Par Olympe le mercredi 11 mars 2009, 19:18 - Lien permanent
Sous un billet précédent Florent me reproche de tomber dans le stéréotype de genre lorsque j'écris que "les femmes ne parlent pas politique de la même façon que les hommes". Mes propos l'effrayent et il complète ainsi :
- ''Il y a des hommes dont la plume paraît plus légère, et qui n'en abordent pas moins des sujets de fond, des sujets qui façonnent notre vie et que les grands médias considèrent souvent comme mineurs, et qui le font aussi avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision.
- Il y a aussi des femmes qui écrivent au maillet, qui n'ont aucun recul sur les évènements, et surinvestissent les jeux de pouvoir.
- "Si nous voulons poursuivre la construction d'un monde où les hommes et les femmes seraient libres d'être ce qu'ils veulent être", pour te citer, il faudrait commencer par arrêter d'enfermer les gens dans un stéréotype de genre...""
Certes ! il y a certainement des hommes qui écrivent de façon légère et des femmes qui le font avec un maillet. Tout est affaire de statistiques et on ne peut pas généraliser à l'ensemble des hommes et des femmes.
Mais le débat mérite mieux que quelques effets de style. Pour certain(e)s en effet les hommes et les femmes sont en tous points pareils et seule une éducation gendrée les rends différents. Pour eux, prendre en compte ces différences revient à les cautionner et à perpétuer les inégalités.
Pour ce qui concerne l'attitude envers le pouvoir et la politique, sont citées à la barre toujours les mêmes (et pour cause !) : Margaret Tatcher, Catherine de Médicis, Rachida Dati ou désormais Martine Aubry. Elles seraient la preuve vivante que les femmes, quand elles ont le pouvoir, l'exercent de la même façon que les hommes...si ce n'est de façon pire. Ce qui n'est guère surprenant puisque ces femmes là, si elles ont réussi à atteindre les sommets du pouvoir l'ont fait en respectant les règles du jeu en vigueur.
Mon
expérience quotidienne, et j'attends qu'on me présente une étude scientifique
qui me démontre le contraire parceque depuis des années que j'accumule de la
documentation sur le sujet je n'ai pas trouvé ( c'est même l'inverse), me
laisse penser que les hommes et les femmes ( je reconnais que je généralise, il
ne s'agit pas de TOUTES les femmes, ni de TOUS les hommes) n'ont pas les mêmes
façons de fonctionner dans de nombreux domaines et n'ont pas les mêmes centres
d'intérêt .
Cela peut-être inné ou acquis, façonné par la culture et l'éducation ou du aux hormones, ce n'est pas ce dont je souhaite débattre aujourd'hui. C'est juste un constat que je fais.
Et je ne suis pas la seule . Voici quelques phrases relevées dans l'essai récent d 'Isabelle Germain "Si elles avaient le pouvoir..."
"Le privé est politique" disaient les féministes dans les années 70...En France, tant que les femmes n'auront que quelques miettes de pouvoir, le privé restera privé, caché, hors champ."
" Le champ du politique est limité aux centres d'intérêt des hommes qui nous gouvernent "
"ce sont les hommes qui tiennent les cordons de la bourse finançant les médias. Eux qui décident de la hiérarchie de l'information et des angles des sujets. Eux qui disent si telle information mérite une brève ou un dossier. "
"Le quatrième pouvoir est comme les autres. Les femmes n'y sont pas les bienvenues. Lorsqu'elles y parviennent, elles sont priées de se comporter comme des hommes. Elles sont très loin d'atteindre le seuil critique à partir duquel elles pourraient imposer de nouvelles idées et une autre hiérarchie de l'information"
"Les femmes sont minoritaires dans les lieux de décision et les sujets qu'elles abordent considérés comme quantité négligeable"
Alors je maintiens que si on trouve si peu de blogs féminins classés dans la catégorie politique chez wikio (ce qui est un fait et pas un stéréotype), c'est bien parce que les femmes (disons la plupart des femmes) parlent de politique différemment et d'une façon qui n'est pas reconnue comme telle.
Commentaires
Pour ma part je trouve cela tout à fait vrai, en général.
Les citations tirées de "Si elles avaient le pouvoir..." me semblent parfaitement refléter la réalité. (merci, par la meme occasion, de nous donner un aperçu du bouquin, au moins pour moi ce n'est pas très facile de me procurer des bouquins en français).
