De nouvelles organisations du travail....
Par Olympe le lundi 7 novembre 2011, 19:42 - Lien permanent
De nouvelles organisations du travail conciliant égalité femme/homme et performance des entreprises c'est le titre d'une note d'analyse que vient de remettre le Centre d'Analyse Stratégique; institution tout ce qu'il y a de plus officielle placée près du 1er ministre (et pas plus paritaire que le reste de la fonction publique).
Quelques page, qui reprennent nombre d'études publiées en France et dans le monde. Loin d'une quelconque langue de bois elles déménagent !
Les horaires,mais aussi l'organisation du travail en général, sont évoqués sous l'angle de l'égalité femmes/hommes mais on sent bien à la lecture de la note qu'ils sont au coeur de bouleversements profonds dans la façon dont les gens conçoivent leur vie, leur travail. Ces bouleversements ont à voir avec les nouvelles technologies, internet et les réseaux sociaux, ils ont à voir aussi avec de nouvelles façons d'envisager les relations employeurs/salariés.
Le CAS part du constat qu'il y a consensus aujourd'hui pour dire que l'inégale répartition des taches familiales et domestiques a une influence sur la représentation des rôles parentaux et professionnels. D'une part parceque le temps consacré à la famille concurrence directement le temps consacré au travail, d'autre part parce que la charge mentale des activités domestiques pèse sur les femmes et induit un sentiment de culpabilité pour celles qui travaillent.
Alors même que les études montrent que hommes et femmes aspirent à davantage s’investir dans l'éducation de leurs enfants.
Les aménagements horaires sont considérés par les salariés français comme les plus favorables à cet objectif de conciliation, au contraire des congés parentaux longs ou des temps partiels pénalisants pour les carrières.
Les entreprises ont intérêt à y réfléchir car "une organisation permettant une conciliation travail/hors-travail contribue à créer un environnement permettant une implication importante des salariés : la logique de flexibilité y est à la fois bénéfique pour l'employé et utile à l'entreprise".
Parmi les propositions les plus remarquables du CAS on peut noter celles-ci, qui nécessitent de lutter contre le stéréotype du présenteisme (c'est à dire l'idée que plus on passe de temps au boulot plus on abat de travail)
- le partage de poste (job sharing) y compris pour les cadres. Cela consiste à faire occuper un poste à plein temps par une équipe de 2 personnes.
- l'abandon de la référence horaire et spatiale du travail en se focalisant sur le résultat obtenu. Ce type d'organisation repose sur une grande autonomie des employés et existe déja dans certaines entreprises internationales dont les équipes sont réparties sur 2 ou 3 continents.
- des dispositifs associant télétravail, et horaires flexibles. Comme par exemple la semaine compressé pour les parents qui partagent la garde de leurs enfants et peuvent travailler beaucoup la semaine où ils sont seuls pour bénéficier d'horaires allégés la semaine où ils ont la garde des enfants.
Le CAS propose de commencer par mettre en place des dispositifs exemplaires dans certains services de la fonction publique, y compris dans la haute fonction publique.
Un rapport qui a le mérite d'élargir la réflexion bien davantage que n'osent le faire habituellement les partenaires sociaux.
Cependant, si il faut travailler plus pour gagner plus tout cela ne sera que coup d'épée dans l'eau.
Commentaires
Sauf que le télé travail c'est hautement nuisible à la vie sociale et que ça fait rentrer le boulot à la maison :(
Et bien sûr le partage des postes... ça me fait rire quand on sait qu'un cadre bosse facilement 50h par semaine. Que le dernier ingé qui m'a parlé de sa charge de travail a avoué avoir fait 65h par semaine pendant deux semaines d'affilée, le tout en présenciel et exigé par les top manager... ça fait combien un mi-temps avec ces bases là ?
Chère Olympe,
C'est la première fois que je poste un commentaire et pourtant je suis ce blog assidûment depuis déjà deux ans. J'y apprends beaucoup tout comme dans votre livre que j'ai acheté et lu goulûment.
Je vis en fait en Suède depuis 12 ans et même si le plafond de verre existe toujours dans le milieu du travail, c'est un des pays où la parité est la plus développée.
Et l'étude du CAS décrit en fait pour moi une évidence car c'est la description de ma journée de travail en Suède. Aménagement horaires adaptés pour les hommes comme les femmes qui des jeunes enfants, possibilités de travailler à distance...
C'est un mode de travail que je souhaite se répendra aussi en France bientôt.
Merci pour ce blog et pour votre livre.
En tant que cadre, je m'interroge sur l'abandon de la référence horaire.... On connait déjà les effets pervers du "forfait jour" qui est sensé se focaliser sur le résultat obtenu mais qui au final permet aux patrons de fixer des objectifs irréalisables dans un temps de travail normal et fait ramener du travail à la maison, ou fait rentrer à des heures impossibles le soir. Et mon expérience personnelle me laisse penser que globalement les hommes sont moins enclins à poser des limites à leur supérieur, d'où le serpent qui se mord la queue...
Et même quand tu n'as pas de gosses, il ne faut pas que ça devienne un prétexte pour faire des heures pas possible. Moi j'aspire à faire autre chose de ma vie : loisirs, amis, appart... et pourtant j'aime mon boulot mais je ne veux pas y passer ma vie.
