Les représentations des femmes dans les manuels de seconde : 1/ comme objet de désir
Par Olympe le mardi 29 novembre 2011, 18:00 - Lien permanent
Le Centre Hubertine Auclerc vient de publier une édifiante étude sur la représentation des femmes dans les manuels d'histoire de 2nde et de CAP.
Conclusion : on est pas sorties des ronces !
L'histoire présentée est celle de la moitié masculine de la société. De nombreux manuels n'hésitent pas par exemple à parler de "suffrage universel" alors que ce suffrage n'a été longtemps universel que pour les hommes et excluait les femmes. La participation des femmes n'est que peu mentionnée, même quand elle a été importante comme c'est le cas lors de la Révolution Française, et quand elle l'est c'est de façon annexe.
L'étude note que les livres destinés aux élèves de CAP font une part bien meilleure aux femmes que ceux des élèves de secondes générales ou technologiques.
Exemple N°1 :
Les femmes représentées dans les manuels, aussi bien dans les documents iconographiques que textuels, sont le plus souvent représentées à travers le prisme d’un désir stéréotypé des hommes qui définissent, peignent ou dessinent les femmes.
Ainsi, l’étude de la Renaissance dans les manuels accorde une place importante aux représentations de femmes-allégories de la beauté. La nudité, l’érotisme s’imposent comme attachée à la figure même de « la » femme. Ces documents pourraient être pleinement exploités si les manuels amorçaient une réflexion sur la représentation de la beauté et du corps féminin à la Renaissance. Mais il n’en est jamais question.
Le traitement du thème « Sociétés et cultures de l’Europe médiévale du XIème, au XIIIème siècle » permet de relever trois représentations stéréotypées des femmes au Moyen-âge : la femme pécheresse et tentatrice, la vierge, la dame de l’amour courtois.
On connait bien le thème de la femme pécheresse puisque, comme chacun sait, tout les problèmes de l'humanité proviennent de cette Eve qui n'a pas su résister à une pomme.
La dame de l’amour courtois, largement représentée dans les manuels, constitue elle aussi une représentation stéréotypée des femmes.
On peut aussi noter l’omniprésence de la virginité et de son caractère sacrée. Objets du désir des hommes et représentées par le prisme de ce désir,les femmes vierges sont ainsi montrées en exemple et sacralisées à travers la figure sainte de la vierge Marie. Cette sacralisation de la virginité non analysée dans les manuels, est pourtant largement représentée. Ainsi les textes sur la virginité et les représentations de la Vierge Marie sont nombreuses. Il est cependant dommage qu’un tel aspect de la culture et des sociétés au Moyen-âge ne soit pas porté davantage à la réflexion des élèves. D’autant que dans la plupart des manuels, la lecture du chapitre consacré à la chrétienté médiévale nous donne le sentiment qu’il n’y avait aucune chrétienne, à part la Vierge Marie.
Et, ça n'a pas grand chose à voir mais j'ai justement découvert récemment, grace à @chouyo, d'autres façons de représenter la Vierge.













Commentaires
A part Jeanne d'Arc, loin d'être une allégorie de la beauté (mais qu'on appelle encore pucelle), c'est bien vrai. Les comportements machistes sont encore fréquents à un âge où on sort de l'adolescence. Le mélange des genres au lycée, c'est pas pour demain :-)
L'histoire est faîte par les vainqueurs. Et donc la société "machiste", est celle qui nous a gouverné depuis longtemps. Il est donc normal que les femmes soient représenté telles que la société des hommes les a vues.
Maintenant, vous nous parlez de clichés, mais en quelques groupes, on représente la majorité des comportements de l'époque. On ne peut pas parler dans un manuel scolaire de toutes les tendances et surtout pas de celles qui ne représentent qu'un faible pourcentage de la population.
Maintenant, vu qu'on parle de féminisation et d'école, je signale au passage que les femmes trustent une grande partie des places de professeurs.
Mon fils qui est en 2° justement, n'a que 25% d'hommes. Je me souviens qu'à mon époque c'était déjà le cas.
Toutes ces femmes ne sont pas aptes à modérer et expliquer ces livres?
Il me semble que c'est à cet age où l'on apprend aux jeunes à réfléchir par eux-même.
Comme le disait K.G Jung, "Dans notre culture judéo-chrétienne, la femme n'a pas de représentante au parlement d'en haut" . Il a fallu attendre l'an 400 pour que la vierge soit admise comme représentation du féminin. Mais comme on le sait, elle ne présente que la partie lumineuse du féminin, maternante, pure, consolatrice etc...Toute frêle, elle interpose pourtant son manteau bleu entre les pauvres pêcheurs et la colère divine! Elle intercède et plaide, et pardonne.... Qu'en est-il de l'aspect sombre, chthonien, la face sexuée, charnelle, matérielle, créatrice, la puissante face du féminin, image de la Nature elle-même? Eh bien cette face là n'ayant pas de référent dans une divinité, se trouve tout naturellement projetée...sur les femmes! Voilà comment ont été brulées tant de "sorcières", tout simplement des supports de projections de l'"Ombre" du féminin, rejetée et déniée par la culture. Voilà comment prend racine au coeur même de nos croyances induites, l'éviction des femmes...
Merci à Olympe de référencer quelques fois mes articles ;-)
Article amusant dans libé:
Pas de sexe durant le mariage? Le mari doit payer des dommages et intérêts
(lien sur ma signature)
J'ai été prof de latin au collège et comme le disait Scoerpix, bien sûr que je modérais les représentations de femmes des tableaux classiques.
Mais on n'a pas toujours le temps !
Et les élèves ne sont pas attentifs pendant toute l'heure de cours.
J'avais quand même pris le temps de leur faire apprécier la représentation de Lucrèce par Le Titien (où elle est habillée et "digne") par rapport à d'autres tableaux, où les monsieurs peintres aimaient bien systématiquement montrer le sein nu dans lequel elle plonge son poignard.
(la compensation pour les filles était "L'Enlèvement des Sabines" de David, où les femmes sont vêtues et les hommes tout nus - canon de l'athlète grec olympique.)
Mais il y a tant à faire... Quand je me suis servi des symboles mâle/femelle en cours, les élèves m'ont dit qu'ils les connaissaient déjà, parce que leur prof de biologie leur avait expliqué que les garçons ont le symbole avec la quéquette en l'air.
J'ai eu toutes les peines du monde à les convaincre qu'il ne s'agissait pas de symboles sexuels, mais de la lance de Mars et du miroir de Vénus, au départ utilisés pour symboliser les planètes du système solaire, puis pour désigner les hommes et les femmes.
Tout ce que font les proffes femmes ne sert à rien, si le reste de la société continue à avoir un discours machiste !