Mais je pense aussi que la plupart des femmes parlent de politique différemment, et que c'est effectivement une des raisons qui font que leurs blogs n'apparaissent pas dans les classements meme quand en réalité elle en parlent. Elles n'abordent pas non plus les memes sujets, dans l'ensemble à mon avis. Elles ne sont pas nécessairement intéressées, ou moins intéressées par ce qui fait la une des blogs masculins qu'on trouve en tete de ces classement wikio ou autres (auxquels perso je ne me suis jamais intéressée, pratiquement, et si tu n'avais pas soulevé la question, ça n'aurait pas meme attiré mon attention).
Je pense en outre qu'elles abordent les choses sous un angle différent, et que ce qu'elles remarquent est souvent ce que les blogs d'hommes ne relèvent pas ou considèrent tout à fait secondaire. Je n'ai évidemment pas d'exemples précis à fournir, mais c'est mon impression et il y a tout de meme un bon bout de temps que je fréquente la blogosphère, y compris politique.
Le seul exemple que je pourrais donner qui donne une vue d'ensemble à mon avis, c'est celui du groupe "Lieu commun":
http://www.lieu-commun.org/
Bah c'est vite vu: que des hommes. Dans la blogosphère politique, "qui compte", ce sont ce qu'on appelle des blogueurs "influents".Il suffit de les parcourir, ça va du centre-droit bien à droite jusqu'à l'orée de l'extrème-gauche, donc c'est assez transversal, et la chose qui les unitle plus, c'est le "ton".
Un ton "masculin", sur de lui et de son fait, aucune de ces hésitations qu'on trouve très souvent sous la plume des intervenantes, un peu gauche, timide, empruntée quand elles veulent faire une objection pourtant tout à fait valable; vous verrez arriver immédiatement un intervenant sur de lui pour mettre les points sur les i et rappeler qu'il s'agit "de choses sérieuses" (entendez masculines), quand ce n'est pas le propriétaire du blog à rembarrer sans ménagement.
Ah, ah, on va de nouveau soulever des divergences chez les féministes, non ? (ce qui est encore une généralisation, "les féministes", on en a débattu ici même il y a quelques jours) ! Je comprends ce que tu veux exprimer, mais je me méfie comme de la peste du genre de classification auquel de telles réflexions ouvrent la porte. Les hommes ceci, les femmes cela... Les hommes qui viennent de Mars, les femmes de Vénus, ça fait sûrement vendre du papier (pas pour ce qui me concerne, n'ai même pas pris la peine de l'emprunter dans une bibliothèque). Les hommes dans l'action, les femmes dans le verbal, etc. Ce n'est pas forcément complètement dénué de fondement (encore que, mais comme tu l'écris, quelle est la part de l'inné, celle de l'acquis, je divise par Py et je retiens deux, on n'en saura jamais rien).
Finalement, si les femmes parlent autrement de politique, je ne suis même pas sûre d'avoir envie de le savoir. Je ne crois pas que si le monde était davantage dirigé par des femmes il serait meilleur, ni même différent. Il serait "simplement" plus juste.
Perso, ça m'irait déjà bien.
bon, une "pour" Floreal, une "pas pour". oui je sais Frieda que je vais soulever des divergences chez les féministes. mais ça fait partie de mon projet de reprendre les thèmes du féminismes et de les rediscuter parceque depuis 40 ans ce sont toujours les mêmes qu'on entend alors que le monde a changé et les hommes et les femmes aussi. et je pense qu'on peut le faire sans pour autant rentrer dans la catégorie "mars et vénus" .
pour ce qui est de savoir si le monde serait meilleur si les femmes avaient plus de pouvoir, il y a au moins un élément de réponse sur lequel je referai un billet un de ces jours , c'est le rapport de l'UNICEF 2007
Valérie tu vas voir qu'on va finir par être d'accord. "peut être convient il donc d'inventer une nouvelle façon de faire de la politique, non genrée.". il me semble que si chacun (hommes/ femmes pour le sujet qui nous occupe ici) amenait son point de vue, qu'il y avait vraiment échanges on arriverait à une vison des choses partagée dans laquelle chacun pourrait se retrouver avec ses différences . mais actuellement ce sont toujours les mêmes qui imposent leur vision.
bon je sais je suis féministe tendance bisounours.