Le culte du présentéisme, c'est franco-français, et c'est insupportable.
Et même quand tu n'as pas de gosses, il ne faut pas que ça devienne un prétexte pour faire des heures pas possible. Moi j'aspire à faire autre chose de ma vie : loisirs, amis, appart... et pourtant j'aime mon boulot mais je ne veux pas y passer ma vie.
Le culte du présentéisme, c'est franco-français, et c'est insupportable.
Vouloir répartir entre plusieurs personnes le travail des cadres est utopique.
Un cadre qui bosse 60 heures par semaine, si on divise par deux, ça ne donne pas deux postes de 30 heures.
Ca donne au moins deux postes de 35 heures, parce qu’à chaque alternance, celui qui prend le relais doit aussi prendre le temps de faire le point et s’informer de l’évolution de la situation durant son absence.
Pour un travail à la chaine, une fois que l’OT est formé, le passage de relais se fait en une seconde.
Mais plus la personne doit gérer un environnement complexe et fluctuant (ce que font les cadres) plus le relais aura besoin de temps pour se mettre à jour.
Et puis c’est toujours le principe du handicap. On cherche à handicaper les hommes sur leurs points forts, comme dans la nouvelle de Kurt Vonnegut.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Harris...
Les femmes qui veulent que leur conjoint s’investisse davantage dans l’éducation des enfants doivent s’y prendre en amont, dans le choix du conjoint.
On ne peut pas d’un côté vouloir fonder une famille avec un « fonceur », ambitieux et plein d’avenir, qui apporte des garanties financières, et ensuite pleurnicher parce qu’il ne se métamorphose pas magiquement en papa poule après la naissance du premier enfant.
Les femmes ont leur destin en main. L’état n’a pas à se mêler de ces affaires.
J'aime vraiment mon boulot mais je m'occuperai toujours aussi bien de mes enfants et prendrai toujours autant de temps pour les chérir et faire des loisirs avec eux. Je ferai toujours passer ma famille avant mon travail ça c'est certains !
Venise,
Certaines de vos remarques méritent d'être approfondies:
"Vouloir répartir entre plusieurs personnes le travail des cadres est utopique" En êtes-vous sûre? J'ai une amie cadre qui travaille en "job sharing" (certes pas en France) et qui trouve que ca fonctionne à merveille. Je ne lui ai jamais demandé les détails quant à comment elle et sa collègue gèrent, mais à priori ca marche aussi pour certains emplois de cadre.
Quant à l'idée d'handicaper les hommes, qu'est-ce qui vous fait dire ca? Voulez-vous dire que les hommes seraient meilleurs au travail à l'extérieur que à la maison. Et les inciter à passer plus de temps à la maison n'est qu'une facon de les handicaper? Si c'est ce que vous pensez, je vous conseille de lire l'article suivant sur la différence entre le sexe et le genre. http://antisexisme.wordpress.com/20...
Et je vous conseille de lire le livre d'Olympe aussi.
Rien de la note d'analyse du CAS n'est impossible. Ca existe ailleurs qu'en France et ca marche. Les Francais seraient-ils si différents?
@ Rachel
"En êtes-vous sûre?"
Si le secteur est compétitif, oui.
Il y a plein de métiers où il faut ingérer sans cesse de nouvelles informations. Plus on passe de temps à travailler, plus on est performant.
Par exemple si l'on est journaliste, il est crucial de passer du temps avec les acteurs du domaine dont on suit l'actualité. On peut apprendre des choses essentielles n'importe où, lors d'un déjeuner, dans le bus lors d'un trajet, dans un bar après le match.
Un journaliste qui veut se la jouer fonctionnaire sera forcément largué par rapport au passionné capable de tisser des vrais liens avec ses sources.
Vous ne voulez pas "inciter" comme vous l'écrivez, mais imposer d'en haut par des lois.
Empêcher des passionnés de travailler 60 heures par semaine est infaisable (sauf à équiper les gens de bracelets électroniques et surveiller leurs connections internet) mais c'est aussi s'engager dans la voie décrite par Vonnegut: on cherche à handicaper les plus performants en leur mettant des batons dans les roues.
L'état n'a pas à s'immiscer dans la vie privée des gens. Ce n'est pas à l'état d'intervenir pour que monsieur participe plus aux tâches ménagères.
C'est pas sorcier de voir quels hommes ont une vocation de papa-poule et quels autres seront obnubilés par leur carrière. C'est aux femmes de savoir ce qu'elles veulent.
Des discussions sur le télétravail qui tombent à l'eau dans mon entreprise car ils y voient un moyen pour "les bonnes femmes" de faire du 4/5iè en se déclarant en télétravail le mercredi et en faisant semblant de bosser ! Merci la confiance !!!
Je travaille, en Suisse, pour une boîte d'Europe de l'Est où tu te dois d'être devant ton ordi en train de bosser 10 min. avant l'heure supposée et où il faut demander la permission expresse du patron pour partir 10 min. plus tôt à cause d'un rendez-vous médical. (je ne te parle même pas de prendre 5 min. pour boire un café avec une collègue à la cafète: il n'y en a pas). Va leur parler de télétravail et de flexibilité! :D
Par contre, le bon côté c'est que tu ne fais pas d'heures sup'. Jamais. (sauf en cas de crise, soit 2-3 fois par an, et encore, on parle d'une heure max)