La présence des femmes en politique par exemple participe souvent d'une volonté de "quota". Genre "ah oui 'faut qu'on foute des femmes".
Regardez la direction du PS : six femmes (sur 40). Je cite de mémoire.
La parité a bon dos.
Au-delà des compétences (Raffarin ou De Villepin étaient sans doute moins compétents que Cresson), je trouve assez bizarre que les femmes soient un "quota", traitées donc comme une minorité (au même titre que les noirs, arabes et homosexuels), présents à ce titre dans un gouvernement (Rachida Dati cumule les deux, en plus d'être incompétente).
Sauf qu'il y a un blème : les femmes ne sont pas une minorité. Je crois même qu'elles sont majoritaires en France.
"Oui les hommes doivent laisser la place... mais les femmes doivent aussi cesser de s'excuser, annôner, être gauche."
Est-ce que ce n'est pas en train de changer ?
Je ne sais pas quelle est la proportion exacte de maires-femmes en France, mais elle n'est pas dérisoire, non ? (ou bien si ? )
C'est facile de lutter contre une inégalité de droits. Enfin, facile, peut-être pas, mais au moins les objectifs sont clairs. Quand les femmes ne pouvaient pas être médecins, ne pouvaient pas voter... On savait quoi dire, demander, exiger. L'égalité en droits est toute neuve, et le regard porté sur l'exercice de professions interdites aux femmes a a changé assez vite. Une personne âgée de, mettons, entre 80 et 50 ans, ce qui représente l'écart d'une génération, aura presque forcément entendu dans son enfance que les femmes ne conduisaient pas bien à cause de leurs nerfs, que jamais on ne se ferait opérer par une femme chirurgien, qu'une femme qui demandait le divorce était une pute, et tout et tout... Il n'y a pas beaucoup de femmes de trente ans qui ont entendu ce type d'arguments, qui ont été élevées avec.
Dans les sociétés à la suédoise, où tout est fait pour favoriser l'égalité hommes-femmes, pourquoi est-ce que ça ne marche pas mieux?
Les hommes doivent laisser la place: et si beaucoup d'hommes ne demandaient que ça, n'étaient pas de parti pris ? Pourquoi assommer maintenant les hommes de bonne volonté qui ne sont pas coupables d'être nés hommes, d'avoir eu envie d'être maire ou sénateur ou député et qui n'ont jamais balancé à aucun noir d'injures racistes ou à aucune femme d'injures sexistes ? Et si on (nous, les femmes) laissions s'arranger entre eux les pitécanthropes indécrottables et les greluches anencéphales? Qu'est-ce qui nous empêche de nous présenter à la mairie de notre village, ou sur la liste de notre ville avec des personnes hommes/ou femmes avec qui l'on a envie de passer du temps à travailler sur des projets politiques (et tout est politique, dès lors qu'on est élu)
Qui empêche qui de faire quoi ? Empêche REELLEMENT ?
Eduquer les femmes à être indépendantes... L'exemple cité par Valérie, oui, bien sûr, qui pourrait ne pas être d'accord ? Et là, il faut convaincre avec des arguments solides, petit à petit, des femmes qui ne veulent pas voir les choses en face. Je pense à la scolarité des filles. Ce n'est pas seulement qu' ON oriente les filles dans des filières "féminines" inefficaces, c'est qu'au moment des choix d'orientation, beaucoup de filles ne VEULENT même pas entendre parler d'autre chose qu'un CAP petite enfance, par exemple. Et si l'on vante à Amélie ou Mathilde les avantages d'un bac pro électricien pour être certaines d'avoir une profession qui leur permettra de bien gagner leur vie tout de suite et partout, il faudra encore les aider à trouver des stages (pas gagné dans le milieu du bâtiment), mais on y arrive avec beaucoup d'énergie. On ne peut pas dire qu'il n'y a rien de fait, les établissements, les Chambres de commerce et d'agriculture, les régions s'investissent, comme on dit, dans des tas de projets. C'est aussi du travail de terrain, de fourmi, de l'éducation familiale, tout ce qu'on voudra.
Par contre, je me gratte le menton (sans barbe, je le jure) quand je lis ce qu'écrit Floréal:
"Un ton "masculin", sur de lui et de son fait, aucune de ces hésitations qu'on trouve très souvent sous la plume des intervenantes, un peu gauche, timide, empruntée quand elles veulent faire une objection pourtant tout à fait valable; vous verrez arriver immédiatement un intervenant sur de lui pour mettre les points sur les i et rappeler qu'il s'agit "de choses sérieuses" (entendez masculines), quand ce n'est pas le propriétaire du blog à rembarrer sans ménagement." Il me semble que le sexisme et la violence verbale soient également partagés par les hommes et les femmes. Je peux me tromper, je vais faire attention aux blogs que je fréquente.
Avons-nous, Valérie et/ou moi, un "ton masculin" ou "féminin"?
J'aimerais bien que Floréal me donne un exemple. Je connais le ton sentencieux, qui me semble sexuellement bien partagé, le ton "débile de première bourre", idem, le ton "skyrockblog", hihihi pétéderirrrrrrrrrr, le ton " j'parle tout l'temps de mes couilles ou de mes seins, approche-toi fillette ou jouvenceau" mais il ne me semble pas que, parlant de politique, à niveau d'expression et d'intelligence (ou connerie) égal, les femmes et hommes s'expriment différemment, dès lors qu'il y a quelque chose à dire.
@Suzanne : avec les femmes maires, on reste dans la politique de base, celle de la gestion des affaires courantes, que l'on laisse si volontiers aux femmes. Bien sûr, la plupart des politiques d'envergure ont aussi été maires, mais généralement députés-maires, sénateurs-maires, déléguant justement pas mal de leurs affaires courantes de maire. Ce qui empêche RELLEMENT à mon sens, c'est un conditionnement qui incite les femmes à ne pas négocier, à ne pas revendiquer, comme le souligne Valérie ("le point sur lequel on n'a pas bossé").
Une femme maire on lui dira : "mais ta famille, comment tu vas faire, si en plus tu te présentes aux législatives, qui gardera les enfants quand tu seras à l'Assemblée ?". Un homme maire n'entendra jamais ce discours-là. L'article de ELLE de cette semaine consacré au féminisme laisse entendre que quand on aura bougé professionnellement, le reste suivra à la maison. Je suis persuadée du contraire. Il faudrait que ça bouge sur le partage des tâches, toujours si inégalitaire, pour que ça bouge à très haut niveau. Et là, on n'est pas sorties de l'auberge...
@Valérie : moi aussi, parfois, je suis tentée par le coup de pied aux fesses :-)
Frieda: tu vas me trouver embêtante, mais si on reste bloqué dans ce type d'argument (qui n'est pas faux, enfin, je suis bien d'accord en tout cas), on n'avancera pas ! on se contentera de réclamer, de pinailler, de pleurnicher, de se victimiser.
"Une femme maire on lui dira : "mais ta famille, comment tu vas faire, si en plus tu te présentes aux législatives, qui gardera les enfants quand tu seras à l'Assemblée ?". Un homme maire n'entendra jamais ce discours-là."
Alors, la faute viendrait de ceux qui tiennent ce discours ou de celles qui l' écoutent?
Et si on décidait de ne pas l'écouter ?
C'est un cercle vicieux, non ?
Encore une fois, pourquoi, dans les pays les plus avancés dans les aménagements maternité-travail, n'y a-t-il pas plus d'implications des femmes dans les affaires de l'Etat, dans la vie politique ?
Je ne sous entends rien, et surtout pas d'arguments du type "c'est la nature, les femmes n'aiment pas le pouvoir"
Valérie:
Je n'ai aucune expérience des forums de mamans, et ça ne me manque pas, mais je te crois sur parole :)
Bah, moi aussi, je l'ai critiqué, le vendredisexisme. J'ai même critiqué, avant, les articles (et le principe de non mixité, mais surtout les articles) du blog-forum "femmes engagées".
Ben le résultat ne s'est pas fait attendre: censure et insultes, et commentaires sexistes du type "va t'acheter une culotte-gaine. Seulement, il se trouve que ces insultes venaient de femmes et pas d'hommes. C'est pour ça que les questions de langage hommes-femmes dans les blogs, et surtout dans les blogs où l'on cause de féminisme, ça m'intéresse. Je ne ramène pas non plus le féminisme en général à quelques personnes particulières, mais je n'ai pas vu, autour de la création de ce collectif et du numéro spécial de Vendredi de remarques type "tu as un vagin donc tu vas dire des conneries" .Ce peut-être étymologiquement parlant, exact, d'ailleurs, si on réfléchit au mot "con", héhé.
Je refuse l'idée qu'une femme parle de son vagin, comme celle d'un homme parle de ses couilles. Je ne veux pas qu'on me traite comme une petite chose sujette à des mouvements d'humeur du fait de ses pauvres hormones, ou de dix mille ans de soumission au machisme. Si j'écris quelque chose de crétin, je veux qu'on me dise que ce que j'écris est crétin, pas que je suis une salope ou une pute, sinon, il n'y a aucune espèce de discussion, ou même de conflit intéressants, possibles.
.... et je me relis et précise "je refuse l'idée qu'une femme parle de son vagin": comprendre "du point de vue, à partir ou influencée par"
Sinon, pour le partage des tâches ménagères:
Aucun projet de loi ne modifiera cet état, mais déjà, prendre conscience, discuter, c'est bien, non ?
@Suzanne : la faute incombe tout autant à ceux/celles qui tiennent le discours qu'à ceux/celles qui l'écoutent. Et qui sont parfois les mêmes. Certaines femmes placent leur honneur dans le fait de tenir à merveille leur maison, de ne jamais laisser sortir leur mari sans une chemise impeccablement repassée. Ca existe encore. Parce que c'est le pré carré que les hommes et la société leur laissent volontiers, et à elles seules, une occasion d'avoir enfin la jouissance exclusive d'un domaine d'excellence. Même quand on n'a pas été précisément éduquée à ce genre de tâche, les stéréotypes ont la vie dure, ainsi que le raconte Valérie quant au passage du balai chez elle par son copain.
@Valérie : concernant les forums, le processus est le même dans les deux "camps", et reflète le fait que les tâches dites "féminines" sont dévalorisées par rapport au tâches dites "masculines". Du coup l'homme est accueilli comme le Messie chez les mamans...
Frieda :
"Certaines femmes placent leur honneur dans le fait de tenir à merveille leur maison, de ne jamais laisser sortir leur mari sans une chemise impeccablement repassée. Ca existe encore."
Mais certaines femmes aussi placent leur honneur (ou je ne sais quoi de prioritaire) à courir les soldes là où Elle ou Biba ont dit qu'il fallait les courir, à dénicher CE modèle de bottes anglaises, à se coiffer comme telle ou telle artiste, se pulper les lèvres et se dépulper les hanches, ce n'est pas moins contraignant, comme soumission aux stéréotypes, non ?
Parler de politique, c'est parler publiquement. Pas forcément sérieusement, avec un langage militant somnifère, mais pas sur le ton de la confidence, de l'intime. Le ton "politique de bistro" est volontiers masculin, grivois, conflictuel, marrant. Le ton "les femmes et la politique" est volontiers confident, personnel, indigné, passionnel et susceptible. Je parle des blogs "tout venant", pas des blogs ou sites de personnes engagées dans la vie politique, qui s'adressent à leurs élus et rendent compte de cet engagement. Stéréotypes encore ? Je peux donner des exemples...
Et, pour commenter encore le dernier paragraphe d'Olympe, je crois qu'il y a des blogs politiques qui donnent envie qu'on les lise, et qu'on y participe, et d'autres non. Si des blogs politiques tenus par des femmes, dont la pertinence des articles, les qualités de rédaction n'ont rien à envier à d'autres tenus par des hommes, à chacun(e) de les montrer, d'y participer, de les citer, de les lier... le plus naturellement, banalement possible.
Et merci à Olympe de rendre ce débat possible.
Bonjour, et merci pour cette réponse à mon interrogation.
Je relance, certes, un vieux débat interne du féminisme, qui n'a jamais été totalement tranché.
Antoinette Fouque ou Simone de Beauvoir ?
La question mériterait mieux qu'un ping-pong via des commentaires, et, en tant qu'homme, je ne me sentirais jamais totalement légitime à formuler une opinion sur la question.
Je reste cependant convaincu que l'essentialisme, sauce "Psych et po", est presque contradictoire avec le combat féminisme tel que je le perçois... Et tel que je le reconnais dans le texte que publié le 8 mars (proclamez vous féministes).
Après, oui, en tant que constat statistique, aujourd'hui, majoritairement, le regard des femmes sur la politique, par exemple, est différent de celui des hommes. Parce que la politique reste un domaine très clairement phallocratique.
C'est tout l'enjeu du constat que tu fais :
> Mon expérience quotidienne (...) me laisse penser que les hommes et les femmes (...) n'ont pas les mêmes façons de fonctionner dans de nombreux domaines et n'ont pas les mêmes centres d'intérêt .
> Cela peut-être inné ou acquis, façonné par la culture et l'éducation ou du aux hormones, ce n'est pas ce dont je souhaite débattre aujourd'hui. C'est juste un constat que je fais.
Précisément : les hommes et les femmes, dans notre société, "fonctionnent différemment".
Il me semble, mais, encore une fois, je peux me tromper, que l'essence du combat féministe, c'est justement de transcender cela.
De dépasser le côté "la place de la famme est à la maison", "l'homme est infidèle, c'est normal, c'est un homme", etc, etc...
On ne nait pas femme, on le devient...
Ah, pardon, encore une chose :
Tu conclus par
> Alors je maintiens que si on trouve si peu de blogs féminins classés dans la catégorie politique chez wikio (ce qui est un fait et pas un stéréotype), c'est bien parce que les femmes (disons la plupart des femmes) parlent de politique différemment et d'une façon qui n'est pas reconnue comme telle.
Je suppose, bien au contraire, qu'elles sont contraintes de parler différemment.
Emelire
Comment font les femmes qui y arrivent, alors ? Celles qui savent se faire entendre et respecter ? Autant chez les femmes tout en bas, les militantes de base que chez celles qui prennent des responsabilités, jusqu'aux plus hautes ?
Si TOUS ("ils") les hommes bavardent quand tu parles, peut être est-ce parce que tu ne dis rien d'intéressant ? que tu ne le dis pas bien ? tu as envisagé cela ?
Suzanne à propos des maires le site de l'observatoire de la parité donne le chiffre http://www.observatoire-parite.gouv... : 35,0 % des conseillers municipaux et 13,8 % de l'ensemble des maires,et de mémoire il y a 3 femmes maires dans les 20 plus grandes villes de France
Suzanne je suis assez d'accord avec l'idée que l'absence des femmes dans les lieux de pouvoir est du en partie à leur comportement. Les femmes ne se mettent pas en avant, alors que les homme n'hésitent pas à jouer des coudes. elles pensent effectivement à concilier avec leur vie privée etc... (et c'est pour cette raison que je milite pour que les hommes s'investissent dans la vie familiale, ils en ont envie pour ce qui est des enfants, beaucoup moins pour les taches ménagères). j'ai été conseillère municipale de mon village. je pronais une liste paritaire mais nous n'avons pas réussi à trouver suffisamment de femmes, elles refusaient parcequ'elles n'avaient pas le temps, parcequ'elles ne se sentaient pas capables etc...mais ils faut dire aussi qu'on ne pardonne pas beaucoup les erreurs des femmes, beaucoup moins que celles des hommes
Florent, je suis d'accord avec Emelire, pourquoi les femmes parleraient elles sous la contrainte ? C'est accorder bien peu de crédit à une parole différente et si c'étaient les hommes qui parlaient sous l'injonction culturelle de devoir être le plus fort ? j'adule Simone de Beauvoir, mais il ne s'agit pas pour moi de revendiquer de devenir pareille qu'un homme .
Ah mais soyons clairs - les hommes aussi sont "contraints" à un stéréotype de genre -infiniment plus confortable, parce que c'est le modèle dominant, ceci dit.
L'enfermement essentialiste en est un pour les femmes comme pour les hommes.
Il ne s'agit certainement pas de revendiquer une masculinisation des femmes, juste de dépasser la division sexuée des rôles.
On ne nait pas homme non plus, hein.
Pour une fois, qui n'est pas coutume, je suis d'accord avec Valérie, qui a répondu explicitement à Suzanne ce que j'aurais à peu près répondu moi-meme, ce qui m'a aussi éviter de le faire, merci. D'autant que je n'en mourrais pas d'envie; c'est un peu lassant de devoir toujours répéter des choses qu'on supposerait assimilées depuis des décennies, surtout chez les jeunes générations.
Moi par contre je n'ai aucune question à poser à suzanne, juste une constatation à faire au sujet de son intervention:
- #10 "Avons-nous, Valérie et/ou moi, un "ton masculin" ou "féminin"?
J'aimerais bien que Floréal me donne un exemple. Je connais le ton sentencieux, qui me semble sexuellement bien partagé, le ton "débile de première bourre", idem, le ton "skyrockblog", hihihi pétéderirrrrrrrrrr, le ton " j'parle tout l'temps de mes couilles ou de mes seins, approche-toi fillette ou jouvenceau" mais il ne me semble pas que, parlant de politique, à niveau d'expression et d'intelligence (ou connerie) égal, les femmes et hommes s'expriment différemment, dès lors qu'il y a quelque chose à dire."
# 18 "Le ton "politique de bistro" est volontiers masculin, grivois, conflictuel, marrant. Le ton "les femmes et la politique" est volontiers confident, personnel, indigné, passionnel et susceptible. Je parle des blogs "tout venant", pas des blogs ou sites de personnes engagées dans la vie politique, qui s'adressent à leurs élus et rendent compte de cet engagement. Stéréotypes encore ? Je peux donner des exemples..."
> Suzanne où l'art d'affirmer une chose et son contraire, en meme temps sur la meme page àseulement 8 comm. de distance, faut le faire...
Cela me fait douter de sa bonne foi. Une manière de tourner autour du pot, de chercher à dire quelque chose sans le dire, et je me demande bien quoi. Ou plus exactement je me l'imagine...
Merci Olympe pour cet article. Je crois qu'effectivement il nous faut parler de politique et moins de nos enfants, notre conjoint, nos problèmes de couple... etc. Les femmes n'ont pas fini de muter (il leur faut à elles aussi, autant qu'aux hommes, accepter d'évoluer) : lâcher leurs chers "privilèges", leur chère "maternité". Nous aurons des mères moins intrusives, moins possessives... car plus libres. Nous aurons moins de mâles dominants socialement, car eux aussi vont se mettre à s'occuper de leurs enfants. La politique sera différente, le discours masculin sera différent, parce que nous aurons tous changé.
J'ai lu "Si les femmes avaient le pouvoir" : quel beau travail de recherche ! quelle mine d'informations. Merci à "La muse agitée" de me l'avoir envoyé. Le constat est juste. Le chemin reste à faire. Changer, nous le devons, tous, hommes et femmes.
L'humain sera de toute façon différent de ce que nous sommes aujourd'hui.
Floreal:
"c'est un peu lassant de devoir toujours répéter des choses qu'on supposerait assimilées depuis des décennies"
Tu n'envisages pas que ce qui te semble évident à toi ne le semble pas aux autres ? Qu'on ne partage pas tes opinions, tes analyses ou qu'on te contredise?
Pour préciser, sans tourner autour du pot:
Dans les sites et forums politiques ( sites type "les socialistes de la circonscription de Saint Machin", ou généralistes comme "Riposte Laïque") je ne vois pas de différence de parole, de façon de parler, d'argumenter si on compare les hommes et les femmes.
Je ne tiens pas à démontrer que j'ai raison, et nous sommes d'accord sur un point au moins (enfin je crois): la politique est une chose trop sérieuse pour qu'on la laisse aux hommes seulement. J'ai failli dire en plus "on ne rate pas la mayonnaise quand on a ses règles, ni une campagne présidentielle parce qu'on est une femme", mais ça faisait un double point, et j'ai l'impression que tu n'as pas envie de rigoler du tout.
Et, Floréal, je ne crois pas que je me contredise.
Je mets d'une part les blogs ou sites politiques intelligents, "sérieux", correctement rédigés, dans lesquels je ne vois pas de différence entre hommes/femmes, et d'autre part les blogs "tout venant" où l'on parle aussi de politique. Dans ces derniers, blogs persos, la façon qu'on a de traiter les sujets politiques est, à mon avis, différente et sexuée.
Je parlais de forums et de blogs et d'interventions des femmes sur des blogs politiques, tenus par des hommes et à majorité masculine.
"Riposte laique" est un magazine, entre autre d'orientation féministe où s'exprime des féministes, comme Annie Sugier ou Michèle Vianès. Il est donc normal que les femmes s'expriment sans détours et qu'il n'y ait pas une différence de parole, ce serait le contraire qui serait étonnant.